[Billet d'humour] Bien le bonjour d'oncle Deng
Nen avons bien profité, des largesses du petit fabricant de semelles chez Hutchinson: aller en Chine chercher des produits à bas coûts, cela a longtemps été une aubaine - et cela continue de l'être, même s'il faut parfois se pincer le nez et... y renoncer, dans certains cas.
Je m'abonneParlons un peu de notre camarade Deng : un jeune chinois débarqué en France dans les années 1920 et qui, pour gagner sa vie, fabriquait en intérim des semelles de chaussures chez Hutchinson. Le contremaître l'y avait noté sévèrement : "ne pas reprendre". Quelle clairvoyance ! Eh oui, nous parlons bien de Deng Xiaoping, que les Chinois appellent encore "Oncle Deng".
Alors, qu'est-ce qu'Oncle Deng a bien pu faire à l'époque, une fois revenu en Chine, en n'ayant même pas les moyens de s'acheter des chaussures dont il avait fait les semelles ? Deux ou trois bricoles, comme la Longue Marche, par exemple, et l'indépendance de la Chine. Plusieurs fois menacé de purges par Mao, et évitant tant l'épouvantable "Grand Bond en Avant" que la non moins épouvantable "Révolution Culturelle" (où son fils deviendra paraplégique), il attendait tranquillement son heure. Deng était loin d'être un petit saint, comme on s'en souviendra hélas bien longtemps à Tian'anmen.
Lorsqu'il accéda au pouvoir en Chine, "Oncle Deng" décida de faire de la Chine l' "usine du monde". Adieu la théorie, vive la pratique : "peu importe qu'un chat soit blanc ou noir s'il attrape la souris". Vive les privatisations (raisonnées) : "enrichissez-vous !".
"Oncle Deng" est décédé depuis plus de vingt ans maintenant. Quand il était enfant sous la dynastie Qing, la Chine était ravalée au rang de puissance de second ordre. A sa mort, elle était devenue l' "usine du monde", et sans doute encore beaucoup plus que ça maintenant.
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Nous autres acheteurs, nous en avons bien profité, des largesses du petit fabricant de semelles chez Hutchinson: aller en Chine chercher des produits à bas coûts, cela a longtemps été une aubaine - et cela continue de l'être, même s'il faut parfois se pincer le nez et... y renoncer, dans certains cas.
Mais les faits sont têtus : en un peu moins de 100 ans, la Chine est devenue incontournable, et ré-attaque maintenant les routes de la soie.
Alors, une question que Firmin pose aux apôtres de la relocalisation, qui n'ont, pour certains, pas dépassé les limites du périph : s'il a fallu 100 ans pour le pays le plus peuplé de la planète pour se réindustrialiser, et en "produisant" un million d'ingénieurs par an, combien nous en faudra-t-il à nous ?
Bien le bonjour d'Oncle Deng : "ne pas reprendre" !
Par Firmin de Montalembert.... un directeur achats Groupe anonyme, qui dissimule généralement son espièglerie sous un masque de grand sérieux
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