[Billet d'humour] La Starmania des success fees
J'eus l'illumination : pourquoi, dès lundi matin, je n'achèterais pas tout aux "success fees" ? Ben oui, on a tout un tas de prestataires qui proposent de réduire les coûts d'achats uniquement en se rémunérant sur les bénéfices. Franchement, pourquoi s'en priver ?
Je m'abonnePour citer la chanson de Starmania : "J'ai du succès dans mes affaires, J'ai du succès dans mes amours"... Chanson célèbre reprise par Céline Dion, célèbre interprète de Couillu-le-Caribou, un de ses plus grands succès mondiaux. Mais bon sang, pourquoi est-ce que je vous parle de ça, mes ami(e)s ?
Ça y est, vous allez encore penser que je vais redevenir sérieux et technique sur les achats. Que nenni! Figurez-vous au contraire que, chez les Montalembert, le dimanche matin, on fait la grasse matinée. Et là, au réveil, c'est très compliqué : quand je demande un petit câlin à madame, elle me répond "prépare-moi déjà un bon petit déjeuner au lit, et on verra après". Là, je sors de la maison en peignoir, et je vais jusqu'à la boulangerie chercher des croissants. Mon boulanger, un entrepreneur épatant, a eu une idée géniale : si le croissant est bon, on ne paie pas le même prix que s'il est rassis !
Revenant à la maison, et me préparant déjà à mes câlins post-croissants, j'eus l'illumination : pourquoi, dès lundi matin, je n'achèterais pas tout aux "success fees" ? Ben oui, on a tout un tas de prestataires qui proposent de réduire les coûts d'achats uniquement en se rémunérant sur les bénéfices. Franchement, pourquoi s'en priver ?
Fi du croissant rassis : à moi, veaux, vaches, cochons, l'occasion était trop belle ! Mais pour certains de ces prestataires, qui doivent eux aussi se lever tôt le dimanche matin, ils ont déjà bien cogité la question. Tout est dans l'expression : "le pourcentage des économies".
Ah bon ? Quelles économies, alors ? Celles que qu'ils auront suggérées, ou celles que nous aurons acceptées ? Celles auxquelles nous avions déjà pensé, ou celles qu'ils auront amenées ? Au moment où elles seront constatées dans les comptes, ou au moment où elles auront été contractualisées ? Et sur quel budget on va les financer ? Et puis, si les fournisseurs reviennent dessus, vous allez nous rembourser ? Et d'ailleurs, comment on les mesure ? Facile de faire des économies sur des marchés comme les télécoms, où la prestation augmente sans cesse du fait du progrès technique : il n'y a qu'à considérer une règle de calcul "à iso-prestation". C'est sûr que, sur un marché qui est passé du Minitel à la 5G, même sans trop se casser la tête, ça doit être possible de calculer des économies.
Alors, les "success fees", c'est bien, mais il vaut mieux se poser au départ pour savoir de quoi on parle. On ne compte plus le nombre des acheteurs qui, l'air matois, déclaraient bravachement qu'ils avaient acheté "aux success fees", et qui se sont retrouvés au final le dimanche matin avec un croissant rassis entre les mains, et pas de câlin...
Par Firmin de Montalembert.... un directeur achats Groupe anonyme, qui dissimule généralement son espièglerie sous un masque de grand sérieux
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