Décarbo dans les telco, ça bouge le scope 3 chez Orange
La décarbonation, désormais vue comme un levier stratégique, s'invite dans la gestion de la chaîne d'approvisionnement pour tenir le cap du net zéro carbone. Certaines entreprises imposent à leurs partenaires des plans de réduction carbone chiffrés pour anticiper les contraintes des régulateurs et la pression grimpante du marché. Retour sur le partenariat entre le groupe Orange et Camusat qui incarne un nouveau pas dans la décarbonation de la filière.

Limiter son empreinte carbone sans embarquer ses fournisseurs relève aujourd'hui de l'illusion. Alors que les émissions indirectes (scope 3) pèsent désormais plus lourd que celles directement contrôlées par les entreprises, agir seul ne suffit plus et les entreprises doivent désormais entraîner avec elles l'ensemble de leur écosystème de fournisseurs. Une tâche d'autant plus complexe que le scope 3, représentant aujourd'hui plus de 80 % de l'empreinte carbone d'un groupe comme Orange, échappe en grande partie au contrôle direct de l'entreprise.
Le récent partenariat entre le grand opérateur télécom et l'industriel des infrastructures Camusat apporte un début de réponse pour décarboner efficacement les telco. Concrètement, les deux partenaires vont ainsi contractualiser des trajectoires carbone avec leurs partenaires stratégiques, sur la base de données partagées et d'objectifs de réduction précis. Une approche pragmatique qui réécrit les règles du jeu entre donneurs d'ordres et fournisseurs.
Co-construire une trajectoire bas carbone avec ses fournisseurs
L'approche classique du " reporting RSE " ne suffit plus est l'urgence climatique a a contraint Orange à adopter une méthode plus offensive : fixer dès la signature du contrat des objectifs de réduction d'émissions de CO2 équivalents (CO2eq) sur les produits et services fournis par Camusat. Quel est l'objectif ? Agir directement sur la consommation énergétique des infrastructures techniques et privilégier des matériaux plus durables.
" Les données partagées permettront de quantifier l'empreinte carbone des infrastructures déployées et de mesurer les progrès réalisés ", explique Elizabeth Tchoungui, directrice exécutive en charge de la responsabilité sociétale et environnementale du groupe Orange. Autrement dit, il s'agit de documenter précisément chaque levier de décarbonation et de piloter leur efficacité avec des indicateurs tangibles.
La clé de ce modèle ? Une approche collaborative dès l'amont du projet. Camusat, qui a fait valider sa trajectoire carbone par la Science Based Targets initiative (SBTi), fournit des données détaillées sur l'empreinte carbone de ses solutions, intégrées dans les bilans de Gaz à Effet de Serre (GES) du groupe Orange. Ce travail de co-construction doit permettre à l'opérateur de mieux affiner son reporting scope 3, avec à la clé une trajectoire de réduction de 45 % de ses émissions tous scopes confondus d'ici 2030.
Faire de l'impact environnemental un critère structurant de la performance fournisseur
C'est un fait. L'impact carbone commence à peser aussi lourd comme critère stratégique au même titre que le coût ou la qualité. Les contrats évoluent pour intégrer des clauses exigeant la mise à disposition de données environnementales fiables et un plan d'amélioration continue.
" Nos solutions, telles que les infrastructures énergétiques à faible empreinte carbone, sont un levier stratégique pour répondre à la demande croissante d'énergie propre dans les télécommunications ", témoigne Élodie Perrigot, directrice ESG HSE du Groupe Camusat. Un message qui ne laisse pas place au doute : pour ne pas se retrouver hors-jeu, les fournisseurs n'ont plus le choix. Ils doivent investir massivement dans des solutions écologiques, sous peine de perdre en compétitivité dans un secteur de plus en plus soumis à des normes environnementales strictes.
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