Stellantis freine sur l'hydrogène et priorise les motorisations hybrides et électriques
Le groupe automobile arrête son programme de pile à combustible, redistribuant les cartes pour ses fournisseurs clés comme Symbio ou Forvia.

Le virage est brutal. Stellantis, quatrième constructeur automobile mondial, a décidé de stopper le développement de sa technologie à hydrogène, réorientant ses priorités industrielles vers l'électrique et l'hybride. Un revirement qui perturbe les stratégies d'approvisionnement liées à cette filière encore émergente.
Le marché de l'hydrogène demeure en 2025 un segment de niche, sans perspectives de viabilité économique à moyen terme semble arguer le constructeur. Le groupe, qui regroupe les marques Peugeot, Fiat, Opel ou encore Jeep, entend concentrer ses investissements sur les motorisations répondant plus directement aux exigences de réduction de CO2 imposées par Bruxelles.
Des chaînes de valeur fragilisées
Cette décision est un coup dur pour les partenaires industriels de Stellantis dans la filière hydrogène, à commencer par Symbio, coentreprise détenue par Michelin et Forvia. En misant fortement sur la commande du constructeur, l'équipementier avait structuré sa montée en puissance en termes d'investissements, recrutements et d'une feuille de route industrielle établie sur huit ans.
Stellantis assure qu'aucun salarié de ses lignes de production ne sera licencié. Mais les effets collatéraux sur les fournisseurs sont bien réels sur le sujet des relations contractuelles à reconsidérer, des volumes à revoir à la baisse, ou le risque d'actifs immobilisés. Ce faisant, les directions achats devront reconfigurer en urgence leur stratégie d'engagement et de sécurisation fournisseurs.
Infrastructure et incitations encore insuffisantes
Sur le plan macroéconomique, le retrait de Stellantis illustre les limites actuelles de la filière hydrogène appliquée au transport. Force est de constater des infrastructures de recharge encore embryonnaires, des coûts de production élevés, sans compter sur de trop maigres incitations à l'achat pour les flottes commerciales. Autant d'obstacles qui freinent la massification du marché, malgré les atouts environnementaux incontestés de la technologie (émissions uniquement constituées de vapeur d'eau).
BMW et Toyota persistent
Ce recentrage stratégique ne signe pas pour autant un coup d'arrêt final de l'hydrogène dans l'automobile. BMW continue ses essais pilotes avec l'objectif de proposer des modèles avec un premier véhicule à pile combustible commercialisé à l'horizon 2028, tandis que Toyota dispose déjà de véhicules hydrogène commercialisés, malgré un maillage de stations-service encore limité.
Pour les acheteurs, ces choix technologiques divergents entre constructeurs complexifient encore un peu plus la gestion des risques fournisseurs et la définition de standards industriels fiables à long terme. Ils imposent une vigilance renforcée sur les coûts d'approvisionnement, la standardisation des composants et la sécurisation des flux énergétiques.
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