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Rex achats: L'intelligence collective et sectorielle comme levier de souveraineté

La mutualisation des efforts entre industriels ouvre la voie à de nouveaux modèles coopératifs. Retour d'expérience sur deux exemples de coopération avec le consortium TRASCE et le réseau Cosmed.

Publié par Geoffroy Framery le | mis à jour à
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Rex achats: L'intelligence collective et sectorielle comme levier de souveraineté
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Sécuriser ses approvisionnements, réduire ses dépendances et maîtriser ses achats de bout en bout. C'est à cette triple exigence que renvoie aujourd'hui la notion de souveraineté, devenue centrale pour les acheteurs confrontés à des risques géopolitiques, climatiques ou sanitaires croissants.

« On ne peut plus se contenter d'acheter un ingrédient à un prix. Il faut savoir d'où il vient, comment il est produit et par qui », explique Stéphane Faustin-Leybach, CPO du groupe NAOS, intervoewé à l'occasion de la Matinale de l'Université des Achats. Pour relever ce défi, 18 entreprises dont Expanscience, Albéa, Chanel, Clarins, Cosfibel, Dior, The Estée Lauder Compagnies, Groupe Pochet, L'Occitane en Provence, L'Oréal, Merck, Neyret, Nuxe, Sensient, Shiseido et Sisley se sont fédérées autour de la plateforme TRACE. Objectif : remonter la chaîne d'approvisionnement à travers un système confidentiel et collaboratif. « L'union fait la force, surtout quand les enjeux sont aussi lourds », souligne Stéphane Faustin-Leybach. Ce consortium permet de mutualiser les efforts techniques et financiers nécessaires à la traçabilité, tout en réduisant la charge administrative des fournisseurs, souvent saturés par des demandes multiples de reporting RSE.

En pratique, chaque entreprise dispose d'un accès dédié. Les fournisseurs y déposent les données demandées, puis invitent à leur tour leurs propres fournisseurs à rejoindre la chaîne. Premier bilan. Une cinquantaine de partenaires ont été embarqués, avec un objectif de cent d'ici fin 2025, couvrant environ 1 500 lignes articles, matières et emballages confondus.

Un modèle de coopération éprouvé dans le temps

Le patron achats de Naos cultive depuis longtemps cette logique coopérative. Dès 2006, un groupement d'acheteurs a vu le jour sous l'égide du réseau Cosmed. L'idée fondatrice fut celle d'unir les forces d'acheteurs isolés de PME pour négocier collectivement sur des familles d'achats non stratégiques. « Pourquoi sourcer seul un fournisseur de fournitures de bureau quand d'autres l'ont déjà audité et validé », questionne Stéphane. En mettant à disposition ses propres accords-cadres, ce dernier a permis à quelque 300 acheteurs de mutualiser leurs commandes. Exemple concret avec Lyreco. Un portefeuille initial de 35 000 euros a été démultiplié à 400 000 euros, renforçant ainsi le pouvoir de négociation du réseau auprès des fournisseurs.

Des achats responsables par la coopération

Ces initiatives révèlent une évolution de la fonction achats vers davantage d'intelligence collective sectorielle. « Ensemble, on peut traiter des sujets lourds comme la traçabilité ou les exigences réglementaires », affirme Stéphane Faustin-Leybach. Et d'inviter les autres filières à s'inspirer de cette dynamique, en créant leurs propres consortiums. Entre performance collective et souveraineté industrielle, les achats dessinent ainsi de nouvelles voies de création de valeur.

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