Normes volontaires: Ou comment créer de la confiance grâce aux achats
La pression climatique grimpe, les échéances se rapprochent. Pour les entreprises, la décarbonation est déjà un passage obligé. Encore faut-il savoir comment s'y prendre. Moins visibles que les textes de loi, les normes volontaires s'imposent pourtant comme des boussoles techniques et stratégiques.

Renforcer la crédibilité d'une innovation, d'un produit ou d'un process, et fédérer l'ensemble des acteurs autour d'un même standard. Tels sont, entre autres, les vertus de la prise en compte des normes volontaires. " Ces normes ne sont pas de simples recommandations, mais des leviers stratégiques essentiels ", insiste Christine Sorli, déléguée régionale adjointe pour le groupe AFNOR. Elles sont élaborées collectivement, associant fabricants, clients, consommateurs... Elles incarnent un consensus qui facilite l'adoption d'une innovation sur le marché. " Dans le domaine de la décarbonation, ces référentiels couvrent des enjeux majeurs : mesurer l'empreinte carbone (ISO 14067), comptabiliser les émissions de gaz à effet de serre (ISO 14064-1) ou encore optimiser la performance énergétique.
À titre d'exemple, MétaLine, entreprise spécialisée dans les revêtements, témoigne : " Grâce à une norme volontaire sur les propriétés virucides des peintures au cuivre, on a prouvé scientifiquement l'efficacité du produit ", explique l'experte d'AFNOR. Une preuve qui a permis d'ouvrir les portes des hôpitaux et de voguer à l'international.
Penser le coût carbone et le corréler aux normes volontaires
L'Union européenne s'est fixé l'objectif, "Fix to Fifty", et d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, avec une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. Ce cadre se traduit par des mesures de plus en plus contraignantes, notamment avec le système d'échange de quotas (EU ETS) : " L'Europe impose aux plus gros émetteurs un quota d'émissions annuelles", détaille Marion Ripaux, responsable développement énergie et carbone chez AFNOR." Ceux qui dépassent doivent acheter des quotas supplémentaires, à un coût qui avoisine les 60 euros la tonne de CO2. "
Pour limiter la délocalisation des industries polluantes, Bruxelles a mis en place un mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM) : " Les importateurs doivent désormais déclarer l'empreinte carbone de leurs produits, comme l'acier ou le ciment ", précise Marion Ripaux. En France, " les entreprises de plus de 500 salariés doivent publier un bilan carbone tous les quatre ans, rappelle-t-elle. Les normes volontaires viennent ici en appui pour accompagner les entreprises dans cette course contre la montre", conclut Marion Ripaux.
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