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Publié par Aude Guesnon le | Mis à jour le

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Quelles sont les compétences requises pour faire des achats d'innovation ?

Eric Dos Santos : Il faut accompagner les différentes contributions et transformation des compétences de l'acheteuse/acheteur de demain, sur ce que j'appelle l'acheteur 4.0 !

Cet acheteuse/acheteur qui vient compléter ces compétences de la performance industriel de ces fournisseurs au travers de la resilience de la supply chain (Quality, delivery, cost & compliance & risk) vers des acheteurs(ses) natifs digitaux, en enrichissant la partie innovation qui est beaucoup plus orienté vers le business et la collaboration. Pour cela, nous développons des compétences autour du digital, du partenariat management, business accumen, l'inclusivité (empathie) et la culture de l'innovation.

Développer une communauté d'acheteur(se)s, avec différents niveaux d'expertise autour de l'innovation, est notre modèle ! Sachant que pour cela, nous devons avoir des ambassadeur(se) team que j'anime pour déployer dans toute l'organisation (worldwide). Comme évoqué au début, tous les acheteurs n'ont pas le même niveau d'expertise ou opportunités, priorités. Le challenge est de diffuser ce mindset et pratique dans l'ensemble de l'organisation. C'est pour cela qu'il faut continuer à travailler notre community management et adapté nos pratiques ainsi que nos KPIs !

Romaric Servajean-Hilst : La palette des compétences est large. Il y a d'un côté toute une palette de compétences "hard skills" qui correspondent à ce qui est demandé pour des achats stratégiques mais également à des contract managers. Et de l'autre côté il faut une palette de soft skills qui demandent encore à être développées aux achats et qui correspondent plus à celles que l'on va retrouver chez les intrapreneurs. Sans la combinaison de ses compétences soft et hard, les résultats ne peuvent être là.

Karine, avez-vous, en interne, des acheteurs uniquement dédiés à l'innovation ?

Karine Alquier-Caro : Nous avons des process très structurés sur les achats projets. Mais je ne souhaite pas faire de distinction entre les acheteurs innovation et des acheteurs opérationnels. Ils sont présents dans les projets de R&D et ils travaillent avec l'appui des category managers. Il est difficile de changer d'interlocuteur pour parler uniquement d'innovation par rapport à l'interlocuteur achat opérationnel ou corporate habituel.

Les acheteurs sont-ils bien formés pour répondre aux enjeux de l'innovation ?

Romaric Servajean-Hilst :vIl y a un vrai besoin de compétences à tous les niveaux des départements Achats mais aussi Innovation. Car il faut savoir innover mais aussi collaborer. Souvent la clef se trouve dans la capacité des achats à vraiment travailler avec ses clients internes pour se et leur poser les bonnes questions business. Ils doivent comprendre le business, avoir une curiosité très forte pour la technologie et être en empathie.

Le défi pour nous académiques est de former les acheteurs pour répondre aux enjeux de demain. Mais le quotidien fait qu'il faut aussi répondre aux enjeux d'aujourd'hui, c'est un équilibre difficile à créer. Il faut créer des acheteurs ambidextres.

Il faut aussi les former sur le plan juridique, ce qui fait aujourd'hui rarement partie des compétences acquises. Ils doivent comprendre les impacts en termes de risques, savoir lire et comprendre les contrats, jusqu'au bout, savoir dialoguer avec les juristes. Par exemple, il faut qu'ils soient formés sur la négociation de contrats complexes, comme sur de la co-innovation, mais aussi sur la bonne application de clauses résolutoires sur un contrat classique.

Mais, finalement ... ces acheteurs sont-ils encore des acheteurs ?

Eric Dos Santos : Cela dépend de la proposition de valeur que l'on donne à la fonction achats. Nous, les achats, sommes une porte sur l'extérieur, sur l'écosystème qu'on essaie de manager, constitué de fournisseur, des startups et de de nos compétiteurs. L'externe, par essence, c'est le métier d'acheteur. La relation fournisseurs est leur mission. Je ne dis pas que l'acheteur est légitime sur tout, mais je dis qu'il doit être impliqué dès l'amont. Il faut ensuite décloisonner les schémas habituels, revoir les fondamentaux. Donc OUI les acheteurs sont des Innovateurs & business développeurs !

Romaric Servajean-Hilst : Ce que disait Eric plus tôt est très juste sur la mise en place de communautés d'acheteurs innovants pour réussir la greffe. J'ajouterai également qu'il faut aussi transformer le management des achats. Sans un management qui comprend l'acheteur qui innove, celui-ci s'épuise vite. Le manager doit alors être celui qui accompagne et non pas celui qui contrôle. On ne gère pas un acheteur qui fait de l'innovation comme l'acheteur qui achète des commodités. Il faut un changement de posture de ceux qui dirigent. Il faut former toute la chaîne hiérarchique.

Est-ce que ce n'est pas la personnalité du directeur achats qui fait la différence ?

Romaric Servajean-Hilst : C'est effectivement le plus souvent une question de personne car la plupart des organisations ont des stratégies orientées innovation. Il suffit qu'un patron des achats ne comprenne rien aux achats d'innovation pour que tout s'effondre. A chaque changement de poste dans les directions Achats comme Innovation, et le turn-over y est important, il faut tout reprouver et les acheteurs innovants peuvent se fatiguer à longue. Il faut des directeurs achats qui aient une vraie vision stratégique. C'est de la vision stratégique que découle la capacité à innover. La maturité achats est plus souvent liée à des histoires de personnes qu'à des histoires de secteurs.

Karine,que vous a apporté ce projet en tant qu'acheteuse ?

Karine Alquier-Caro : Ce fut très enrichissant. Cette opération nous a permis de grandir avec notre écosystème, en plus de générer un gain à deux. Cet échange est très riche. Nous avons noué un vrai partenariat qui fait que le CEa Tech nous présente ses innovations en cours et nous pouvons dire ce qui nous intéresse. Nous pouvons organiser notre échange et eux peuvent mesurer le potentiel de mise sur le marché de ce sur quoi ils travaillent. De notre côté, nous pouvons nous projeter sur l'intégration de ces innovations dans notre feuille de route de développement produits nouveau. Cette réussite est très gratifiante. L'innovation est effectivement une question de personnes, tout dépend des gens et de ce qu'ils ont envie de faire - et nous avons capitalisé dessus.

 
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Aude Guesnon

Rédactrice en chef de décision-achats.fr et de Décision Achats

Après avoir exercé plus de dix ans en tant que réactrice en presse quotidienne, j’ai voulu découvrir un autre pan du métier : je suis devenue [...]...

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