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Pénurie de sirop : "Si nous n'avons plus de sucre, nous ne pouvons plus produire"

Publié par Lisa Henry le | Mis à jour le
Pénurie de sirop : 'Si nous n'avons plus de sucre, nous ne pouvons plus produire'

Les différentes pénuries de matières premières ont fortement impacté le secteur du sirop, patrimoine culturel de l'Hexagone consommé par un français sur trois. En effet, des ingrédients à l'emballage, le coût des composantes n'a jamais été aussi haut et instable, comme l'explique Olivier Mercier, président du Syndicat français des sirops.

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Quelles sont les principales causes de pénurie ?

Il y a aujourd'hui différentes pénuries ayant des origines diverses. Celles qui touchent les contenants (pénurie d'acier, d'acier PET et de verre) sont principalement dues à la reprise mondiale de la production, aux stocks qui n'ont pas été refaits ces dernières années et à une forte demande qui fait augmenter les prix. Ainsi, le coût de l'acier est en hausse de 50%, le PET de 25% et le verre de 15%.

Pour le sucre, il y a deux facteurs à prendre en compte. Le prix du glucose a augmenté de 80% à cause des récoltes de blé dur bien en dessous des années précédentes. La saccharose, elle, est composée de betteraves sucrières qui sont de plus en plus utilisées pour créer de l'éthanol, composantes qui doit remplacer le pétrole comme carburant.

La pénurie de sucre est-elle la plus difficile à contrer ?

Franck Ardito

Franck Ardito

Olivier Mercier, président du syndicat des sirops

Aujourd'hui, nous nous rendons compte qu'en parallèle des pénuries la consommation de sucre diminue.

Théoriquement, nous avons les capacités nécessaires pour y survivre, mais c'est la première fois que nous observons des hausses aussi impactantes. Pourtant, j'ai tendance à penser que nous devrions retrouver une certaine normalité.

Le contexte environnemental actuel va nous amener à faire face à des aléas de coûts et de variations des récoltes. Il faut que nous apprenions à travailler avec ces fluctuations.

La pénurie de fruits est-elle passagère, ou craignez- vous qu'elle perdure ?

Nous sommes face à un dérèglement climatique qui va apporter son lot d'incertitudes ainsi que des productions variables et parfois beaucoup plus chères que par le passé. Mais il peut y avoir aussi d'autres évolutions, des pays qui cultivent certains fruits seront peut-être amenés à en cultiver d'autres. Les cultures évolueront en même temps que le climat.

Comment faites-vous face à ces pénuries ?

Le premier travail à effectuer se trouve dans le sourcing. C'est le travail de la R&D de garder une offre correcte en remplaçant des matières premières manquantes par d'autres, afin d'assurer les recettes. Nous pouvons aussi être amené à revoir nos contenants en retravaillant leur taille.

La relation fournisseur est-elle particulièrement importante en temps de crise ?

Il est très important que les fournisseurs soient accompagnés par les entreprises en temps de crise, mais s'ils ne fournissent que 50% du volume prévu, une bonne relation n'y changera rien.

La relation fournisseur et client, restent indispensable. Dans nos chaînes de valeur nous devons prêter attention à l'amont et à l'aval.

En termes de matières plastiques ou de métaux, le recyclage est-il une solution ?

Aujourd'hui déjà, les bidons de sirops sont 100% recyclables et sont en partie composés de PET recyclé. Mais nous devons, en effet, accentuer nos efforts pour obtenir un coûts de composants plus faibles et faire face aux pénuries et fluctuations que nous aurons du mal à anticiper à l'avenir.

L'inflation des prix peut-elle être contrôlée ?

Les prix sont à la responsabilité de nos clients, en tant que syndicat nous ne régulons pas les tarifs.

Il est difficile de supporter une augmentation de coûts de 40% pour une entreprise sans augmenter les prix, chacun peut prendre une partie à sa charge afin de modérer l'inflation, mais la réalité est que les entreprises ne pourront pas supporter les hausses sans les répercuter.

Aujourd'hui, lorsque nous parlons d'inflation c'est un cri d'alerte que nous lançons, nous ne pointons personne du doigt.

Y a-t-il un risque de ne plus pouvoir fabriquer si on ne peut plus se fournir ?

Nous pouvons être amenés à arrêter certains produits, mais pas un arrêt complet et définitif. Par définition, pour faire un sirop il faut 50% de sucre, alors si nous n'avons plus de sucre, nous ne pouvons plus produire. Je pense que nous n'en sommes pas encore là.


 
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