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DossierCOP21: pourquoi miser sur les achats verts?

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6 - [Cas pratique] Elle déploie les achats responsables au sein du Groupe TF1

Marie-Christine Stachetti, responsable achats, a initié une vraie démarche RSE en 2008 au sein de la direction des achats du Groupe TF1. Son action a été remarquée par la Cdaf et l'ObsAR qui viennent de la nommer co-présidente de leur Groupe d'étude et de benchmark "Achats et RSE". [Juin 2015]

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À son arrivée en 2008 au sein du groupe TF1, Marie-Christine Stachetti a demandé à piloter la partie dédiée aux achats responsables. Elle a donc pu mettre en oeuvre et déployer, dès la création de la direction des achats, une politique achats responsables, sans pour autant qu'une cellule dédiée soit créée car, explique-t-elle, "nous voulions que cet aspect soit pleinement intégré dans les process achats." Et elle est aujourd'hui fière d'affirmer que le groupe a pleinement intégré cette dimension. "Si convaincre les prescripteurs peut parfois être difficile au quotidien, chez TF1, on a la chance d'avoir une adhésion de la direction générale aux aspects RSE et diversité."

Son engagement RSE a retenu l'attention de la Cdaf: Marie-Christine Stachetti vient d'être nommée co-présidente du GEB (Groupe d'étude et de benchmark) "Achats et RSE" de la Cdafet de l'ObsAR. L'objectif de ce groupe est de promouvoir les bonnes pratiques en achats responsables sur le plan national. "C'est une fierté personnelle et professionnelle et une marque de confiance pour TF1", souligne-t-elle.

"L'aspect RSE ne doit pas être intégré en bout de chaîne"

Si le contexte budgétaire est encore très contraint, Marie-Christine Stachetti s'efforce de rappeler en interne que oui, "il est possible d'acheter responsable, au même prix et dans le même timing que pour un achat classique." Comment ? "L'aspect RSE ne doit pas être intégré en bout de chaîne. Si la dimension responsable est intégrée très en amont, dans le cahier des charges voire même au moment d'un RFI [request for information, NDLR], il n'y a pas de raison pour que cela coûte plus cher ou rallonge les délais." En intégrant ce critère le plus en amont possible, les acheteurs, selon elle, se professionnalisent. "Nous ne sommes pas dans le "greenwashing" car cela se voit très vite !" Elle mise aujourd'hui sur une démarche d'achat en TCO ainsi que sur une analyse du cycle de vie du matériel jusqu'à son recyclage.

Parce que les achats responsables intègrent également la relation fournisseurs, le Groupe TF1 s'efforce de respecter les engagements pris auprès du Label Relations Fournisseur Responsables qui récompense les sociétés ayant fait preuve de relations durables et équilibrées avec leurs fournisseurs, notamment en matière de respect des délais de paiement.

Et pour aller à la pêche aux bonnes pratiques achats et se doter d'une vision plus transverse, Marie-Christine Stachetti encourage son équipe, composée de trois acheteuses, à assister à des conférences et faire partie de réseaux. "Les réseaux acheteurs sont aujourd'hui très performants, de même que tous les groupes de travail sur les réseaux sociaux. Preuve que ce métier passionnant est fédérateur."

Achats, diversité et secteur protégé

Marie-Christine Stachetti s'efforce d'emmener ses fournisseurs sur le chemin des achats responsables et les fait évaluer par EcoVadis. "Grâce à ces évaluations réalisées sur près de 200 fournisseurs, nous avons pu obtenir une bonne visibilité sur leurs engagements RSE sur la base de quatre volets : environnement, social, éthique des affaires et politique achats."Un travail mené, en autres, sur des familles d'achats à l'empreinte sociétale forte comme la logistique, l'informatique ou encore les services généraux.

L'aspect diversité est également un vrai sujet pour TF1. "C'est une vraie force pour le Groupe. Cette diversité nous la retrouvons à l'antenne, en interne, chez nos téléspectateurs, et nous voulons la décliner chez nos propres fournisseurs. TF1 est d'ailleurs le premier média à avoir obtenu le label Diversité il y a trois ans."

Mais quid de l'évaluation de cette diversité ? "Nous demandons aux fournisseurs s'ils sont signataires de la Charte Diversité et nous les interrogeons également sur leurs engagements effectifs, accompagnée d'une analyse de leur bilan social (handicap, égalité hommes/femmes, promotion, maintien dans l'emploi des seniors,...). C'est ce que nous nous attachons à faire au quotidien donc ce que nous attendons de nos fournisseurs."

Ce qui peut faire la différence entre deux fournisseurs compétitifs, c'est l'aspect RSE et diversité, notamment dans des domaines aussi concurrentiels que la propreté, la relation client ou encore les travaux d'impression.

Marie-Christine Stachetti est attentive également au secteur protégé. Certains lots (comme des travaux d'impression, le recyclage des cassettes ou encore l'entretien des espaces verts), sont ainsi alloués à des ESAT et à des EA, "qui se sont montrés en plus très compétitifs !", se félicite-t-elle.

Le 27 janvier 2014, le Groupe TF1 a ainsi reçu le Label Relations fournisseur responsables, décerné par la Médiation nationale interentreprises et la Compagnie des dirigeants et acheteurs de France (Cdaf). Une première dans le secteur de l'audiovisuel. "Ce label est une reconnaissance du métier d'acheteur chez TF1. Cette récompense a permis en interne d'asseoir la réputation que l'on essaie de construire depuis 2008. Cela a permis également de gommer cette image dépassée de "cost killer" qui colle parfois aux acheteurs et de la remplacer par des créateurs de valeurs." La direction des achats avait déjà reçu des mains de la Cdaf, en juin 2013, un trophée achats dans la catégorie "Achats responsables et Diversité".

Un parcours atypique dans les achats

Titulaire d'une maîtrise de LEA et d'un DESS LEA en commerce international, tout destinait pourtant Marie-Christine Stachetti aux métiers du commerce ou du tourisme. Elle a finalement choisi les achats industriels et Labinal, équipementier automobile spécialisé dans la filtration, pour une mission de sourcing (fondeurs et plasturgistes) en Europe. Après sept ans chez Labinal, elle a rejoint un autre équipementier, Plastic Omnium, spécialisé cette fois-ci dans les réservoirs à carburant. Elle était alors en charge des achats en mode projet pour General Motors en Allemagne. Une expérience riche qui a permis à l'acheteuse de se familiariser avec les concepts de "design-to-cost" et d'élaboration de cahiers des charges fonctionnels.

Après neuf années dans l'univers automobile, Marie-Christine Stachetti s'est tournée vers les télécoms, en plein essor en 2001, et a intégré Bouygues Télécom. Elle est devenue responsable achats, encore une fois sur un périmètre très technique, en charge des achats d'équipements de transmissions, fibres optiques, faisceaux hertziens et de services et maintenance. "Nous étions en monopole sur de gros contrats. Nous mettions de côté les leviers classiques de remise en concurrence et étions très à l'écoute des fournisseurs pour avancer et co-construire ensemble", raconte Marie-Christine Stachetti. Elle a ensuite été en charge de la gestion de familles d'achats plus commerciales, liées à la relation client ainsi que de la partie dédiée au secteur protégé, qui lui tenait, déjà à l'époque, à coeur.

Organisation de la direction des achats de TF1

La direction des achats de TF1 est rattachée directement à une direction financière. Une organisation qui, pour Marie-Christine Stachetti, constitue un "véritable atout qui donne aux acheteurs une vraie légitimité".

La direction des achats couvre au total une soixantaine de familles d'achats pour des métiers très différents. Elle est organisée en deux pôles : un pôle achats technique (broadcast et informatique) et un pôle achats commerciaux, sous la responsabilité de Marie-Christine, regroupant les achats pour la direction de l'information, l'immobilier et services aux collaborateurs, la relation client et la communication et marketing pour un montant des dépenses d'environ 350 millions d'euros.

Au total, le périmètre global adressé par la direction des achats hors droits représente aujourd'hui une enveloppe de 600 millions d'euros.

Anne-Sophie David

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