Vers quels référentiels se vouer dans la course à la compétitivité ?
Pour limiter l'exposition aux risques économiques et environnementaux, les entreprises peuvent s'appuyer sur un outil souvent sous-estimé : les normes volontaires. Un levier concret pour structurer leur stratégie climatique et gagner en compétitivité.

"Le prix du carbone pourrait atteindre 200 euros la tonne d'ici 2050." Cette projection, énoncée par Marion Ripaux, responsable développement énergie et carbone au sein du groupe AFNOR, donne le ton. Comment dès lors s'appuyer sur les normes volontaires pour naviguer dans ce maquis d'obligations énergétiques et climatiques ?
Les normes volontaires, un bouclier contre les risques économiques et réputationnels
Face à la flambée des prix de l'énergie et aux attentes croissantes des parties prenantes, l'entreprise n'a d'autre choix que de se transformer. Mais comment garder le cap ? Pour Marion Ripaux, les normes volontaires offrent un cadre structurant nécessaire : "Elles peuvent vraiment agir comme moteur de transformation face aux risques, et comme levier pour structurer vos démarches d'action."
Le coût carbone devient un enjeu central. "Actuellement, les économistes penchent vers un prix du carbone qui pourrait grimper à 150 ou 200 euros la tonne d'ici 2050", alerte Marion Ripaux. Les impacts du changement climatique perturbent de plus en plus régulièrement les chaînes logistiques. "Le canal de Panama connaît régulièrement des périodes de sécheresse : l'an dernier, c'est 30 % du trafic maritime en moins", illustre-t-elle. Un choc pour la logistique mondiale, alors que ce canal représente à lui seul 5 % du trafic maritime international.
Quels référentiels pour structurer la transition ?
"Il y a par exemple des normes pour structurer la démarche d'adaptation aux changements climatiques, ou pour quantifier ses émissions de gaz à effet de serre", détaille Marion Ripaux. C'est tout un arsenal technique, méconnu, qui peut s'avérer décisif dans la course à la conformité et à la compétitivité.
Prenons l'exemple des économies d'énergie. "Il existe des normes liées à la réalisation d'audits énergétiques, à la mesure et la vérification de la performance énergétique", explique-t-elle. Ces outils deviennent essentiels pour négocier des contrats de performance énergétique, réduire les factures, et limiter la dépendance aux énergies fossiles. Une norme en particulier, la NF EN 17463, permet même d'évaluer la rentabilité des investissements énergétiques.
Plus globalement, les systèmes de management basés sur des normes comme l'ISO 50001 (énergie) ou l'ISO 14001 (environnement) permettent de mettre en place une politique cohérente et durable. Ils servent aussi à embarquer toute la chaîne de valeur : "Il y a des normes très spécifiques pour structurer vos démarches d'achats responsables, pour engager aussi vos fournisseurs dans vos projets de décarbonation." Enfin, pour ceux qui visent la neutralité carbone, la normalisation avance. "Une nouvelle norme a été publiée récemment sur la neutralité carbone", rappelle Marion Ripaux. Et les travaux se poursuivent, avec des projets de plans de transition sectoriels pensés pour accompagner la décarbonation de l'industrie.
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