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La Chine franchit une nouvelle étape dans le nationalisme métallique

Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à
La Chine franchit une nouvelle étape dans le nationalisme métallique
© sdp_creations - Fotolia

A partir du 1er août, la Chine va restreindre arbitrairement l'exportation de métaux essentiels (gallium et germanium) à l'industrie mondiale, et en particulier européenne. Explications d'Olivier Lechevalier, confondateur de Defthedge.

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Qu'observe-t-on sur les marchés ?

Le principal fait marquant sur les matières premières c'est la décision unilatérale de la Chine d'imposer des restrictions aux exportations pour le gallium et le germanium à partir du 1er août. Les exportations de ces deux métaux ou de matériaux contenant ces métaux vont nécessiter une licence avant de pouvoir être autorisées. Concrètement, le destinataire final des exportations et l'objet de leur utilisation devront être précisés. Tout cela, au nom de la « préservation de la sécurité et des intérêts nationaux ». C'est une nouvelle étape dans le nationalisme métallique. En fonction des alliances politiques et géopolitiques, la Chine va pouvoir restreindre arbitrairement l'exportation de métaux essentiels à l'industrie mondiale, et en particulier européenne.

Quelles conséquences pour les entreprises ?

Cela va vraiment complexifier encore davantage les chaînes d'approvisionnement, en particulier pour toute l'industrie de la transition énergétique (c'est vaste) qui est dépendante en partie de l'accès à ces métaux. Le gallium est crucial pour les circuits intégrés, les LED et les panneaux photovoltaïques (Green Deal). L'Union Européenne (UE) le considère comme une matière première critique. Problème : la Chine représente plus de 80% des importations de gallium de l'UE. Cette dépendance s'est accentuée au cours des dernières années avec la fin de la production de gallium en Hongrie en 2013 et en Allemagne en 2016.

Le germanium, c'est à peu près pareil. C'est un élément indispensable pour les fibres optiques et l'infrarouge. En termes de dépendance, c'est un peu mieux. 51% des importations de germanium de l'UE proviennent de la Finlande (10% de la production mondiale). L'autre moitié vient essentiellement de la Chine (80% de la production mondiale). Là encore, la dépendance s'est accrue ces dernières années même si la Chine a réduit l'accès à ses réserves de germanium via différentes mesures de restrictions indirectes (hausse des stocks au niveau national, barrières tarifaires - ex : taxe sur les exportations de dioxyde de germanium sur la période 2012-2016).

Malheureusement, il n'y a pas d'alternative évidente pour réduire la dépendance à la Chine sur ces deux métaux. On parle beaucoup de recyclage mais cela prend du temps de construire tout un segment industriel et encore plus lorsqu'il n'y a pas de volonté politique en ce sens. Clairement, la transition énergétique est très mal engagée en Europe. C'est bien beau d'avoir un objectif d'autonomie stratégique mais sans anticipation, c'est généralement un échec.

Quels sont selon vous les points de vigilance à surveiller ?

Sur ce point bien précis, il faudra voir comment la Chine va utiliser l'arme des licences et surtout regarder de près si d'autres pays exportateurs de matières premières essentielles se mettent à copier sa stratégie. C'est fortement probable.

 
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