"Le Qatar ambitionne de tuer le marché du charbon"
Focus sur les matières premières et en particulier sur le gaz cette semaine dont la tendance baissière ne s'explique ni par des politiques achats, ni par des comportements plus sobres. La raison ? Il fait plus chaud en février ... Le point de vue d'Olivier Lechevalier, co-fondateur de Defthedge.
Je m'abonneQu'observe-t-on sur les marchés financiers ?
Le phénomène le plus marquant, c'est certainement la baisse continue du prix du gaz qui n'est que le reflet de la baisse de la consommation. On met souvent en avant que c'est lié aux bons gestes de sobriété. La réalité est un peu différente...et surtout inquiétante. Une grande partie de la baisse de la consommation en Europe est liée aux conditions climatiques. Le mois de février a été le plus chaud en Europe depuis que les données météorologiques sont collectées, par exemple. Sur l'intégralité de l'hiver, la consommation de gaz de l'UE a été réduite de 18% (soit environ 101 milliards de mètres cubes de gaz). C'est énorme. Tout cela à cause du changement climatique...Cette baisse de la consommation n'est donc finalement pas une aussi bonne nouvelle que cela. A noter également que contrairement à ce qu'on croit, nous continuons d'acheter du gaz auprès de la Russie. C'est ce qui explique que les sanctions occidentales ne fonctionnent pas. Prenons le cas de l'Espagne : le premier ministre socialiste Pedro Sanchez est l'un des plus fervents soutiens de l'Ukraine...En même temps, son pays a doublé ses achats de gaz russe depuis l'invasion de l'Ukraine par Moscou. Environ 20% du gaz importé par l'Espagne en 2023 provient de la Russie.
Des bonnes nouvelles pour faire face à ces fluctuations ?
En matière agricole, nous commençons à voir des applications concrètes et réussies de l'IA. L'agriculture ne va pas être à l'écart de cette révolution industrielle, c'est une bonne nouvelle. En Inde, une phase test a été réalisée pendant 18 mois. L'IA a permis de doubler les revenus des agriculteurs, d'augmenter les rendements de 21%, de réduire les pesticides de 9% et les engrais de 5%. C'est également bénéfique pour les pays du Sud.
Quels sont, selon vous, les points de vigilance à surveiller ?
C'est assez peu évoqué dans l'actualité. Et pourtant, cela mérite toute notre attention. Le Qatar, qui est l'un des principaux pays exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL), ambitionne de tuer le marché du charbon. Ce n'est pas impossible. Mais pour y arriver, il faut que le prix du GNL chute nettement sous 20$ par MWh pour remplacer le charbon qui est actuellement autour de 10$ par MWh. A surveiller de près.
