Les achats à l'épreuve du Covid-19
Face à l'ampleur de la crise du Covid-19, les achats se sont mis en ordre de bataille. Et plus que jamais, la gestion des relations fournisseurs est au coeur de la tempête. Comment les directions achats accompagnent-elles leurs fournisseurs? Et comment anticiper la sortie de crise? Explications.
Je m'abonneLa crise sanitaire mondiale du coronavirus touche tous les pans de l'économie et les achats ne sont pas épargnés. "La pandémie, comme d'autres types de grande crises climatiques, économiques ou encore politiques, ne sont clairement pas intégrés comme critère dans l'analyse des risques fournisseurs pour la plupart des entreprises", explique Alain Galloni, associé chez Strategy&, entité de conseil en stratégie au sein du cabinet PwC. Un avis partagé par Pierre Rougier, co-fondateur du cabinet de conseil Kepler : "C'est une situation sans précédent. Car, la gestion des risques est plutôt perçue dans un mode routine et se concentre davantage sur les risques financiers et d'approvisionnement".
Une crise "sans précédent" dans l'analyse des risques
On peut cependant s'interroger sur les leçons tirées des précédentes crise du type Ebola ou Sras, ou bien encore de celle des subprimes en 2008, bien que les enjeux ni l'ampleur de la crise actuelle ne semblent comparables. "La crise financière de 2008 a vu l'effondrement de certaines supply chain par défaillance de fournisseurs mais les leçons n'ont pas été suffisamment tirées, à part pour quelques grands groupes industriels", selon Alain Galloni. Une des raisons avancées : "Des informations clés comme les prévisions, les stocks, des données fournisseurs, leur santé financière dispersées dans différents services et systèmes de l'entreprise. Ce qui empêche de disposer d'une vision claire et rapide des événements", poursuit l'associé de PwC.
Un (trop) fort taux de dépendance à l'Asie
Cette crise sanitaire révèle aussi de manière assez alarmante le taux de dépendance des entreprises vis-à-vis de certains fournisseurs des pays d'Asie notamment dans les secteurs automobile, technologique ou pharmaceutique. Ainsi, dans le secteur pharmaceutique, près de 80% des principes actifs sont fabriqués aux USA et en Chine. Voilà pourquoi, dans un souci de faire baisser son taux de dépendance aux fournisseurs asiatiques, le géant pharmaceutique français Sanofi a annoncé en février dernier, le regroupement d'une division commerciale et de six usines européennes, dont deux en France, dans une entité indépendante pour la production d'ingrédients pharmaceutiques. Cette crise sera aussi l'occasion pour les achats, de réfléchir à des fournisseurs alternatifs afin de faire baisser leur taux de dépendance.
Gestion des stocks, sécurisation de la supply chain, ...
En attendant, pour faire face à l'ampleur de la crise du Covid-19, les achats ont monté des cellules de crise et se sont mis en ordre de bataille en misant sur la gestion des stocks, la sécurisation de la supply chain, ... . Et si la majorité des entreprises ont choisi de poursuivre leur activité, certains industriels ont revu l'utilisation de leurs moyens de production, avec des fermetures de sites, et parfois même leur reconversion dans la fabrication de moyens de protection (gels hydroalcooliques, masques). C'est le cas du groupe de luxe LVMH qui s'est lancé dès le 21 mars dans la production de plusieurs millions de masques en France, après la mobilisation des unités de production de sa branche Parfums & Cosmétiques pour fabriquer et distribuer gratuitement des gels hydroalcooliques en grande quantité. A son tour, le groupe Yves Rocher s'est lancé dans la production de gels hydroalcooliques et prochainement de masques.