Recherche
Mag Décision Achats
S'abonner à la newsletter S'abonner au magazine
En ce moment En ce moment

Le plan de mobilité, nouveau défi des gestionnaires de flotte

Publié par Floriane Salgues le | Mis à jour le
Le plan de mobilité, nouveau défi des gestionnaires de flotte

Baisse de la sinistralité et des frais de location et d'utilisation : mettre en oeuvre un plan de mobilité permet d'optimiser la gestion des flux de véhicules.

Je m'abonne
  • Imprimer

Gestionnaire de flotte automobile, le fleet manager se transforme aujourd'hui en gestionnaire de la mobilité. Objectif affiché, derrière ce changement sémantique : ne plus seulement raisonner en termes de véhicules, mais fixer le cap sur la rationalisation des déplacements, grâce à la mise en oeuvre d'un "plan de mobilité". Autrement nommé PDE, cet audit permet de comprendre comment, et pourquoi, une entreprise utilise les véhicules de sa flotte. Et a, bien sûr, comme finalité, d'améliorer le total cost of ownership (TCO), le nerf de la guerre pour les gestionnaires.

Une nécessité, lorsque l'on sait que la maîtrise des coûts liés à des parcs automobiles représente souvent le deuxième ou troisième poste de dépenses des entreprises. "Le diagnostic de mobilité est encore méconnu, mais il va devenir stratégique, présume Geneviève Valette, directrice des activités mobilités de Codes Rousseau, à l'occasion de la journée Fleet Management, organisée par Décision Achats le 29 janvier dernier. "Le seul moyen de diminuer le coût de la gestion de flotte est de réaliser un diagnostic. Le frein est que, souvent, l'entreprise ne voit pas immédiatement le gain de cette démarche globale et qu'elle se focalise uniquement sur les coûts de l'assurance ou du carburant", note Jérémy Cabaret, directeur adjoint de flottes automobiles chez le courtier en assurances Gras Savoye.

Diagnostic, actions et mesure

Véritable projet d'entreprise, la définition d'un plan de mobilité permet, notamment, de quantifier les risques - le risque d'accident routier est la première cause de mortalité au travail - et les coûts des déplacements, en termes de consommation de carburant, de coûts d'entretien du véhicule, de coûts directs ou indirects de sinistralité, ou, encore, de primes d'assurance flotte. "Le TCO d'une flotte se compose à 45 % de postes variables - coûts des sinistres, du carburant, des pneumatiques. -, de 42 % de frais de location et de 13 % de frais d'utilisation - péages, parkings, entretien -", rappelle Geneviève Valette.

La démarche de la mise en oeuvre d'un PDE ? La pose d'un diagnostic, l'implémentation d'actions, et la validation par des mesures. Concrètement, des entretiens doivent être menés ; d'une part avec les ressources humaines, afin de discuter des plans de formation, de la gestion des contraventions et de l'évaluation de la conduite, et d'autre part avec le gestionnaire du parc afin d'appréhender la manière dont est gérée la flotte. Apprécier les objectifs de l'entreprise - baisse de la consommation de carburant, de la sinistralité ou de l'entretien -, en amont, est donc un passage obligé.

Ainsi, Computacenter a sauté le pas du plan de mobilité, dans l'optique de diminuer le taux de sinistralité de sa flotte de 800 véhicules. "Nous recherchions un accompagnement du risque routier et avons décidé d'amorcer cette démarche de sécurité, qui s'inscrit dans une démarche d'entreprise. Sur la période 2012-2013, le taux de fréquence des accidents était de 0,35, indique Anne Pleuvy, ingénieur HSE / RSE au sein de l'entité, spécialiste de l'informatique pour les entreprises. Notre objectif est aujourd'hui de parvenir à 0,25." D'une durée d'un mois environ, le diagnostic a été suivi par la mise en oeuvre des recommandations, dont la sensibilisation à l'éco-conduite.

Avec cette bonne "surprise" : "Lorsque l'on touche à la sinistralité, on diminue aussi les coûts de consommation de carburants, révèle Jérémy Cabaret. Sans oublier, qu'avoir moins de sinistres évite l'immobilisation forcée des véhicules."

Levier d'économies, et de développement durable, la formation à l'éco-conduite vise donc aussi à réduire la consommation de carburant, en apprenant à rouler plus zen - maintenir une vitesse stable, par exemple -, et initie les collaborateurs aux règles de sécurité routière. "L'éco-conduite, c'est 50 % d'anticipation et 50 % de technique", confirme Patrick Clemens, directeur général de Prévenkit. Résultat : "Les formations à l'éco-conduite permettent de réaliser entre 20 et 30 % d'économie, et le bénéfice sur la sinistralité peut être de 30 %", estime Jérémy Cabaret.

À l'instar du groupe Idex, qui propose des stages d'éco-conduites à ses collaborateurs et à leurs managers, mais pas seulement. "En 2010, nous avons connu un pic des coûts des sinistres à notre charge, sur notre flotte de 2 500 véhicules, et cela a été le déclencheur de plusieurs procédures, raconte Patrick Lacroix, risk manager automobile de la société et président de la commission automobile AMRAE. Outre des formations à l'éco-conduite, et un challenge éco-conduite en équipe initié en 2014 par la direction des achats, nous avons mis en place une politique post-accident : pour chaque sinistre responsable, un entretien du conducteur avec son N +2 a lieu. Cela permet de débanaliser l'accident automobile, et de responsabiliser le conducteur. Nous tenons, bien sûr, compte des causes de l'accident (stress, problèmes personnels, etc.)", fait-il part.

Audit, reporting et bonnes pratiques

Autre process mis en oeuvre par Idex : un audit du fonctionnement et de la propreté des véhicules, mené par le supérieur du collaborateur, en compagnie de celui-ci, deux fois par an ; ainsi qu'un reporting mensuel des véhicules vérifiés. Sans oublier la communication, fondamentale : "Tous les trimestres, je communique le coût des sinistres aux directeurs d'agences, et je crée un classement, qui produit une certaine émulation. Tous les trois mois, je prépare également des fiches de bonnes pratiques sur les distances de sécurité ou la manière de remplir un constat à l'amiable, par exemple", décrit Patrick Lacroix.

Avec succès : "En 2010, la fréquence des sinistres avec tiers était de 12 %, contre 10 % aujourd'hui. Le coût des sinistres automobiles à ma charge a lui aussi diminué, de 10-15 % depuis quatre ans."

Enfin, aide à la localisation des véhicules, maintenance prédictive, temps de freinage... La télématique embarquée contribue à la mise en place du suivi des actions du PDE. "Les voitures connectées, ou semi-autonomes, équipées de dispositifs d'aide à la conduite, à l'instar d'un correcteur de trajectoire ou d'un détecteur de piétons, concourent à diminuer le nombre de sinistres", remarque Cyril Pierre, chef de produit automobile au sein d'Inter Mutuelles Assistance. De quoi faire plonger son budget assurance, toujours en croissance. Mais, pas seulement : les boîtiers oeuvrent aussi à remonter quotidiennement les kilométrages des véhicules. Une solution plus viable que le déclaratif, source de coûts cachés.

 
Je m'abonne

NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles

La rédaction vous recommande

Retour haut de page