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DossierPanorama des familles d'achats dans les voyages d'affaires

Publié par Bénédicte Gouttebroze le

2 - L'élaboration d'une politique de voyages

La mise en place d'une politique voyages au sein de l'entreprise permet de mieux maîtriser les coûts liés aux déplacements des collaborateurs. Retrouvez ici les principales étapes et règles de base pour initier un tel projet.

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Les règles de base

Première étape, il est nécessaire de consolider toutes les données voyages de l'entreprise: nombre de voyageurs, destinations privilégiées, moyens de locomotion utilisés, etc. Cette base permet de définir des règles de déplacements pour les collaborateurs de l'entreprise mais également de négocier des contrats-cadres avec les principaux prestataires par famille d'achats. Comme pour toute nouvelle politique achats, le soutien de la direction générale est indispensable pour sensibiliser les salariés aux enjeux économiques et environnementaux liés aux déplacements, surmonter les résistances au changement et promouvoir le respect des règles définies.

Les règles de déplacement doivent être claires et précises. Dans certaines organisations, il s'agit plutôt de recommandations. Pour réduire les coûts, les spécialistes conseillent néanmoins de les rendre obligatoires et applicables à l'ensemble des collaborateurs. De même, dans les grands groupes, il est préférable d'éviter les différences entre les filiales.

Le suivi de la politique voyages, via la mise en place d'indicateurs-clés, est indispensable. De même, les entreprises oublient souvent de communiquer autour des règles de déplacement établies, soit pour de simples piqûres de rappel, soit pour informer les collaborateurs des économies réalisées.

La réservation en ligne

Pour les voyages simples, c'est-à-dire un aller-retour, la réservation en ligne s'est imposé comme le moyen le plus facile et économique pour organiser un déplacement professionnel. En revanche, pour les voyages complexes, c'est-à-dire avec plusieurs escales ou étapes, le recours à une agence de voyages d'affaires est recommandé. En effet, grâce à sa connaissance des marchés fournisseurs, celle-ci est à même de faire gagner un temps précieux en organisant les déplacements et, la plupart du temps, d'optimiser les coûts.

Dans les grandes entreprises dont le budget voyages dépasse 20 millions d'euros par an, la réservation en ligne renvoie à l'utilisation d'un Self Booking Tool (SBT), c'est-à-dire un outil de réservation en ligne. Concrètement, il s'agit d'une plateforme logicielle interfacée avec l'offre des fournisseurs (compagnies aériennes et ferroviaires, chaînes hôtelières, loueurs de courte de durée, etc.) où sont paramétrées toutes les règles de déplacement définies dans l'entreprise.

L'utilisation d'un SBT permet donc de faire respecter la politique voyages et d'éviter que les collaborateurs ne réservent leurs déplacements sur des sites grand public, au mépris des accords-cadres signés avec des prestataires. À noter que les SBT ne sont pas nécessairement l'apanage des grandes entreprises et qu'ils peuvent être mutualisés entre plusieurs PME, via une agence de voyages notamment.

Les leviers d'économies par famille d'achats

> L'aérien

Les grandes entreprises sont habituées à négocier le prix des billets d'avion auprès d'une ou plusieurs compagnies sur les principaux axes empruntés par leurs collaborateurs. Généralement, il s'agit d'une remise arrière accordée en fin d'année et basée sur le volume d'achats réalisé. Ainsi, même si les tarifs proposés par d'autres compagnies au moment de la réservation peuvent être plus avantageux, le prix du billet de la compagnie référencée, au final, reviendra moins cher à l'entreprise.

Remise arrière ou pas, il existe d'autres moyens de limiter le coût des billets. Les spécialistes conseillent ainsi de privilégier les réservations au moins 14 jours avant la date du départ, qui plus est en achetant un billet dit à contrainte, c'est-à-dire remboursable ou échangeable moyennant une pénalité. En effet, ces billets peuvent être jusqu'à 50 % moins chers qu'un billet "classique" et plusieurs études montrent que seule une minorité de voyages d'affaires (entre 20 et 35%) sont annulés ou modifiés.

Autre source d'économies: la classe autorisée. De plus en plus d'entreprises imposent à leurs collaborateurs de réserver un billet en classe économique pour les trajets dont la durée de vol est inférieure à deux heures. Au-delà, la classe affaires reste privilégiée. Toutefois, certaines compagnies, à l'image d'Air France, proposent sur certains vols un nouveau type de classe, mi-affaires mi-économique, contribuant là encore à réduire le budget voyages des entreprises.

> Le rail

En Europe et particulièrement en France, le train s'est imposé face à l'avion pour les trajets inférieurs à trois heures. Et ce, essentiellement pour des raisons pratiques et, depuis peu, pour des considérations écologiques. En revanche, en termes de coûts, le rail ne se révèle pas moins cher que l'aérien.

Sur un marché très peu concurrentiel, seules les très grandes organisations peuvent négocier le prix des billets de train sur certains axes, via un système de remise arrière en fin d'année.

Sur le même modèle que l'aérien, la politique voyages définie dans l'entreprise peut demander aux collaborateurs de réserver leur billet au moins 14 jours avant la date de leur départ. Ces billets à contrainte, c'est-à-dire remboursables ou échangeables moyennant une pénalité, permettent, au final, de générer des économies intéressantes. De même, les voyageurs d'affaires ont plutôt l'habitude de se déplacer en première classe Pour réduire les coûts, certaines entreprises imposent la seconde classe pour les trajets inférieurs à deux heures, avec une économie moyenne de 20%.

> L'hôtellerie

De l'avis de nombreux consultants spécialisés dans les voyages d'affaires, l'hôtellerie est le poste de dépenses le plus mal maîtrisé par les entreprises, tout du moins celui pour lequel les pistes d'optimisation sont les plus nombreuses.

Tout d'abord, contrairement à une famille d'achats classique, la globalisation n'est pas toujours la solution la plus économique. En effet, il est parfois plus facile de négocier un prix avantageux auprès d'un établissement indépendant que d'une chaîne hôtelière. À condition, bien sûr, de garantir un minimum d'achat: 7000 euros par établissement estimait Carlson Wagonlit Travel (CWT) en 2011. De plus, le prix des nuitées est très fluctuant sur le marché hôtelier. Ainsi, le meilleur tarif disponible à un instant "t" est parfois inférieur aux prix négociés. Cependant, comme dans le secteur aérien, négocier les tarifs peut s'avérer avantageux si l'entreprise obtient une remise arrière accordée en fin d'année et basée sur le volume d'achats réalisé. Si le marché est à la hausse, il est vivement conseillé de négocier une clause dite "de la dernière chambre disponible", selon laquelle l'établissement doit appliquer le tarif négocié par l'entreprise, même s'il ne reste plus de chambre libre correspondant à la réservation initiale.

Un moyen radical pour réduire les coûts dans cette famille d'achats est de baisser le standing des établissements référencés, en passant par exemple d'un trois à un deux étoiles. Ainsi, selon CWT la différence de prix entre deux catégories peut atteindre en moyenne 25%. Une économie non négligeable d'autant que, toujours selon CWT les voyageurs d'affaires sont plus sensibles à la localisation de leurs hôtels, c'est-à-dire la proximité de leur lieu de travail, qu'à leur confort.

> La location automobile courte durée

Il est possible de négocier un contrat-cadre avec un ou plusieurs loueurs à partir de 50000 euros de budget annuel. Dans un premier temps, il convient de négocier les tarifs publics proposés par ces prestataires. Ces tarifs sont calculés en fonction de la catégorie du véhicule (compacte, berline, etc.) et de la durée de la location, puis exprimés en euros par kilomètre. Les remises accordées en fonction du volume d'affaires peuvent atteindre 50% des prix publics.

Pour négocier un tel accord-cadre, il faut s'appuyer sur des données très précises. Dès lors, certaines statistiques se révèlent plus pertinentes que d'autres. Par exemple, il est plus opportun de négocier un prix déterminé en fonction de la durée de location la plus fréquente dans l'entreprise (un jour, deux jours, une semaine, etc.) plutôt que de se baser sur une moyenne. Idem concernant les véhicules: plutôt que d'obtenir un barème quelle que soit la catégorie, un donneur d'ordres a tout intérêt à cibler un seul type de modèle. Dernier exemple: au lieu d'un tarif global au niveau national, voire international, les services achats peuvent négocier un prix attractif pour les destinations où les collaborateurs de l'entreprise sont amenés à se rendre et à recourir à la location courte durée régulièrement. Par ailleurs, il est possible de négocier le prix de certains services comme la livraison et la reprise d'un véhicule sur site, l'assistance (dépannage, véhicule de remplacement), etc. Il est également recommandé de négocier l'annulation des frais en cas de perte ou de vol d'un véhicule, ou encore les frais de remplissage du réservoir avant restitution.

Indépendamment du prix, certains critères sont à prendre en compte pour sélectionner un ou plusieurs loueurs: le maillage territorial, la taille du parc, l'existence de partenariats avec d'autres transporteurs (comme Air France ou la SNCF), etc. Plusieurs études, réalisées par les loueurs, montrent aussi que la lisibilité des prix et le temps d'attente au comptoir font partie des principaux critères de sélection des donneurs d'ordres.

[Avis d'expert] Brigitte Jakubowski, dirigeante de JK Associates Consulting

"Très peu d'entreprises mesurent le retour sur investissement des déplacements professionnels "

Chaque entreprise évolue au travers d'une politique générale qui, par principe, définit les grandes orientations qu'il convient de suivre ou de respecter.

Au sein de cette politique "générale", la politique de voyages d'entreprise peine à trouver sa place. Il est fort rare que la politique de voyages soit articulée à la stratégie de l'entreprise.

Une charte voyages n'est bien souvent élaborée que dans la perspective de fixer des règles internes qui contribuent au pilotage budgétaire et à la réduction des coûts. On peut dire qu'elle est essentiellement conçue comme un document "instrumental", destinée au contrôle. Son but est de pouvoir s'assurer du respect des règles par les salariés, des accords fournisseurs et des budgets engagés.

Les voyages sont, en effet, majoritairement considérés comme un coût et non comme un investissement pour l'entreprise. Seulement 20% des entreprises indiquent que le voyage d'affaires constitue pour elles un investissement plus qu'un coût, et 40% affirment être capables de mesurer le retour sur investissement de leurs voyages....

Source: Brigitte Jakubowski - " Stratégie et Management du Voyages d'Affaires " - Éditions Dunod


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