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La lutte contre la fraude documentaire est-elle rentable ?

Publié par Stéphanie Gallo le | Mis à jour le
La lutte contre la fraude documentaire est-elle rentable ?

Lutter efficacement contre les tentatives de fraude documentaire nécessite l'analyse fine de chaque document transmis (factures, RIB, documents administratifs etc). Selon les cas, il peut s'agir de plusieurs millions de documents à questionner. Avec à la clé, un coût non négligeable. Dans ces conditions, la lutte contre la fraude est-elle rentable?

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Le constat est imparable : selon le baromètre Euler Hermes/DFCG publié il y a quelques semaines, deux entreprises sur trois ont subi au moins une tentative de fraude en 2021. Et une entreprise sur cinq a fait face à plus de cinq attaques ! Avec, pour un tiers de ces victimes, un préjudice supérieur à 10.000 euros, et pour 15% d'entre elles, un préjudice de plus de 100.000 euros. La facture s'avère donc salée. Si ces fraudes ne sont pas une nouveauté dans la vie des entreprises, la généralisation du télétravail fait peser un risque supplémentaire.

Parmi les fraudes les plus observées, hormis les cyber-attaques et les intrusions illicites dans le système informatique : la fraude au président, la fraude au faux fournisseur, les autres usurpations d'identité (banque, expert-comptable, avocat et) et la fraude au faux client. "La fraude peut couter plusieurs millions d'euros, personne n'est à l'abri", rappelle Arnaud Tuffery, directeur Solutions Conformité et Fraude chez Itesoft, éditeur français basé à Montpellier et spécialisé dans la digitalisation et l'automatisation des process métiers. L'expert cite l'exemple de ce répartiteur pharmaceutique qui, au coeur de la crise Covid, avait déboursé 6,6 millions d'euros pour s'approvisionner en gel hydroalcoolique et en masques. "Le fournisseur, qui avait pourtant présenté un dossier, s'est finalement révélé être une société fantôme". Arnaud Tuffery poursuit : "aujourd'hui, on entend parler de ces fraudes dans les entreprises parce que la parole se libère. Très longtemps, ces problématiques sont restées cachées".

Une exigence de conformité VS une exigence de rentabilité

Dans le cas de ce répartiteur pharmaceutique, comme dans de très nombreux autres types de fraude, le document, qu'il soit papier ou numérique, est bien souvent au coeur de l'arnaque. "C'est vrai évidemment pour certains secteurs comme les banques ou les assurances qui reçoivent de nombreux documents concernant des demandes de prêts ou de remboursement. Mais en réalité, insiste le directeur Fraude d'Itesoft, c'est vrai pour toutes les branches professionnelles, y compris dans le B2B : un faux RIB, une fausse facture, etc."

Pour lutter efficacement contre ces tentatives de fraude documentaire, une seule solution : l'analyse fine de chacun des documents réceptionnés. Sauf que pour certaines organisations, il peut s'agir de plusieurs millions de documents à questionner. Avec à la clé, un coût non négligeable. Dans ces conditions, la lutte contre la fraude est-elle vraiment rentable ? "La rentabilité de la lutte contre la fraude est vraiment questionnable lorsque celle-ci s'appuie uniquement sur du contrôle manuel", répond l'expert en automatisation des process.

Selon la récente enquête Markess pour Itesoft, menée auprès de 45 ETI des secteurs de la banque, de l'assurance, et des services publics, la plupart des entreprises s'appuyant uniquement sur l'expertise humaine ne réussissent à contrôler que 28% des documents réceptionnés, via une méthode d'échantillonnage. "Nous parlons là du contrôle de niveau 1, par les gestionnaires métiers en général. Ce contrôle nécessite en moyenne 4 minutes par document. Pour 100.000 documents, cela représente donc déjà 4,5 ETP. Or, 90% des documents examinés à ce niveau ne sont finalement pas considérés comme suspects", note Arnaud Tuffery. Et sur les 10% jugés suspects, l'étude constate que seulement un sur trois fait l'objet d'une analyse complémentaire par un expert. "Et sur ce faible niveau de documents qui vont jusqu'au bout du contrôle, deux sur dix sont effectivement frauduleux, pour un montant moyen par dossier de 6.200 euros pour les entreprises de notre panel".

Finalement, selon l'étude Markess/Itesoft, les organisations sondées investissent 677.000 euros par an en coûts RH (montant estimé sur la base d'un coût salarial moyen de 50.000 euros par an), pour un montant de fraude récupérable évalué à 680.000 euros par an... "Nous sommes donc presque à un euro de coût pour un euro de fraude, ce n'est donc pas franchement rentable...Ceci étant dit, il ne s'agit pas uniquement d'une question de rentabilité : les entreprises doivent aussi être en conformité avec les différentes réglementations. Leur image peut souffrir de fraudes trop fréquentes".

Quelle solution alors ? Pour l'expert en digitalisation, l'issue se trouve évidemment dans l'automatisation de ces process de contrôle. "La technologie informatique permet de contrôler a priori la totalité des flux, et de manière beaucoup plus pertinente que l'oeil humain". L'enquête évalue le rapport cout/gain de la lutte automatisée contre la fraude de 1 à 12.

 
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