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Chapon de janvier ou poisson d'avril ?

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Chapon de janvier ou poisson d'avril ?

Firmin a raccroché les gants et cède sa place à Evariste aux réparties bien placées. Seconde prise de position d'Evariste qui L'occasion de parler du 1er avril dans la continuité des contrats offtake.

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Ah mes amis, il faut le savoir, l'année n'a pas toujours débuté le 1er janvier !

C'est seulement en 1564, par l'édit de Roussillon, que Charles IX (le frère de la Reine Margot) a imposé cette date, généralisée ensuite par le pape Grégoire XIII en 1582 (d'où l'appellation « calendrier grégorien »). Auparavant, le début de l'année différait dans toutes les provinces de France, certaines ayant pour tradition de la faire démarrer à la fin du Carême, vers le 1er avril, et où l'on consommait pas mal de poissons. Et, depuis Charles IX, pour tous les oublieux du calendrier officiel, des esprits facétieux ont commencé à populariser ces fameux « poissons d'avril » (Fool's day, dans la langue de Shakespeare)...

Charles IX a donc légué deux héritages à l'histoire: le massacre de la Saint-Barthélémy et les poissons d'avril. Pour nous autres, la Saint-Barthélémy des acheteurs et des fournisseurs, c'est un peu tous les jours dans certains cas, mais pour les poissons d'avril qu'en est-il ?

Eh bien, figurez-vous que certains n'attendent même pas cette date pour être facétieux et faire preuve d'annonces amusantes... par moments, dans les achats, le 1er avril, ça peut être tous les jours ! Et plus les thèmes sont à la mode, plus les blagueurs y mettent de l'entrain, ce qui prouve bien qu'on a un certain sens de l'humour dans les achats.

La relocalisation ? Chacun y va de sa sauce, en expliquant que c'est important. Ça l'est d'ailleurs tellement que, depuis que les Américains ont promulgué leur Inflation Reduction Act, tout le monde a posé le crayon en se demandant si ça ne serait pas mieux d'investir aux Etats-Unis plutôt qu'en Europe. Poisson d'avril !

Les achats responsables ? Ah ben oui, depuis 10 ans, beaucoup de progrès ont été faits, à tel point que, concernant les marchés publics, la France reste toujours en 27ème position de l'indice de perception de la corruption publié par Transparency International. Poisson d'avril !

La formation achats ? On explique doctement aux étudiants qu'ils vont sortir d'une formation d'élite, alors qu'un seul PDG du CAC40 (à vous de deviner lequel) est passé par les achats. Poisson d'avril !

Le risk management : on est les champions, alors qu'on s'est déjà bien pris dans les dents les semi-conducteurs, les matières premières, l'inflation, l'Ukraine, la Covid, et l'énergie. Et surtout : à quoi bon changer une méthode qui marche si bien ? Poisson d'avril !

Le partenariat : facile, il suffit juste qu'avec l'inflation les prix augmentent pour qu'on se mette à défourailler sec sur « les fournisseurs profiteurs » qui font de vilaines « hausses de prix opportunistes ». C'est sûr que quand les prix baissaient, il n'y avait pas trop besoin de s'occuper de Supplier Relationship Management pour certains... Poisson d'avril !

La digitalisation des achats ? 50% des projets sont des échecs, parce qu'on a voulu retranscrire en mode SaaS des processus qui n'avaient pas de sens, en prétextant que ceci serait forcément plus agile « vu qu'on fait du digital maintenant ». Poisson d'avril !

L'innovation dans les achats : on a beau dire et répéter que c'est important, ça arrive toujours en queue de peloton des objectifs individuels des acheteurs. Poisson d'avril !

Eh oui, on aime parfois tellement les poissons d'avril qu'on en entend toute l'année, on les collectionne, on les aime un peu, beaucoup, à la folie : c'en est presque devenu un concours. Untel qui n'a jamais passé les frontières du périph se prend à parler de géopolitique à Taïwan, une telle qui n'a jamais été acheteuse de sa vie se toque de conseiller les entreprises en achats : le concours est ouvert toute l'année.

Alors, et comme la tradition du 1er avril vient du Carême, on serait bien tenté de faire notre Christian Clavier national et de se demander « Mais qu'est qu'on a fait au Bon Dieu » pour en arriver là ?

Est-ce qu'Eve n'aurait pas mordu la pomme des achats, et que c'était là le péché originel ? Adam était-il vendeur, et Eve acheteuse ?

« Au commencement était le verbe » (évangile selon Saint-Jean). Mais, dans ce cas, quel était le « verbe » initial des achats, qui peut bien inciter à faire autant de poissons d'avril ? Un vieil ermite que j'ai rencontré m'a donné une phrase à méditer : « Ce qui est courbé ne peut se redresser, et ce qui manque ne peut être compté » (Ecclésiaste, 1 :15).

... Et tout cet article n'était qu'un canular: tout ça n'est jamais arrivé en entreprise, bien sûr. Poisson d'avril !

 
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