Le risque fournisseurs passé à la loupe
Quand sonne l'heure des appels d'offres, l'offre des fournisseurs, leurs compétences, leurs références, leurs positionnements sont passés au peigne fin. Mais attention à ne pas négliger l'estimation des risques qui comprend d'innombrables facettes déterminantes.
Je m'abonneDans un contexte de durcissement des contraintes réglementaires, le choix des fournisseurs devient une question épineuse. Le devoir de vigilance, la loi Sapin 2, le RGPD (Règlement général sur la protection des données) sont autant de nouveautés des dernières années qui obligent les entreprises à montrer pattes blanches quant aux garanties éthiques et de responsabilité sociale données par leurs partenaires économiques.
" A cela s'ajoute le risque économique que peut représenter un fournisseur, en terme d'approvisionnement, de qualité d'offres. Le contexte concurrentiel toujours plus tendu invite les décideurs à prendre un maximum de précautions lorsqu'il s'agit de sélectionner une société avec laquelle on souhaite s'inscrire sur une relation de long terme ", souligne Rémy Peltier, directeur des achats de CNP Assurances, et intervenant lors de la récente matinée organisée par le Club des acheteurs autour de cette problématique. Comment se prémunir de ces risques ? Quels aspects le donneur d'ordre ne doit-il pas négligés avant de s'engager avec un fournisseur ?
Plusieurs facettes semblent régulièrement négligées, notamment le monitoring des risques à réaliser très en amont. Avant même la rédaction des appels d'offres, il importe d'activer des partenariats avec des tiers de confiance pour recueillir les documents légaux de la société, avec des agences de notation financière et extra-financière afin d'obtenir des données comptables et RSE. La rédaction de rapports sociaux et la réalisation d'enquêtes documentaires permettent de se mettre en conformité avec les recommandations relatives au devoir de vigilance.
Il s'agit aussi d'évaluer d'autres risques essentiels, même si ceux-ci ne concernent aucune obligation légale, comme le taux de dépendance financière induite par la collaboration avec un acteur. L'analyse financière des 3 derniers bilans permet en outre de lever des aspects qu'on ne constate pas nécessairement par ailleurs.
Rémy Peltier explique qu'il s'agit aussi de veiller à ce que les critères RSE soient conformes aux implications chères au donneur d'ordre, par souci de cohérence : " l'implémentation de la fiche fournisseur peut ainsi concerné des question plus précises dans certains domaines. Par exemple la parité hommes - femmes et les leurs niveaux de revenus peuvent être évoqués de façon détaillée. Il peut également être pertinent de se pencher sur la moyenne d'âge qui peut dans certains cas devenir un obstacle. Si un grand nombre de collaborateurs s'apprête à partir en retraite à peu près en même temps, il en découle des problèmes de disponibilités des compétences, en particulier dans le cadre d'un partenariat à long terme avec un client. "
La relation avec les opérationnels en interne est également décrite comme très importante pour bien comprendre quels profils de fournisseurs seraient les mieux adaptés aux besoins techniques de son entreprise. " Là encore, ces précautions souvent négligées ont une incidence directe sur le risque contractuel qui en découle ", poursuit Rémy Peltier.