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La professionnalisation de la fonction achats, un levier de compétitivité à ne pas négliger !

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Créations d'entreprises
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La recherche de compétitivité est souvent assimilée à la réduction des coûts et à ce titre la fonction achats est donc considérée comme un acteur prioritaire. Cependant la compétitivité n'est pas uniquement focalisée sur les prix... Comment relever le défi de la compétitivité grâce à la fonction achats ?

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La compétitivité d'une entreprise peut se définir par sa capacité à réaliser un niveau de performance supérieur à celui de ses concurrents en termes de qualité, de caractéristiques et de fonctionnalités, tout en assurant l'attente de ses objectifs de croissance.

On dénombre deux types de compétitivité appliquée à l'entreprise : la compétitivité-prix et la compétitivité hors prix. La compétitivité prix est la capacité d'une entreprise à conquérir des parts de marché en raison d'un niveau de prix inférieur à ses compétiteurs. Cette démarche de compétitivité est focalisée principalement sur les prix et elle est de l'ordre du court terme pour répondre à la concurrence. Quant à la compétitivité hors prix, elle repose sur la faculté d'une entreprise à conquérir des parts de marché indépendamment du niveau de prix, grâce à ses capacités d'innovation, à son image de marque, sa démarche environnementale ainsi qu'à l'amélioration constante de sa productivité et de la qualité

Les effets de la professionnalisation de la fonction achats sur la compétitivité de l'entreprise

Aujourd'hui la performance est un moteur de croissance pour de nombreuses entreprises ; la compétitivité devient donc un enjeu prépondérant pour la fonction achat et plus globalement pour l'entreprise. Pour créer de la collaboration en interne avec les autres services de l'entreprise ou en externe avec les fournisseurs, il faut que la fonction achat soit soutenue par le management de l'entreprise et intégrée dans le système de management de l'entreprise, qu'elle soit légitime et donc reconnue comme capable d'apporter une valeur ajoutée (Tchokogué, Nollet, et Chiurciu, 2014). Pour y parvenir, elle doit donc se professionnaliser et s'assurer qu'elle est alignée avec les enjeux de l'entreprise. Comme le mentionne Wittorski (2008), nous nous intéresserons aux trois dimensions de la professionnalisation : l'organisation, les modes de fonctionnement et les compétences.

Les modèles d'organisations achats et les impacts sur la compétitivité de l'entreprise

L'organisation de la fonction achat s'est toujours adaptée aux évolutions et aux modèles d'entreprise, tantôt centralisée, tantôt décentralisée, tantôt mixte. Aujourd'hui, le choix du modèle d'organisation de la fonction est à lui seul un vecteur de compétitivité, mais là encore, il sera très lié à l'importance que la direction générale porte à la fonction, sa culture, son business model, et au modèle d'organisation de la fonction achat (Tchokogué, Nollet, et Chiurciu, 2014). Il est également recommandé d'intégrer l'organisation soit associée au système de management de l'entreprise.

On constate ces dernières années que les organisations achats tendent de plus en plus vers une organisation au plus près des directions opérationnelles/métiers pour permettre de mieux appréhender les besoins et apporter toutes sources de compétitivité afin d'impacter directement le compte de résultat des entités. Par ailleurs, le management global de la fonction achat est guidé par les marchés fournisseurs (couverture géographique ; niveau de maturité,...) et les organisations les plus matures construisent leur organisation à partir de ce critère.

Cela se traduit par un regroupement des compétences achats sur des postes d'acheteurs spécialisés par catégorie d'achat et par projet sur la base d'une organisation s'appuyant sur deux piliers forts ; un pilier vertical sur l'expertise des marchés fournisseurs via une organisation centralisée et hiérarchique en catégorie d'achat (« category management ») et un pilier horizontal avec une organisation projet/produit pour être au plus près des préoccupations métiers. Précisions aussi que la fonction achat peut facilement mettre en avant la performance qu'elle produit grâce à différents indicateurs. Les enjeux environnementaux incitent aussi la fonction achat à mettre en oeuvre d'autres actions de compétitivité prix et hors prix. La digitalisation de la fonction achat est aussi un facteur de compétitivité si elle est construite à partir de cas d'usage et de la valeur créée.

Les modes de fonctionnement achat et les impacts sur la compétitivité de l'entreprise

La gouvernance de la fonction achat a un impact direct sur la compétitivité de l'entreprise. Un des prérequis à la performance de la fonction achat est l'intégration de la gouvernance achat dans le système de management de l'entreprise (Calvi, Paché, et Jarniat, 2010). Cependant la fonction achat ne peut se prévaloir uniquement d'une gouvernance présentant ses modalités de fonctionnement et d'un soutien du management ; elle doit être légitime vis-à-vis de ses clients internes (Tchokogué, Nollet, et Chiurciu, 2014). Pour cela, une fonction achat doit adapter son fonctionnement, et faire preuve de flexibilité, vis-à-vis des directions métiers ainsi que des fournisseurs. Son orientation doit porter sur le développement du chiffre d'affaires et la création de valeur au travers de différents leviers (l'innovation, les achats durables, le développement de la relation fournisseurs,...). Ce mode opératoire renforce le poids de la professionnalisation dans la compétitivité de l'entreprise.

Les compétences achats et les impacts sur la compétitivité de l'entreprise

Les acheteurs doivent donc impérativement faire preuve de nombreuses compétences pour être capable de contribuer aux enjeux et à la compétitivité de l'entreprise. L'évolution des métiers de la fonction achat est synonyme de plus de complexité dans les missions et l'environnement de travail tant en interne qu'en externe. En effet, l'acheteur doit faire face à des changements de paradigme dans sa relation aux « écosystèmes fournisseurs » et aux clients internes ou externes. Le collaboratif est le maitre mot du fonctionnement, l'accessibilité aux marchés fournisseurs est de plus en plus facilité avec les nouvelles technologies (Poissonnier, Philippart, et Kourim, 2012).

Tous ces nouveaux enjeux nécessitent de disposer d'une palette de compétences importantes pour créer de la valeur. Pour atteindre les objectifs de performance recherchés, l'acheteur devra prendre en compte quatre principaux critères d'efficacité et d'efficience : l'implication amont, la résistance au changement des clients internes, l'engagement du management, et enfin la capacité à apporter et à mettre en valeur sa contribution à la compétitivité...

Les compétences clés de l'acheteur

  • Savoir se vendre vis-à-vis de ses fournisseurs et des clients internes
  • Influencer son environnement via les marchés fournisseurs pour répondre aux besoins
  • Prendre des risques pour capturer des opportunités de développement
  • Construire des nouveaux modèles économiques avec des fournisseurs en devenir (startups, PME innovantes)
  • Capter le potentiel innovant des fournisseurs et le développer
  • Apporter toute solution permettant d'optimiser le délai de mise sur le marché
  • Piloter un réseau de fournisseurs dans le cadre d'un fonctionnement en entreprise étendue
  • Générer de la performance en raisonnant en coûts complets et non plus uniquement sur le coût unique du produit
  • Accompagner la transformation de l'entreprise dans son champ d'activité via les marchés fournisseurs
  • Faire preuve de compétences relationnelles
  • Sécuriser les approvisionnements
  • Gérer les risques afin de protéger l'entreprise tout lui permettant d'innover
  • Devenir un intrapreneur aux services du chiffre d'affaires.

Sources :

Calvi, R., Paché, G., et Jarniat, P. (2010). Lorsque la fonction achats devient stratégique de l'éclairage théorique à la mise en pratique. Revue française de gestion, n°205, 6, p.119-138.

Poissonnier, H., Philippart, M., et Kourim, N. (2012). Les achats collaboratifs. Paris, France : De Boeck.

Tchokogué, A., Nollet, J., et Chiurciu, R-M. (2014). Misez aussi sur la légitimité externe de la fonction achats ! Revue française de gestion, n°239, p.143-156.

 
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