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"Nous misons sur l'innovation et l'économie circulaire"

Publié par Aude Guesnon le - mis à jour à
'Nous misons sur l'innovation et l'économie circulaire'

Eric Bouret, directeur achats de Bouygues Construction, s'appuie notamment sur "un réseau de très bons acheteurs, qui travaillent extrêmement bien de manière transversale"; "un réseau puissant et efficace", pour répondre aux besoins internes et faire grandir la maturité achats à l'international.

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Comment les achats de Bouygues Construction sont-ils organisés ?

La filière achats de Bouygues Construction comporte 520 collaborateurs répartis sur 31 pays. Nous couvrons les achats directs et indirects, du béton aux voyages professionnels, en passant par les ascenseurs, les fenêtres, la fibre optique ou les équipements de tunnels et ouvrages d'art. Le panel des catégories est donc très large, majoritairement basé sur de l'achat de matériaux et fournitures. Les achats de sous-traitance ne sont pas directement dans mon scope : ils sont majoritairement rattachés aux directions opérationnelles.

Notre dépense achats couverte est de 3,5 milliards par an, avec, ces dernières années, une croissance importante à l'international où nos équipes se développent fortement. L'un de mes objectifs est donc de faire grandir la maturité achats à l'international. L'organisation achats s'articule autour du rôle d'acheteur projet qui est le chef d'orchestre de notre réseau. En fonction de la taille des projets, en France ou à l'international, nous avons soit des équipes d'acheteurs projets, installés sur les grands chantiers, qui pilotent l'ensemble des achats liés à leur opération, soit, pour les filiales, qui réalisent une multiplicité de chantiers, des acheteurs projets, basés dans les business units, qui achètent pour l'ensemble des opérations. L'acheteur projet est la pierre angulaire de l'organisation qui gère directement ou répartit les sujets d'achats qui concernent le ou les projet(s) dont il a la responsabilité. Il s'appuie sur le réseau achats, et notamment nos directions achats marchés.

Nous avons sept grandes directions marchés : gros-oeuvre (béton, acier, éléments structurels préfabriqués), enveloppe du bâtiment, corps d'états architecturaux (menuiseries intérieures, sols , ...), M&E (ascenseurs, CVC, électricité), produits TP-génie civil, matériel, et achats indirects (intérim, voyages, véhicules, consommables de chantier, ...). Les achats indirects représentent 700 millions d'euros annuels. Les achats de prestations intellectuelles restent revanche très décentralisés. Les acheteurs qui travaillent au sein des directions marchés sont des category managers. Leur rôle est soit d'acheter directement sur certaines familles, notamment pour massifier nos volumes, soit de coordonner des acheteurs décentralisés sur les familles dont ils ont la responsabilité. Les acheteurs projets sont répartis sur quatre grandes régions : France (45% du CA de Bouygues Construction et 65 % en volume d'achats), Europe hors France, Asie/Pacifique, Afrique/Amérique/Moyen Orient.

Comment faites-vous grandir la maturité achats à l'international ?

L'internationalisation de la filière achats est un axe stratégique. Un des grands enjeux est d'harmoniser nos process et déployer les outils achats de manière globale pour permettre un meilleur fonctionnement en réseau, et faciliter le quotidien des acheteurs. Je souhaite qu'ils partagent les mêmes référentiels et les mêmes informations. Nous avons également mis en place des formations achats pour l'ensemble de nos collaborateurs, en France et à l'international. Par exemple, en juillet 2019, nous avons organisé à Sydney une session de formation intitulée "Purchasing Fundamentals" qui a regroupé des acheteurs provenant de l'ensemble de la zone Asie-Pacifique : Australie, Singapour, Philippines, Thaïlande, Chine.

Les portails d'achats internationaux constituent également un élément très important de la stratégie achats de Bouygues Construction. Il s'agit d'acheteurs basés à l'étranger, qui auditent, qualifient (notamment sur des critères RSE), consultent les fournisseurs, négocient et traitent les différents lots pour le compte de nos chantiers, où qu'ils soient dans le monde. Nous ne sommes pas du tout dans une démarche d'achats low cost. L'idée est d'être au plus près des fournisseurs best in class internationaux. Par exemple, le pôle Energies et Services de Bouygues Construction réalise des fermes solaires photovoltaïques - ces dernières années, nous en avons réalisées de nombreuses en Asie et en Australie - et naturellement, l'équipe qui achète les panneaux photovoltaïques est à Shanghaï car les fournisseurs best in class sont en Chine. Au Portugal, notre acheteur est très proche des industriels de l'ameublement et de l'agencement car ce pays dispose d'une industrie très forte dans ces domaines. Nous allons jusqu'à l'appui logistique. Nous disposons d'une structure qui nous permet de traiter la logistique de bout en bout, du EXW jusqu'au DDP/livré chantier. Etre au plus proche des meilleurs fournisseurs nous permet d'apporter de la compétitivité à l'entreprise.

Je m'appuie sur un réseau de très bons acheteurs, qui travaillent extrêmement bien de manière transversale. C'est un réseau puissant et efficace. Nous savons mobiliser très rapidement des acheteurs situés au bout du monde sur une problématique achat particulière. Ce réseau est une vraie force et nous en sommes très fiers.

Quel est actuellement, pour vous, le risque majeur dont les achats doivent se préoccuper?

Le risque RSE est clairement un enjeu majeur. La RSE est devenue un axe prioritaire pour notre organisation achats. Il y a une demande croissante des parties prenantes, externes et internes sur les composantes RSE, sur des critères sociaux, sociétaux et environnementaux. C'est une attente de l'entreprise, d'ailleurs Bouygues Construction s'est engagé depuis plusieurs années dans une démarche baptisée Responsable et Engagée. Et la fonction achats accompagne cette ambition.

Notre travail repose sur deux volets : sensibiliser et former les équipes achats sur les thématiques RSE et accompagner nos fournisseurs dans leur propre performance RSE. Depuis 2 ans, j'ai dédié une ressource à temps plein sur cette thématique. Une collaboratrice accompagne et forme les acheteurs sur ces enjeux. Elle décline l'ensemble des outils, best practices et initiatives au sein du réseau achats. Fin 2018, par exemple, nous avons créé et diffusé un guide d'achat du bois pour aider nos acheteurs dans leurs approvisionnements : reconnaître les différents certificats, différencier les essences de bois dans les cahiers des charges, mieux maîtriser sa traçabilité. Nous travaillons sur ce sujet avec WWF France, avec qui Bouygues Construction a signé un partenariat sur la "traçabilité du bois". Autre exemple, nous avons récemment diffusé aux acheteurs un guide d'achats auprès des ESAT, EA et TIH, en leur rappelant la règlementation, et donné accès à des moteurs de recherche permettant de connaître la liste des entreprises du secteur.

Pour accompagner nos fournisseurs vers une amélioration de leur performance RSE, nous avons également mis en place des audits externes. Pour nos fournisseurs sous contrat cadre, nous proposons un outil d'autoévaluation de l'Afnor, sur leur plateforme Acesia. Les fournisseurs réalisent leur auto-évaluation RSE, puis nous analysons les résultats et pilotons éventuellement des plans de progrès à travers des business reviews régulières. Pour les fournisseurs situés dans des pays listés à risques, et pour nos catégories à risques, nous nous appuyons sur un prestataire externe (SGS) qui réalise des audits RSE directement dans les usines de nos fournisseurs. A l'issue de l'audit, notre prestataire note les fournisseurs et propose des plans de progrès éventuels.

Lire la suite en page 2 : Audits fournisseurs - Politique RSE - Economie circulaire et innovation


 
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