Achats-finance : une relation qui doit encore progresser
13/20. C'est la note qu'attribuent acheteurs et financiers à leur relation d'après une étude de Synapscore et l'Essec. Si les deux fonctions identifient des thématiques communes sur lesquelles leur collaboration doit progresser, elles affichent toutefois de nombreux points de divergences. Focus.
Je m'abonneQuid des grands enjeux de la relation achats/finance ? Dans quels domaines, leur coopération est la plus critique et efficace ? Autant de questions auxquelles répond une étude sur la qualité de l'interface entre acheteurs et financiers réalisée fin 2015 par le cabinet Synapscore et l'Essec, auprès de 22 responsables achats et 14 responsables financiers ouvrant notamment dans les principaux poids lourds du CAC 40 *. Premier enseignement à tirer de l'enquête : les deux fonctions identifient trois thématiques communes prioritaires sur lesquelles leur collaboration doit progresser. A savoir, le pilotage de la performance achats, la fiabilité des budgets et les arbitrages "make or buy".
Les financiers, garants de la performance achats
Concernant, le pilotage de la performance achats (cité par 41 % des CPO et 64 % des CFO), "les financiers reconnaissent avoir un rôle clé pour aider les acheteurs à définir des indicateurs de performance alignés sur ceux des clients internes", confie Serge Dautrif, managing partner chez Synapscore, en rappelant que l'utilisation d'un référentiel de données commun permet de mieux traduire, les gains achats dans le P&L et ainsi les valider. Un levier essentiel pour mesurer la contribution des achats à la performance de l'entreprise, "les financiers se posant alors comme garants externes d'une telle performance", poursuit l'expert.
Former les acheteurs à la finance
En terme de fiabilisation des budgets prévisionnels achats (citée par 50 % des CPO et 36 % des CFO), le rôle de la finance semble varier selon les catégories de dépenses. Car si les gains sur les achats directs apparaissent bien souvent clairement dans les comptes, c'est loin d'être le cas des achats indirects où les économies réalisées par les acheteurs sont souvent réallouées dans l'enveloppe budgétaire. Résultat : il n'est pas toujours aisé de voir l'impact sur la performance financière. Last but not least, financiers et acheteurs sont d'accord pour renforcer leurs collaboration en matière d'arbitrage "make or buy" (cité par 41 % des CPO et 29 % des CFO), les premiers pouvant fournir aux seconds des modèles de calcul propres à chiffrer et comparer de manière objective les différents scénarios. "Les CFO évoquent aussi la possibilité de former les acheteurs à la finance afin qu'ils puissent mieux évaluer tous les coûts d'un projet", indique Serge Dautrif.
Risque fournisseurs : un sujet de frustration pour les achats
Mais le consensus entre acheteurs et financiers n'est pas toujours de mise, loin d'en faut ! L'étude révèle de nombreux points de discordance entre les deux fonctions, notamment des sujets propices aux synergies, seulement pour les uns mais pas pour les autres. C'est le cas de l'évaluation du risque fournisseur, citée par 32 % des CPO, mais seulement 7 % des CFO ! "Pourtant, la finance a tout intérêt à aider la fonction achats à positionner l'analyse et le suivi des risques fournisseurs au plus haut niveau de l'entreprise. Trop souvent perçu comme un sujet technique de second rang, la défaillance d'un fournisseur peut toutefois rapidement poser des problèmes juridiques et financiers très critiques", analyse Patrice Pourchet, responsable pédagogique Master Gestion des achats internationaux à l'Essec.
La couverture de la volatilité des matières premières et des changes constituent l'autre sujet sur lequel les acheteurs souhaiteraient monter au créneau, avec l'appui des financiers. Et pour cause : "les achats sont souvent en bonne posture pour anticiper l'évolution des matières premières sujettes à la volatilité et donc à collaborer avec la trésorerie sur les opportunités et les risques, mais encore faut-il que ce service forme les équipes achats concernées sur les méthodes de couverture et les taux de volatilité que l'entreprise peut ou souhaite absorber", souligne Patrice Pourchet.
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