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Le fleet management : atout face à la crise ?

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Le fleet management : atout face à la crise ?

WLTP, CAFE, Covid-19... les prestataires de fleet management ont dû s'adapter à des turbulences inédites. Leur intervention a redonné des marges de manoeuvre aux gestionnaires de flottes à un moment où l'écosystème de la mobilité professionnelle évolue à marche forcée.

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Les immatriculations ont fondu : 18 215 en avril 2020, contre 141 237 à la même période, en 2019. Les loueurs longue durée de véhicules encaissent de plein fouet l'impact de la crise du Covid-19. Depuis mi-mars, les commandes, comme les restitutions, sont au point mort, et la reprise de l'activité n'est pas un chemin de roses. "Nous sommes en train de faire des relevés de kilométrage pour voir comment réajuster les contrats de nos véhicules après deux mois sans roulage", livre Eric Bouis, directeur services généraux et achats groupe de Quartus.

La plupart des 160 berlines et SUV de fonction de ce promoteur immobilier ont pris la poussière, très peu la route. Quartus a d'emblée basculé ses collaborateurs en télétravail pendant la crise sanitaire. Ce qui n'a pas exclu quelques problèmes à résoudre en urgence : comment récupérer les voitures de fonction des collaborateurs dont le contrat s'est terminé pendant la période ? Comment faire réviser une voiture de direction en mauvais état ? Pour surmonter ces aléas, l'entreprise s'est appuyé sur son fleeter, Holson, qui a trouvé des solutions, notamment grâce à des mouvements de véhicules au sein du parc ou en récupérant ceux destinés à la restitution. Pour ce prestataire, les circonstances ont bousculé les priorités, les contraintes opérationnelles immédiates prenant le pas sur l'accompagnement stratégique.

Stéphane Montagon

"Que faire avec les commandes en cours, les restitutions, les livraisons et les prolongations de contrats ? Ce sont des décisions simples qu'il a fallu prendre à court terme", résume d'un trait Stéphane Montagnon, associé fondateur d'Holson.

Continuité de service

La crise du Covid-19 a agi comme un "stress-test", en mettant à l'épreuve toutes les relations entre donneurs d'ordres et prestataires. Pour certaines familles d'achats, le téléphone a parfois sonné dans le vide pendant deux mois. Pas chez les fleeters, qui ont redéployé leurs moyens disponibles. "Malgré une activité réduite parfois jusqu'à 20 %, nous sommes restés ouverts avec des équipes en télétravail et douze à quinze personnes sur site", évoque Théophane Courau, président de Fatec Group. Objectif : mettre les flottes des clients à l'abri des difficultés dans les mois à venir : "Nous avons mis à plat les parcs et prorogé de trois mois les contrats à terme. Nous avons aussi passé des commandes aux loueurs pour prendre date au moment du redémarrage des usines", ajoute-t-il.

Chez Winflotte Management, plus de 80 % des parcs fleetés sont restés sur les parkings, mais ce spécialiste s'est concentré sur les besoins de mobilité résiduels. "Pour les véhicules en dérive de kilométrage, nous avons travaillé sur des projections de kilomètres parcourus afin d'optimiser les véhicules disponibles en parc, quitte à en rapatrier de certains d'un secteur vers un autre. Nous avons aussi eu recours à la location moyenne durée", détaille Amandine Verdasca, directrice de Winflotte Management.

Limiter la casse

La période de déconfinement fut un enjeu, car le marché des flottes est entré en résilience : ouverture de négociations avec les loueurs pour tenter d'obtenir un geste sur les loyers, coup de frein sur le marché de l'occasion qui fait craindre une remontée des valeurs résiduelles (pour couvrir ce risque), une possible remontée des taux financiers... "Nous allons sortir d'une phase où les coûts des véhicules d'entreprise diminuaient. Désormais, ils coûteront plus cher. Le premier motif de recours au fleet management sera d'optimiser les coûts avec les fournisseurs et de rendre la gestion quotidienne moins complexe", analyse Stéphane Montagnon. Maîtriser la complexité de l'écosystème automobile est déjà le point fort des fleeters qui mettent en concurrence, dissocient des prestations, négocient des contrats cadres, contrôlent les factures... La dépense de FM peut parfois rapporter jusqu'à trois fois la mise. Mais les économies obtenues par une meilleure gestion ne pourront maintenir un équilibre satisfaisant entre les coûts et la qualité du service offert aux collaborateurs. Une accélération de la transition énergétique au sein des car policies paraît incontournable. Elle pourrait s'étendre jusqu'à la diminution de la taille des flottes, longtemps annoncée, mais jamais confirmée.

Lire la suite en page 2 : Vers le "mobility management" - Focus - Chez Quartus, le fleet management a chassé le diesel - Témoignage - Les loueurs à l'assaut du "fleet"


Vers le "mobility management"

S'il est trop tôt pour en mesurer les conséquences, nombre d'entreprises profitent de la crise pour mûrir une réflexion sur l'organisation des modes de travail et de déplacement. Une démarche qui nécessitera des ressources, pas toujours disponibles en interne, pour identifier et benchmarker les offres disponibles.

Amandine Verdasca

"Le fleet manager est en train de devenir un mobility manager en proposant une gestion de solutions alternatives telles que des véhicules mutualisés ou des compteurs de mobilité", appuie Amandine Verdasca, directrice de Winflotte Management. La palette des outils mobilisables est vaste, de la location courte durée, parfois à l'heure, aux deux-roues, aux moyens de déplacement partagés en libre-service, etc.

Une opportunité pour les fleeters de se repositionner avec une dimension plus stratégique, en complément de la maîtrise des opérations et des coûts de la gestion des flottes. "Le point commun à tous nos clients, est de nous confier des tâches qu'ils ne souhaitent pas faire en interne ou pour lesquelles ils pensent que nous leur apporteront plus de service et de valeur. Aujourd'hui, nous devons anticiper en suscitant le débat", lance Théophane Courau. Fatec Group a notamment instauré des ateliers qui permettent à ses clients de partager leurs bonnes pratiques et leurs interrogations. On y discute RSE, enjeux sociaux, ou sécurité des déplacements.

Une chose est certaine, la montée en puissance des fleeters sur la mobilité et la transition énergétique sera progressive. D'abord parce qu'elle ne concerne pas toutes les tailles de parc. "Il faut au moins 50 à 100 véhicules en parc pour que le budget devienne conséquent et visible par rapport aux autres familles de dépenses de l'entreprise", observe Amandine Verdasca. D'autant que la gestion déléguée à un coût, de l'ordre de plusieurs dizaines d'euros par véhicule. Ensuite, parce que déléguer la gestion d'une flotte résulte d'une réflexion interne. "Il faut parfois deux ou trois ans avant de signer un contrat", reconnaît la directrice. Les mois à venir verront-ils une accélération ce processus ou, au contraire, le FM fera-t-il les frais des économies des entreprises ? Quelques mois seront sans doute nécessaire pour entrevoir si l'alchimie entre le passage au WLTP et l'épisode du Covid-19 aura transformé le fleet management en plomb ou en or.

Lire aussi : Fiscalité 2021 : les flottes à l'heure du Bing-bang


Focus - Chez Quartus, le fleet management a chassé le diesel

"J'étais convaincu qu'il ne fallait pas recourir à un fleeter, car la gestion interne offre une plus grande proximité avec les utilisateurs. Aujourd'hui, dédier un ETP à la gestion de flotte me paraît trop risqué, car l'entreprise bouge", évoque Eric Bouis, directeur services généraux et achats groupe de Quartus. Ce revirement découle d'un audit commandé à Holson, qui a identifié des leviers d'optimisation, dont une révision de la car policy. Exit le diesel au profit de l'essence, de l'hybride rechargeable et de l' électrique.

D'après l'analyse d'Holson, avec les aides, des offres packagées intégrant des bornes au domicile des collaborateurs, le véhicule électrique n'est ni plus cher ni plus complexe à exploiter pour Quartus. La mise à disposition des collaborateurs, tout comme le déploiement des infrastructures, est accompagné par le fleeter. Quatre nouveaux catalogues de véhicules ont été rendus accessibles sur l'outil en ligne proposé par Holson. Le prestataire a également impulsé des renégociations de contrats avec les fournisseurs ainsi que la préparation d'un appel d'offres pour passer d'un seul loueur à trois. "Nous nous sommes rapidement aperçus que nous n'aurions pas les moyens nécessaires pour mettre en oeuvre ces propositions", concède Eric Bouis. Holson apporte des outils et une méthode moyennant un coût inférieur celui d'un ETP. En outre, les échanges entre le gestionnaire et son prestataire stimulent sa réflexion autour de nouvelles idées à proposer en interne.

Lire aussi: La mobilité hydrogène est-elle mûre pour les flottes?

Témoignage - Les loueurs à l'assaut du "fleet"

Proposer du fleet management est devenu incontournable pour les loueurs longue durée. Depuis quelques années, cette activité tire l'ensemble du marché et sa croissance ne se dément pas : 7,3 % de mieux en 2019. Selon SesamLLD, 457 000 véhicules en location sont couverts par un contrat de FM, soit près d'un quart du parc géré. La plupart du temps, il est associé à une prestation d'audit ou de conseil qui prépare l'externalisation.

Chez Alphabet, une prestation s'adresse à des clients qui ne sont pas en LLD (par exemple parce qu'ils préfèrent acheter leurs véhicules), mais qui souhaitent bénéficier du savoir-faire du loueur en matière de services : entretien, assistance, dépannage... Une autre prestation, baptisée "Outsourcing", s'adresse aux entreprises déjà clientes d'Alphabet. Son but : identifier les besoins en gestion courante (services au gestionnaire et aux collaborateurs), mais également apporter d'autres solutions.

Laurent Petit

"Nous souhaitons promouvoir un accompagnement complet, de la définition à la mise en oeuvre des moyens de mobilité de l'entreprise", résume Laurent Petit, chef du département marketing et business développement d'Alphabet.

 
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