Étendre son sourcing de prestations intellectuelles à l'international : une stratégie gagnante ?
Si vous êtes aux manettes des achats de prestations intellectuelles de votre entreprise, vous savez que le sourcing d'expertises dans la technologie, l'ingénierie et l'IT tourne actuellement au casse-tête. Face à ce défi, de plus en plus d'entreprises font le choix d'étendre leurs horizons, et d'internationaliser leur recherche de fournisseurs. Alors, bonne ou mauvaise idée ? Pour nous, la réponse est claire.
Je m'abonneLa pénurie de compétences sur les métiers de l'IT et de l'ingénierie est plus forte que jamais en France, et dans beaucoup d'autres pays. Elle touche les fournisseurs externes que sont les freelances ou les consultants, tout autant que les ressources internes à l'entreprise, en CDD ou en CDI.
Talents et fournisseurs IT : la chasse est ouverte !
Selon la 33e enquête annuelle de l'association Ingénieurs et scientifiques de France (IESF), la pandémie a accentué les pénuries structurelles d'ingénieurs, entraînant une situation "d'alerte générale". Même constat pour les profils IT : sur certaines compétences, il est de plus en plus difficile d'allier efficacité dans le sourcing et équation économique équilibrée qui ne tourne pas à la surenchère des prix.
Prenons l'exemple de la cybersécurité : plus de 15 000 postes d'experts sont actuellement non pourvus en France, d'après une étude publiée par le cabinet de conseil Wavestone en 2022.
Les experts spécialisés sont donc souvent impossibles à trouver, ou pratiquent des tarifs prohibitifs, qui les rendent tout simplement inaccessibles pour beaucoup d'entreprises. Le hic, c'est que les organisations ont profondément besoin de ces expertises externes. Elles sont souvent essentielles aux grands projets d'innovation.
En tant qu'acheteur, vous devez donc impérativement adapter la stratégie de sourcing de votre entreprise pour éviter à vos clients internes de subir de plein fouet cette pénurie de compétences en France.
Et pour ce faire, il y a une stratégie qui a particulièrement le vent en poupe : celle d'étendre son sourcing et son réseau de partenaires à l'international. Et oui, car si les fournisseurs dont votre entreprise a besoin ne sont pas disponibles en local, pourquoi ne pas aller les chercher ailleurs ?
Internationalisation du sourcing : une solution à la pénurie de compétences en local
Les viviers d'experts s'épuisent en France, mais il existe de vastes réservoirs d'expertises moins saturés dans d'autres pays. Et ces experts sont souvent attirés par le fait de collaborer avec des entreprises occidentales. Le Vietnam, la Colombie, ou encore la Hongrie figurent par exemple sur la liste des nouveaux tech hubs mondiaux, qui bénéficient d'universités de renom, d'un vaste écosystème de start-up, et de milliers de jeunes talents ayant des expertises techniques poussées.
Autre vivier de compétences particulièrement massif : l'Inde, dont les universités forment chaque année plus d'ingénieurs que les États-Unis et l'Europe réunis. L'Inde est aussi en passe de devenir un hub mondial en matière d'expertise relative à l'intelligence artificielle.
Les expertises sont donc bien accessibles, il suffit d'aller les chercher au-delà de vos frontières nationales ! À la clé, les avantages sont nombreux : une grande flexibilité, plus de diversité, et des coûts compétitifs si vous faites appel à des experts dans des pays où le coût de la vie est significativement plus faible qu'en France.
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Quelques freins subsistent toutefois au sein de certaines entreprises. Pourtant, ils sont facilement surmontables. Vous avez peur de la frontière de la langue entre vos équipes et le prestataire ? Rassurez-vous, la plupart des profils hautement qualifiés à l'étranger parlent anglais. Si vos équipes internes le maîtrisent aussi, il y a peu de risques de blocage. Vous craignez que le décalage horaire n'impacte la continuité de vos opérations ? Vous pouvez opter pour des solutions nearshore, en misant sur des fournisseurs basés au Portugal, au Maghreb ou encore en Europe de l'Est.
Outsourcing d'experts à l'étranger : comment se lancer ?
Vous pouvez choisir entre de nombreuses solutions pour mobiliser des expertises externes à l'étranger. Vous pouvez faire appel à des freelances ou à des consultants sur un modèle fixed-price ou T & M (Time and Material), ou aller plus loin en décidant d'ouvrir un Shared Service Center (SSC), ou encore un Centre d'Excellence (CoE). Il existe une multitude de cadres organisationnels et contractuels, qui s'adaptent à tous types de besoins.
Vous avez aussi un vaste choix en matière de destinations. Votre objectif doit être de trouver le ou les pays les plus adaptés à votre projet. Certains pays d'Asie sont par exemple reconnus pour leurs expertises IT régionales, comme le développement de logiciels au Vietnam, ou le BPO (Business Process Outsourcing) aux Philippines.
D'un point de vue opérationnel, il est néanmoins fortement conseillé de vous faire accompagner. Trouver un fournisseur de confiance à l'autre bout du monde nécessite en effet de pouvoir compter sur un réseau en local, et d'avoir des méthodologies spécifiques. avec par exemple des grilles d'évaluation adaptées.
Parmi les critères à prendre en compte : la capacité du fournisseur à répondre au cahier des charges et l'engagement de qualité, mais aussi sa gestion de la langue ou encore sa faculté à communiquer avec les services métiers directement impliqués dans le projet.
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Gérer efficacement l'administratif, la compliance et les coûts
Tous les aspects liés à la contractualisation et au paiement sont soumis à de fortes spécificités locales. En Inde, par exemple, il est courant que les contrats de prestation de services incluent des clauses de non-concurrence qui peuvent limiter la capacité de l'entreprise à travailler avec d'autres partenaires.
Autre exemple : aux États-Unis et au Canada, il est peu courant de se référer au taux journalier moyen car les consultants sont généralement facturés à l'heure et reçoivent des paiements deux fois par mois.
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Il est donc finalement essentiel de pouvoir compter sur un partenaire en mesure de vous faciliter la vie sur tous ces aspects administratifs et légaux, tout en garantissant la compliance de vos processus d'achats.
Un dernier point à bien avoir en tête avant de vous lancer : n'oubliez pas de prendre en compte le coût total du projet, ou Total Cost of Ownership (TCO). Imaginez par exemple, que vous deviez mobiliser un fournisseur en horaires décalés pour qu'il puisse se synchroniser avec vos équipes françaises. Un surcoût est alors à prévoir. Même chose pour les éventuels services en matière de paiement ou de conformité réglementaire, ou encore pour les déplacements que peut impliquer la gestion du projet. Notre dernier conseil est donc simple : faites attention aux coûts cachés !
Jean-Rémy Jacono, COO LITTLEBIG CONNECTION
Agé de 32 ans, il est diplômé de Grenoble Ecole de Management (2014), titulaire d'un master en management. Après des expériences internationales au sein de BMW Group, Luxottica et Danone, Jean-Rémy a rejoint Amaris à Genève en 2014. En tant que Manager puis Senior Manager, il développe les activités de conseils en technologie sur le territoire Suisse. Il est nommé COO de LittleBig Connection (Mantu groupe) en mai 2017.