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[Jeune acheteuse] "Négociation raisonnée et partenariats sont les clés des achats de demain"

Publié par Dalila Bouaziz le | Mis à jour le
[Jeune acheteuse] 'Négociation raisonnée et partenariats sont les clés des achats de demain'

Depuis 2013, Marion Courgeon, 25 ans, est acheteuse junior packaging & food chez Room Saveurs, filiale de Fleury Michon. Elle nous raconte son quotidien riche et les contraintes rencontrées dans l'agroalimentaire.

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Quel a été votre parcours universitaire et professionnel ?

Après un baccalauréat littéraire, option anglais et très attirée par l'international, j'ai réalisé une année en Langues étrangères appliquées. Souhaitant une formation davantage professionnalisante, je me suis redirigée vers un BTS Commerce international.
J'ai par la suite effectué une licence Échanges internationaux, option achat à l'IUP de Clermont-Ferrand, en 2011. Cette école m'a permis de partir durant ma première année de Master aux États-Unis et de découvrir notamment les achats publics, enseignés à Missouri State University. J'ai terminé mon cursus scolaire en intégrant le master MAI. J'ai choisi l'alternance pour cette dernière année, réalisée chez Room Saveurs (NDLR : leader de la livraison de plateaux-repas, buffets et cocktails en Ile-de-France), filiale de Fleury Michon, où je suis désormais acheteuse junior depuis 2013.

Pourquoi vous êtes-vous spécialisée dans les achats ?

Lors de ma deuxième année de BTS Commerce international, très orienté vente, nous avions abordé les achats. Intéressée par cette spécialisation, j'ai profité d'un stage chez Vandemoortele au service export pour effectuer quelques jours au service achats de l'entreprise. J'ai eu une révélation pour ce métier. Les qualités requises pour être acheteuse comme le sens de la négociation ou l'organisation collent à ma personnalité. Le relationnel est extrêmement important dans les achats, tant en externe qu'avec les prescripteurs internes.

Dans quelle famille d'achats travaillez-vous ?

Je suis acheteuse packaging mais également de prestations alimentaires. Chaque gamme a un univers et un positionnement bien distinct, avec notamment les marques Fauchon, Flo Prestige, Pleine Nature, etc. Au début de mon alternance, je me dédiais aux achats et développements de packaging ; mais je reprends depuis davantage la partie alimentaire avec notamment le développement de gammes. Cela signifie l'intégration en amont du service achat dans tout le processus de créativité et de R & D des recettes d'une gamme.

Quels sont les missions et les défis que vous avez à relever au sein de Room Saveurs ?

Je suis chargée de lancer les appels d'offres du portefeuille packaging et de les négocier. Ma mission consiste également à gérer une gamme de plateaux-repas via le développement de recettes, conjointement avec une chef de produit.
Au sein du secteur du traiteur/plateaux-repas, nous sommes actuellement leader mais nous devons garder notre avance sur la concurrence. Nos défis clés sont donc l'innovation et la différenciation. En tant qu'acheteuse, je me dois de maintenir une veille active ; notamment sur les packagings, les nouvelles techniques d'impression et papiers, mais également sur les tendances food du moment, ainsi que sur les matières premières originales et saines, etc.
Nous sommes extrêmement concurrencés sur les origines de nos approvisionnements : made in France pour le packaging et locavore pour l'alimentaire, mais également sur tout l'aspect RSE.

Pourquoi avez-vous voulu travailler dans l'agroalimentaire ?

Mon père est chef de cuisine, je baigne dedans depuis toute petite. C'est lui qui m'a donné le goût pour la cuisine. Depuis, ma gourmandise et ma curiosité me poussent à découvrir toujours plus de saveurs - qualités plutôt indispensables chez Room Saveurs ! De plus, j'aime le fait que ce secteur nous demande rigueur et suivi afin de s'assurer de proposer des produits de qualité aux consommateurs.

Comment se passent vos achats ?

Nous travaillons, comme dans l'industrie de la mode, avec deux collections : Automne-Hiver et Printemps-Été.

Cela nous permet de travailler des produits de saison, et d'assurer un certain roulement de recettes auprès de nos consommateurs. Tant pour l'alimentaire que le packaging, nous sommes sur des consultations et développements lancés une année en amont. Ce temps nous permet de combiner la réflexion créativité/développement conjointement avec nos fournisseurs, ainsi que les différents tours de négociation et finalisation. La majeure partie de mon travail consiste tout de même à suivre la bonne exécution de nos engagements : délais, qualité, facturation, etc.


Avez-vous de grosses contraintes RSE ?

Room Saveurs étant une filiale du groupe Fleury Michon très investi dans la RSE, cette dernière est devenue notre leitmotiv.

Éco-conception des packagings, suppression des sous-conditionnements, nos cahiers des charges prônent la RSE auprès de nos fournisseurs. Nous estimons avoir économisé près de cinq tonnes de carton par an grâce à ces mesures.

Nous challengeons également beaucoup notre panel sur les origines de nos approvisionnements, et avons réussi à rapatrier 30% de nos coffrets en France, et 100% de nos volailles sont françaises.

Comment gérez-vous les relations avec la direction marketing ?

Je suis en interaction permanente avec le service marketing, notamment sur les sujets packaging. Ils font partie de mes prescripteurs internes; et une communication efficace avec eux est indispensable. De plus, afin d'être proactifs sur leurs besoins, nous mettons en place actuellement des "Innovation Days", échanges entre le service marketing et nos fournisseurs pour trouver de nouvelles idées de développements mêlant créativité et technique.

La réalité du métier est-elle différente de ce que vous aviez imaginé ?

Certains cours et cas pratiques reflétaient la réalité du métier d'acheteur comme la stratégie, le lancement des appels d'offres et analyses, la négociation par exemple. C'est d'ailleurs cette dernière caractéristique, la négociation, que tout le monde retient de notre métier, alors qu'elle ne représente qu'une petite partie de notre quotidien.

Je ne m'attendais pas à être aussi polyvalente, et c'est ce qui me plaît.

Qu'aimez-vous dans ce métier ?

J'aime l'interaction que nous avons avec les différents services internes. Nous sommes une vraie interface entre l'interne et l'externe, et nous devons tirer profit de cette position. En effet, en tant qu'acheteuse je me dois d'être proactive auprès de mon panel de fournisseurs pour y puiser l'innovation et la différenciation. Les notions de négociation raisonnée et de partenariat sont pour moi les clés des achats de demain.

Êtes-vous tentée par le public ?

Je n'ai encore travaillé que dans le secteur privé. Cela me convient car, à mon sens, le privé offre davantage de possibilités dans le secteur agroalimentaire. Je ne suis néanmoins pas fermée à l'idée de travailler dans le public si une opportunité se présente.

Comment vous projetez-vous dans 10 ans ?

J'ai la chance à l'heure actuelle d'avoir un poste polyvalent, avec une casquette développement. Je souhaiterais conserver cette dimension pour évoluer vers un poste avec davantage de responsabilités, axé acheteuse-chef de produit. De plus, le secteur de l'agroalimentaire m'anime, mais reste proche des autres secteurs, comme celui des cosmétiques, vers lequel je pourrais évoluer en cas d'opportunités. Mes choix de carrière pourront notamment être liés à l'aspect international que j'aimerais amplifier.

 
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