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Impact des visioconférences sur la charge mentale

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Impact des visioconférences sur la charge mentale

En quelques mois, les classiques réunions physiques ont été abandonnées au profit des visioconférences. Mais quel est l'impact que ce changement peut avoir sur la santé... et la performance ?

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En matière de santé mentale, des chercheurs en psychologie de l'université de Stanford alertent sur le risque de fatigue psychologique liée à l'usage intensif des outils comme Zoom, Teams ou Meet. On parle désormais du phénomène Zoom-fatigue qui se traduit par un sentiment d'épuisement face à l'accumulation de ces réunions virtuelles.

Plusieurs phénomènes expliquent cet état. Tout d'abord, il existe une fatigue visuelle liée à la fixation prolongée de l'écran, soit la "synchronie". C'est un décalage entre l'image et le son de quelques millisecondes, suffisant pour demander un effort supplémentaire au cerveau.

Ensuite, l'absence de signaux non-verbaux (les gestes, expressions, micro-expressions...), qui habituellement facilitent la compréhension claire des messages et des intentions lors d'une interaction, demande beaucoup plus de concentration qu'un échange en face à face. On sait également, grâce aux recherches en neurosciences, que la distribution de la parole dans un groupe est réglementée de manière inconsciente, grâce aux signes non verbaux. En visio, il devient donc très difficile de trouver un rythme spontané et les participants vont beaucoup plus souvent se couper la parole ou prendre la parole en même temps.

Pour terminer, les participants d'une visio sont obligés de visualiser un nombre important de visages simultanément. Ils voient le leur en permanence avec ses petits et ses gros défauts, ce qui n'arrive que très ponctuellement en temps normal. Cela peut générer de l'anxiété et de la fatigue mentale.

Après une "période d'euphorie" où la visio a été considérée comme la réponse absolue au télétravail, il est évident aujourd'hui que, s'ils facilitent les échanges à distance, Zoom, Slack et Teams doivent être utilisés avec parcimonie au risque d'en dégouter la plupart des utilisateurs.

Qu'en est-il de notre performance?

Il est courant de considérer que la performance d'un salarié est étroitement associée à son engagement. Cet engagement serait lié au fait que le salarié se sent responsabilisé dans la gestion de son activité professionnelle. Le télétravail nécessite une autonomie plus grande et, de ce point de vue, il est possible d'imaginer qu'il a favorisé la performance des entreprises. Or, prudence ! Cela dépend de chaque salarié. Avec la mise en oeuvre rapide du télétravail, beaucoup ont dû rapidement gérer de façon autonome leur activité. Pour un certain nombre, cela a été une catastrophe : peur de se tromper, perte de repères, non maîtrise des outils de communication. La performance n'a pas été au rendez-vous en dépit des outils de communication mis à leur disposition.

En télétravail ou pas, les collaborateurs utilisent tous diverses messageries et souvent de façon inappropriée. Selon certaines études, on regarderait sa boîte mail environ 15 fois par jour. La messagerie instantanée constitue un levier de distraction majeur : sollicitations permanentes, notifications à toute heure, "channels pas toujours très professionnels". Elle empêche une concentration de qualité et durable et encourage le multitasking, qui est le principal frein à la productivité. A chaque fois qu'on change de tâche, il y aurait une " pénalité cognitive " de 23 minutes...

Aujourd'hui il n'y a pas de preuves scientifiques pour affirmer que le télétravail et les outils de communication associés améliorent la performance au travail de leurs utilisateurs.

Néanmoins, entre le premier confinement et aujourd'hui, on constate une amélioration de la capacité à réaliser les activités à distance et du sentiment d'efficacité des salariés (source : Anact Consultation 2021) lié notamment à une meilleure appropriation des outils.

Malgré ses défauts, le télétravail a permis dans beaucoup d'entreprises de faire évoluer les habitudes et les organisations du travail. Les systèmes de reporting sont moins lourds et ont fait gagner les salariés en autonomie. Les modèles de management ont évolué (ou sont en cours d'évolution) en s'orientant vers un management plus responsabilisant. Cela génère de la motivation et de la confiance, qui participent à la performance.

Par ailleurs, une messagerie bien utilisée apporte de la performance et du confort au quotidien : communication en temps réel, format plus direct, échanges concis. Elle permet de garder une forme de lien social moins puissant que le contact direct mais néanmoins essentiel.

La solution ne viendra donc pas d'un nouvel outil magique censé booster notre productivité, mais plutôt de la capacité à chacun à les intégrer à de nouvelles organisations (apprendre à se défaire de Zoom ou Slack, s'interroger de la pertinence de chaque réunion et de son format, mettre en place de nouvelles habitudes pour ne regarder sa boite mail que quelques fois dans une journée et l'assumer, etc.)

Le télétravail reste de mise mais en mode hybride : pourquoi ne pas profiter de ces moments à distance pour les réserver aux activités qui nécessitent concentration et réflexion sans se laisser polluer par les notifications permanentes ?

Pour en savoir plus

Pascale Andriot : coach et consultante en ressources humaines au sein du groupe SVP, elle accompagne les dirigeants et les responsables RH.

 
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