Innover autrement: le rôle clé des achats pour intégrer les expertises externes
Si les ressources internes restent un pilier essentiel de l'innovation, elles ne suffisent pas toujours à répondre à la diversité et à la technicité croissantes des besoins. Les compétences nécessaires sont souvent très pointues, parfois rares et évoluent au rythme effréné des technologies.

Les prestations intellectuelles - qu'il s'agisse de consultants, de freelances ou d'experts métiers - s'imposent comme un levier stratégique, permettant aux entreprises de gagner en agilité, en réactivité et en capacité d'expérimentation. Mais encore faut-il savoir intégrer ces expertises externes dans une démarche structurée et agile. Dès lors, comment les entreprises peuvent-elles les exploiter efficacement pour nourrir et accélérer leur innovation ?
Les entreprises ne peuvent plus innover seules
L'innovation reste au coeur des enjeux de compétitivité des entreprises, mais les conditions pour y parvenir ont profondément changé. Face à l'accélération des cycles technologiques, à l'émergence constante de nouveaux usages et à la pression du time-to-market, il devient difficile de tout internaliser. L'époque où l'innovation reposait exclusivement sur des départements R & D isolés, fonctionnant selon des cycles longs et relativement fermés, est révolue.
Les compétences nécessaires à l'innovation d'aujourd'hui - data, cybersécurité, IA, cloud, UX, etc. - sont à la fois plus spécialisées, plus volatiles et parfois indisponibles en interne. Certaines expertises n'existent tout simplement pas dans les équipes en place ou sont trop récentes pour avoir été intégrées durablement dans les organigrammes. Par ailleurs, les talents qui maîtrisent ces sujets sont souvent eux-mêmes indépendants.
En parallèle, les équipes internes sont souvent mobilisées sur le fonctionnement quotidien ou les projets stratégiques à long terme. Cela laisse peu de place à l'expérimentation rapide, à la prise de risque contrôlée ou à l'exploration de pistes nouvelles, pourtant essentielles à une innovation réellement agile et différenciante.
Dès lors, faire appel à des expertises externes ne traduit pas une faiblesse organisationnelle, mais une adaptation stratégique. C'est une manière d'enrichir les réflexions, d'élargir les angles de vue, de challenger les approches internes... et surtout, de gagner en vitesse d'exécution. L'innovation devient alors un processus hybride où l'intelligence collective se construit au croisement des savoirs internes et de l'apport ciblé d'expertises externes.
Des expertises externes pour innover vite, bien et durablement !
Quand la rapidité d'exécution fait la différence entre une idée prometteuse et une innovation concrétisée, la capacité à mobiliser rapidement des compétences opérationnelles devient déterminante. En s'appuyant sur des prestations ponctuelles, les entreprises peuvent lancer un prototype, tester une hypothèse, ajuster une approche, sans attendre de structurer une équipe complète ou de recruter des profils rares. Cette logique "test and learn", facilitée par l'intervention d'experts externes, permet de raccourcir les cycles d'innovation et de prendre des décisions plus éclairées.
Ce mode de fonctionnement apporte aussi de la flexibilité. Plutôt que de multiplier les recrutements ou de créer des équipes permanentes pour des besoins temporaires, les prestations intellectuelles permettent d'adapter les ressources à la réalité des projets, sans alourdir la structure de l'entreprise. Les coûts fixes sont ainsi limités et les risques liés à des investissements lourds réduits, tout en conservant une marge de manoeuvre stratégique. Cela vaut particulièrement dans les phases amont de l'innovation, où l'issue d'un projet n'est pas toujours certaine mais où le besoin d'avancer rapidement est bien réel.
Renforcer la collaboration RH et achats
Cette agilité doit se traduire concrètement dans les modes de collaboration. Intégrer une expertise externe dans un projet d'innovation ne peut pas se faire sans un cadre clair, structuré mais fluide. Cela implique des processus achats et RH capables d'aller vite, sans renoncer à la rigueur. Une contractualisation trop longue, un onboarding complexe ou un manque de visibilité sur le périmètre de la mission peuvent freiner l'efficacité attendue. À l'inverse, un pilotage bien pensé - avec des objectifs clairs, un référent côté client, des points d'étape définis - favorise l'intégration des experts et renforce leur contribution.
Les achats, innovation partners ?
Dans cette optique, les directions achats deviennent des partenaires stratégiques de la direction innovation. En facilitant l'identification des bons profils, en encadrant les relations contractuelles et en assurant le suivi des prestations, elles contribuent activement à la réussite des projets. Ce sont elles qui, en structurant les collaborations tout en laissant place à l'agilité, permettent à l'entreprise de tirer le meilleur de ses expertises externes. Les directions achats ont donc ici, un rôle clé à jouer, celui de fluidifier l'accès aux talents. Et notamment par le cadrage des collaborations, elles contribuent directement à la performance des projets d'innovation.
Pour aller plus loin : Nicolas Ruban est CEO d'iSupplier. Du même auteur, vous pouvez aussi consulter: "Pourquoi la fonction achats devient un levier de performance financière".
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