IA & Achats: Premières concrétisations au Groupe Crédit Agricole

Pour structurer cette démarche IA de test & learn, le collectif s'est appuyé sur une méthode en trois étapes. Cadrer un cas d'usage et ses objectifs, cartographier les tâches et les données associées, puis tester la faisabilité technique avant d'en mesurer les bénéfices.

« Pas de données, pas d'IA », rappelle Mathieu Magné, directeur général chez By.O Group. Une leçon clé alors que 20 % des cas explorés ont échoué par manque de données accessibles ou fiables. À l'inverse, lorsque les conditions sont réunies, les résultats sont probants. L'initiative s'est ainsi appuyée sur la plateforme MIA de Digitalent, un éditeur français d'IA no-code disposant de plus de 70 modèles d'algorithmes, notamment ceux d'OpenAI, Mistral ou Meta. Un environnement sécurisé par des serveurs privés a permis de garantir la confidentialité des données manipulées.

Un agent IA-achat pour automatiser les achats récurrents

Premier cas d'usage concluant, l'automatisation du processus achat pour les prestations intellectuelles au sein de Crédit Agricole. L'objectif était de soulager les prescripteurs internes d'une partie des tâches administratives les plus répétitives. Résultat, un agent IA capable de générer automatiquement un cahier des charges à partir d'une bibliothèque de prompts, d'identifier les fournisseurs pertinents à consulter, et même d'estimer un budget sur la base de données historiques.

« Nous sommes partis d'un historique de 700 projets d'achats enrichis avec nos référencements internes », explique Guillaume Duny, responsable de la digitalisation des achats pour le Crédit Agricole. La structure a permis de produire des livrables conformes aux trames standards, tout en accélérant les délais et en sécurisant les consultations. Si le projet n'est pas encore industrialisé, il ouvre une voie crédible vers une automatisation raisonnée de certaines typologies d'achats.

Des bénéfices mesurés et un potentiel à industrialiser

Au-delà de l'expérimentation, plusieurs enseignements émergent. D'abord, la capacité de l'IA à traiter des formats variés, du texte à l'audio, à condition de disposer de données d'entrée bien structurées. Ensuite, l'importance de l'accompagnement humain, tant pour le paramétrage des outils que pour leur adoption. Enfin, l'utilisation séquentielle de plusieurs IA, orchestrées sous forme d'agents, se révèle particulièrement prometteuse.

Pour By.0 Group et les directions achats impliquées, l'enjeu désormais est d'élargir le périmètre des expérimentations et de passer progressivement à l'intégration dans les processus achats existants. L'initiative, qui s'inscrit dans une dynamique collective, pourrait amorcer une nouvelle ère pour les fonctions achats, entre performance augmentée et repositionnement stratégique.