Chute inattendue de la production industrielle, quel impact pour les achats et la supply ?
La production industrielle tous secteurs ralentit. En conséquences, surstocks et tensions géopolitiques (et sans compter la baisse de consommation des ménages) contribuent à une nouvelle hausse des prix. Analyse par l'économiste Charlotte de Montpellier du groupe ING sur les risques financiers et les conséquences sur les chaînes d'approvisionnement.

La production industrielle européenne subit une forte contraction, traduite par une baisse générale de l'activité depuis deux ans. Charlotte de Montpellier, macroéconomiste pour ING analyse: « la production des produits finis est globalement en baisse, en raison notamment d'une demande extrêmement faible » . En clair, la production industrielle française s'est contractée de 0,6 % en janvier, après une baisse de 0,5 % en décembre, confirmant un début d'année difficile. L'industrie manufacturière, quant à elle, a reculé de 0,7 % après un repli de 1 % le mois précédent. "Même si le secteur du matériel de transport a enregistré un rebond après une forte chute en décembre, la majorité des branches voient leur activité diminuer, indiquant une faiblesse généralisée", segmente l'économiste.
Les niveaux de stocks, déjà accumulés durant des périodes d'activité plus forte, ne se réduisent pas, et créent un frein notable à la relance. Les enquêtes auprès des entreprises industrielles montrent clairement que le principal problème rencontré est ce déficit de demande, provoquant ainsi une production réduite pour plusieurs secteurs.
Minimiser les risques financiers et les fluctuations de devises
Les entreprises se trouvent contraintes de revoir leur gestion financière, notamment pour pallier la volatilité des taux de change. "Une entreprise dotée d'une usine aux États-Unis doit lputôt opter désormais pour des emprunts en dollars afin de limiter l'impact des variations entre l'euro et la devise américaine", illustre Charlotte de Montpellier. Ce réajustement illustre une volonté de minimiser les risques liés aux incertitudes économiques et géopolitiques qui perdurent depuis l'élection de Donald Trump, et qui continuent d'influencer les fluctuations des devises et des tarifs douaniers.
Gestion locale des fournisseurs et stratégies d'approvisionnement
Pour sécuriser leur chaîne de valeur, les industriels privilégient désormais des partenariats avec des fournisseurs locaux. « Pour un marché régional, il est devenu stratégique de s'approvisionner en intrants locaux, évitant ainsi des risques liés aux chaînes internationales trop étendues, indique Charlotte . Cependant, certains acteurs conservent une approche internationale en maintenant une liste de fournisseurs de secours, permettant de pallier rapidement tout arrêt de production dû aux tensions commerciales ou aux fermetures de frontières. Cette dualité dans la gestion de l'approvisionnement montre à quel point la gestion des stocks et des fournisseurs est désormais un enjeu de premier ordre.
Impacts macroéconomiques et secteurs sensibles
L'accumulation de surstocks accentue les cycles économiques en créant des effets d'amplification tant lors des phases de ralentissement qu'au moment d'une éventuelle reprise. « Le surstockage conduit à une hausse des prix plus fréquente, accentuant ainsi l'inflation », décortique l'économiste . Dans des secteurs comme l'industrie automobile, les défis se multiplient. La concurrence des fabricants chinois et les problèmes structurels liés aux coûts énergétiques et aux taux d'intérêt élevés illustrent bien la vulnérabilité de certains domaines. Par ailleurs, les entreprises, notamment celles actives à l'international, ajustent leurs stratégies en fonction des risques et préfèrent désormais une autonomie régionale en matière de gestion financière et logistique. Ces mesures témoignent d'une adaptation nécessaire pour naviguer dans un environnement économique marqué par l'incertitude et la complexité des interactions internationales. Charlotte de Montpellier conclut : « La situation économique reste dégradée. L'inflation n'est plus l'ennemi principal, mais la faiblesse de l'activité économique l'emporte, en partie à cause de l'incertitude entourant le budget et les décisions gouvernementales. Les risques de nouveaux tarifs douaniers et la dégradation du climat de l'emploi, qui atteint son niveau le plus bas depuis mars 2015, accentuent la prudence des entreprises »
Selon les prévisions, le PIB français devrait croître de 0,6 % en 2025, en recul par rapport à 1,1 % enregistrés en 2024.
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