Relocalisation, traçabilité, gestion des risques, nouvelle priorité des achats ?

La souveraineté industrielle et la relocalisation des approvisionnements s'imposent comme des leviers incontournables pour les acheteurs. C'est l'un des messages-clés portés lors des Universités des Achats 2025 organisées par le Conseil National des Achats (CNA). Pour David Licour, vice-président du CNA Hauts-de-France, « la fonction achats est en première ligne face aux bouleversements liés aux hausses de droits de douane et aux ruptures d'approvisionnement ».

Géopolitique et sourcing international : vers un retour au local

L'actualité internationale, notamment les décisions du gouvernement américain en matière de barrières douanières, contraint de nombreux acheteurs à revoir leur stratégie de sourcing. « On va devoir relocaliser un certain nombre de productions. Ce n'est plus une option, c'est une nécessité », prévient David Licour. Une tendance confirmée par les tensions sur les chaînes d'approvisionnement observées depuis la crise sanitaire, mais aussi par les risques économiques liés à la volatilité des prix et à la rareté de certaines matières premières.

Cartographier les risques fournisseurs, en France comme à l'international

La gestion des risques devient ainsi un axe structurant de la stratégie achats. « Il est absolument indispensable de mapper ses risques fournisseurs », insiste David Licour, qui rappelle l'importance d'une analyse fine de la criticité des fournisseurs, quel que soit leur périmètre géographique. Cette démarche conditionne désormais la capacité des entreprises à tenir leurs engagements clients, à maîtriser leurs coûts et à sécuriser leur performance industrielle.

Traçabilité, mutualisation, relocalisation : des modèles à suivre

L'initiative TRASCE dans le secteur cosmétique, qui fédère non loin d'une vingtaine d'acteurs autour de la traçabilité et de la durabilité, illustre cette nouvelle dynamique collective qui retient particulièrement l'attention de David Licour. « l'initiative de la SNCF pour relocaliser la filière lin destinée aux vêtements de travail est bluffante », témoigne-t-il. Un projet qui conjugue relocalisation complète, circuit court et transformation industrielle sur le territoire.

Un métier en transformation : de l'acheteur au stratège géoéconomique

Ces évolutions redéfinissent les compétences attendues chez les acheteurs. Le traditionnel triptyque coût, qualité, délai s'élargit à des domaines jusqu'ici réservés à d'autres fonctions de direction ou d'analyse stratégique. « Il faut une connaissance de la géopolitique, des filières industrielles et de l'évaluation des risques. Ces compétences doivent être renforcées dans les formations et développées en entreprise », met en garde David Lécour.