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Publié par Marie-Amélie Fenoll le | Mis à jour le
François Blanckaert, CPO de Sodexo
© Corentin Mossière
François Blanckaert, CPO de Sodexo

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Concernant la gestion des risques achats, on parle de risques alimentaires, de risques éthiques liés à l'industrie textile, ... Aujourd'hui le bien-être animal devient également une préoccupation majeure dans un secteur comme le vôtre.

Le bien-être animal est une priorité. Ainsi Sodexo est à l'initiative de la Global Coalition for Animal Welfare (GCAW) lancée en 2018 et qui regroupe aujourd'hui de grands noms de la production et de la restauration comme Nestlé, Unilever, Elior Group, Sodexo et IKEA. (NDLR : " La coalition a pour objectif de lever les obstacles fondamentaux à l'amélioration des conditions d'élevage des animaux, d'accélérer le développement de nouvelles normes, et d'être vecteur de progrès sur les principaux enjeux de bien-être animal ". Le GCAW s'engage sur le bien-être des poissons d'élevage ou des normes mondiales pour le transport et l'abattage, ...)

Autre exemple. On travaille depuis plus de 20 ans avec les poulets fermiers de Loué et dans ce cadre on s'est engagé sur le respect du bien-être animal et plus précisément ici dans le cadre de l'European Chicken Commitment.

De même, nous travaillons depuis plus de 10 ans avec WWF sur les produits de la mer. On achète beaucoup de poisson et chaque année, WWF nous apporte son support technique pour éditer notre catalogue d'achats. Ce qui nous permet d'exclure de notre catalogue d'achats des espèces qui seraient en danger, protégées ou en voie de disparition. Ainsi, tous les acheteurs de Sodexo dans le monde sont obligés de respecter ce guide d'achat. Cela s'inscrit dans le respect de la biodiversité.

Justement, outre l'aspect respect de la biodiversité, comment les achats s'inscrivent dans une politique de protection des ressources et de respect de l'environnement ?

On connaît les impacts environnementaux des activités humaines agricoles qui sont en partie à l'origine du dérèglement climatique. C'est pourquoi on a un agenda clair de réduire nos émissions carbone de 34% d'ici 2025 sur les scopes 1,2 et 3. On travaille aussi sur le sujet de la déforestation grâce à des partages d'objectifs avec nos fournisseurs.

Nous avons aussi supprimé tous les plastiques à usage unique (pailles, couverts) dès février 2021 en Europe dans le cadre de la législation européenne. Au-delà de l'élimination du plastique, on réfléchit à des alternatives et à des solutions issues de l'économie circulaire pour éliminer à terme les emballages à usage unique. Nous développons par exemple des systèmes de consignes chez nos clients et remplaçons ainsi les contenants jetables par des contenant en verre.

Enfin, nous réfléchissons aussi à développer des filières d'aliments qui ont disparu ou peu utilisé et qui auraient un impact moindre sur l'environnement. Nous avons par exemple déployé le programme "Future 50" en 2019 destiné à réintégrer dans nos recettes 50 aliments " bons pour la planète ", c'est-à-dire avec un impact moindre sur l'environnement, tout en garantissant une alimentation saine, variée et équilibrée.

Vous êtes très engagé dans le leadership de vos équipes. Comment cela se traduit-il ?

Oui, c'est un aspect très important car je veux faire de la relation un avantage concurrentiel. Dans une organisation mondiale, nous devons gérer les problématiques de différences de cultures tout en ayant un langage unique. Les objectifs peuvent être différents mais ils doivent être convergents. C'est cela la beauté du métier d'acheteur : c'est être capable de répondre à toutes ces contradictions. Le métier d'acheteur nécessite des compétences très larges, une approche rationnelle, analytique, orientée chiffres mais aussi un état d'esprit créatif, intuitif et inspiré. Sur les sujets RSE, on a même besoin d'avoir quelques activistes dans le bon sens du terme, qui vont nous chatouiller et accepter les challenges. C'est formidable de réussir à créer des équipes aussi variées ! Enfin, c'est du collaboratif pour construire des stratégies d'achats. On va utiliser l'intelligence collective pour trouver des solutions à une problématique très complexe.

GCAW, "Business for Inclusive Growth" , ... Vous êtes engagés dans de nombreuses coalitions et groupes de travail. Vous estimez qu'on est plus forts ensemble ?

Evidemment. On peut réaliser de micro-actions et construire des relations durables mais on ne peut pas changer le monde tout seul. C'est pourquoi on a besoin de s'entourer de nombreux experts sur tous ces sujets. C'est vraiment la clé du succès. S'engager dans des coalitions permet d'avoir un effet de masse et donc plus d'impact. C'est important pour faire évoluer de façon équitable toute une industrie. On peut aussi davantage interagir avec les législateurs. C'est vraiment cette notion de regrouper à la fois les acteurs des filières et le public et le privé qui va nous permettre d'adresser des problématiques très complexes.

Par exemple, Sodexo est un membre fondateur de la coalition " Business for inclusive Growth " qui regroupe une quarantaine de très grandes entreprises mondiales (Danone, L'Oréal, Axa, Unilever, Vinci, ...) et qui lutte contre les inégalités, de revenus, d'opportunités. Nous travaillons par exemple sur des problématiques de respect des droits humains ou d'achats inclusifs. L'ambition est de mettre en place des pilotes en commun avec des outils vraiment concrets qu'ensuite on pourrait potentiellement reproduire à plus grande échelle.

Selon vous, comment les achats peuvent changer le monde ?

A mes yeux, les achats responsables sont la clé pour avoir un impact positif. Car ce qui est vraiment intéressant dans toutes ces expériences d'achats responsables c'est de démarrer à l'échelle de pilote pour ensuite les déployer au niveau mondial à grande échelle. Par exemple, on démarre tout petit avec le développement de la filière lentilles bio dans les Yvelines avec 20 tonnes de production. On teste une méthodologie, des relations avec des associations, des producteurs. On l'adapte et on l'améliore au fur et à mesure que l'on déploie sur d'autres filières et dans d'autres régions.

Ainsi, l'enjeu futur des achats, selon moi, c'est d'arriver à reproduire à grande échelle ces pilotes. Car avec la taille de Sodexo et nos volumes d'achats, on a vraiment le potentiel gigantesque d'avoir un impact visible sur la planète et sur les hommes. C'est un moteur déterminant pour les acheteurs aujourd'hui.


Sodexo en bref

1966 : Pierre Bellon crée la Société d'exploitation hôtelière : Sodexho ( pour SOciété D'EXploitation HÔtelière, aériennes, maritimes et terrestres). La PME française se positionne alors sur un créneau novateur : la restauration collective.

1983 : Introduction à la Bourse de Paris.

1987 : Sodexho rachète Chèque Restaurant.

1991 : L'entreprise devient le restaurateur officiel du Tour de France. Le contrat a été renouvelé jusqu'en 2023.

2008 : Sodexho devient Sodexo.

2011 : Sodexo rachète le groupe de gastronomie Lenôtre au groupe Accor.


 
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Marie-Amélie Fenoll

Marie-Amélie Fenoll

Journaliste

Journaliste depuis près de 6 ans, j’ai rejoint l’univers des achats et de la presse professionnelle en 2010. Un nouveau monde s’est ouvert à [...]...

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