La crise, nouveau tube de l'été ?
Crise de l'énergie et de l'huile d'olive sur le Vieux continent, crise du modèle en Empire du milieu... Les crises se mettent au diapason de la météo ! Quoi qu'il en soit, Olivier Lechevalier, fondateur de Defthedge nous en livre quelques enseignements.
Je m'abonneQu'observe-t-on sur les marchés des matières premières ?
La mauvaise santé de l'économie chinoise est le thème de l'été. La Chine ralentit, elle est probablement en récession (si on prend en compte les standards chinois), la Chine baisse ses taux, la Chine a décidé de ne plus publier le taux de chômage des jeunes. Tout cela n'est pas terrible. Il y a une vraie crise du modèle chinois (des économistes évoquent le risque d'une japonisation de l'économie). Ce n'est pas seulement conjoncturel. La dégradation économique en Chine a entraîné des répercussions négatives sur l'ensemble des matières premières. Le dernier rapport « Commitment of Traders » du CFTC américain montre que les spéculateurs sont désormais positionnés à la vente sur toutes les matières premières, en particulier les métaux, du fait de la déception chinoise. Il y a toutefois une exception : l'énergie. Mais même le marché de l'énergie montre ici et là des signes de faiblesse, comme on a pu le constater avec le marché pétrolier. En Europe, deux thématiques ont rythmé les dernières séances : la crise de l'énergie et la crise de l'huile d'olive. Côté énergie, des inquiétudes liées à l'approvisionnement en gaz naturel liquéfié (menaces de grèves en Australie) ont poussé les prix du gaz européen au-dessus du seuil symbolique de 40 euros à deux reprises en une semaine. Cela montre que la crise de l'énergie n'est pas terminée (même si l'ampleur n'a rien à voir avec 2022). Enfin, la flambée des prix de l'huile d'olive continue. C'est un peu la saga de l'été. Le prix sur le marché de gros a atteint un nouveau point haut historique à 8500 euros la tonne (X2 en un an). À titre de comparaison, la tonne d'huile d'olive vaut 10 fois plus qu'une tonne de pétrole. Tout cela à cause de la sécheresse en Espagne.
Quelles conséquences pour les entreprises ?
L'environnement économique continue de se dégrader. Ce n'est pas une bonne nouvelle. Si on ajoute au ralentissement économique chinois la hausse globale des taux, on a un cocktail parfait pour une crise. Rappelons que le niveau de dette des entreprises en France est le plus élevé parmi les pays développés (plus de 160 % du PIB). Quand les taux sont bas, le levier, c'est top. Mais quand les taux sont durablement élevés, ça craint. C'est d'ailleurs cela qui explique en partie les difficultés récentes de Casino et d'Altice. Il est donc probable que les mois à venir soient difficiles pour de nombreux secteurs d'activité.
Quels sont selon vous les points de vigilance à surveiller ?
L'enjeu à court terme est de savoir quelle va être l'ampleur de la relance chinoise. Il semble que toutes les options soient sur la table, y compris l'helicopter money (distribuer directement de l'argent aux ménages afin de relancer la consommation). De notre point de vue, il est préférable de ne pas avoir d'attentes exagérées. Il est probable que la Chine, qui est dans une situation délicate au niveau de l'endettement, adopte une politique de relance a minima, ce qui sera jugé insuffisant par les marchés.