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Relocalisation: les achats les plus propices ont été identifiés

Publié par Aude Guesnon le | Mis à jour le
Relocalisation: les achats les plus propices ont été identifiés
© Onidji - Fotolia

PwC France et Maghreb et le CNA ont dévoilé les premiers résultats de leur étude sur la relocalisation des achats stratégiques. 58 catégories de produits ont été identifiées comme "les plus propices et les plus prioritaires". Les achats, prêts à agir, attendent à présent l'aide de l'Etat.

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PwC France et Maghreb (PwC) et le Conseil national des achats (CNA) ont dévoilé les premiers résultats de leur étude sur la relocalisation des achats stratégiques. Cette étude fait suite à l'initiative nationale de relocalisation des achats stratégiques lancée le 6 avril dernier par les deux partenaires. L'originalité de cette démarche est qu'elle s'appuie sur l'expertise des acheteurs aux mêmes : une approche par la demande et non par l'offre. PWC et le CNA poursuivent l'objectif commun, d'identifier les catégories de produits les plus propices à une relocalisation en France de leur production pour répondre à trois enjeux : la souveraineté économique et européenne, la sécurisation des approvisionnements et le développement économique avec impact sur l'emploi.

"C'est une enquête originale et extra-ordinaire", souligne Isabelle Carradine, directrice en charge de la compétence de conseil en achats chez PwC, "c'est la première fois que l'on cartographie la demande nationale des entreprises françaises via les directions achats et que l'on évalue les taux de dépendance sur les familles de produits achetés. C'est aussi la première fois que l'on cartographie les besoins des entreprises françaises des quatre plus gros secteurs d'activités (santé-pharmaceutique, agroalimentaire, électronique et industrie manufacturière), qui représentent 70% des importations nationales, sur les années à venir." Les données ont été agrégées par secteurs. "Nous avons raisonné en termes de filière", souligne Marc Sauvage, vice-président du CNA. L'objectif est bien évidemment de donner ensuite de la visibilité aux fournisseurs pour inciter à la (re)localisation des productions.

Marc Sauvage

"Nous, directions achats du public et du privé, allons nous engager collectivement à acheter ce qui sera produit en France", assure Marc Sauvage, qui compte sur les cinquante directions achats ayant participé à ces travaux pour emmener le mouvement - "ce sont des directions achats très représentatives de l'activité économique en France" et sur la puissance du CNA pour tracter toutes les directions achats du territoire.

Pour que le mouvement gagne du terrain, l'Etat va devoir s'engager. Ainsi, PWC et le CNA sont en lien avec Bercy: "Il y a un sujet donnant-donnant", commente Isabelle Carradine, "car si les directions achats s'engagent, il faut que le Gouvernement lève des contraintes règlementaires. Je parle ici de contraintes normatives. Il faut qu'il soit plus intéressant de produire en France qu'à l'étranger". Marc Sauvage abonde: "il faut que l'Etat transpose des directives européennes le plus simplement possible et cesse de faire du sur-administratif".

"Nous avons défini le quoi"

Avec cette première étape, "nous avons défini le "quoi" et identifié qui sont les clients... Reste maintenant à définir le "où"", commente Isabelle Carradine. "Où se situeront les sites de production industriels et via quels financement. Une chose est certaine, il faut des évolutions règlementaires et fiscales. Le Gouvernement doit annoncer, dans les prochains jours, ce qu'il veut faire en matière de fiscalité des entreprises pour favoriser la relocalisation et il est en projet d'accorder des remises fiscales aux entreprises qui relocalisent."

Les Régions, précise alors Marc Sauvage, lui même DGA de la Région Ile-de-de-France, "auront un rôle économique important à jouer pour permettre aux entreprises de s'implanter sur les bassins économiques." D'ajouter qu'il serait bon que les établissements publics mutualisent d'avantage leurs centrales d'achats et construisent ensemble des plans d'investissements à partager avec le secteur économique.

Le CNA a par ailleurs travaillé avec des députés mandatés dans ce cadre par le Gouvernement, pour proposer des évolutions des règles de la commande publiques. Parmi les pistes de réflexions soumises, se trouve les évolutions règlementaires suivantes: avoir des marchés plus longs, permettre la renégociation en cours de contrats, établir des critères de préférence locale (notamment un critère en faveur des circuits courts), et diverses actions de simplification. "D'autres pays européens sont plus nationalistes que nous. Il est temps de faire évoluer les choses", glisse Marc Sauvage.

Le groupe de travail focalisé sur les achats publics indique que, pour permettre "des relocalisations de productions, les collectivités locales impliquées dans ces premières réflexions sont prêtes à des coopérations (faire masse critique, par exemple, pour l'achat de tablettes pour les collèges / lycées afin de rendre possible la création d'une ou plusieurs unités de montage en France)". Et parmi se préconisations, on note cette demande: "si des modalités d'appel d'offre pour localiser les achats agroalimentaires (cantines scolaires par exemple) sont connues, ses modalités restent à approfondir pour des achats de biens manufacturiers et notamment le matériel ferroviaire". Le groupe de travail souhaite également "approfondir le lien entre les politiques d'achat des collectivités locales et leur rôle dans le développement économique" ainsi qu' "améliorer la connaissance de leur flux de fournisseurs, notamment en incluant celle des fournisseurs de second rang (les fournisseurs de leurs fournisseurs)".

Et, en attendant que les projets de relocalisation voient le jour - "ce qui va prendre quelques années" -, les directions achats sont invitées par les deux partenaires à revoir leur stratégies d'achats. "A raisonner en termes de coût complet et à chercher au niveau national et européen des fournisseurs compétitifs qui peuvent d'ores et déjà répondre à leurs besoins."

Les produits les plus propices pour des relocalisations, identifiées dans quatre secteurs

- Santé-pharmaceutique - 36 catégories de produits sont identifiées comme propices à une relocalisation. 20 de ces produits sont considérés prioritaire, notamment les anticorps monoclonaux et les anesthésiques à base de curare, les taxanes dans les anticancéreux, les anticoagulants et les médicaments du diabète, les provitamines, les dispositifs médicaux tels que auto-injecteurs et les équipements de protection individuelle, les machines PCR dans les instruments de diagnostic, les thérapies géniques et les études et essais.

- Secteur de l'agroalimentaire. 20 catégories de composants, produits semi-finis ou finis et services sont identifiées comme propices à une relocalisation. 13 de ces produits sont considérés prioritaires, notamment la pharmaceutique animale et les produits d'appoint pour animaux dans les intrants, les fruits d'arbres et d'arbustes destinés à la transformation, les graines de colza, les fèves de soja, les protéines de pois et les emballages en monomatériaux de plastique recyclable pour la production agroalimentaire et les transformations de viandes, de poisson, de légumes ou encore les huiles et graisses pour les industries agroalimentaires.

- Secteur de l'électronique - 24 catégories de composants, produits semi-finis ou finis et services sont identifiées comme propices à une relocalisation. 13 de ces produits sont considérés prioritaires, notamment les dispositifs à semi-conducteurs et les circuits imprimés (PCB), les cellules de batterie lithium-ion et lithium-polymères, les infrastructures pour les services de cloud, les câbles de fibre optique, les services de cloud IaaS (Infrastructure as a Service) et les compétences de Cybersécurité, Data analytics, d'intelligence artificielle, de développement de logiciel et d'industrialisation électronique.

- L'industrie manufacturière - 17 catégories de machines, équipements et produits finis sont identifiées comme propices à une relocalisation. 13 de ces produits sont considérés prioritaires, notamment les moteurs électriques et les systèmes de transmission de puissance qui y sont associés, les services d'usinage des métaux avec les capacités de fabrication additive, et certains équipement automobiles et logiciels qui trouvent leurs applications, à titre d'exemple, dans les véhicules autonomes.

Lire la suite en page 2 : Les résultats détaillés de l'étude


Des outils pour répondre à la criticité de certaines importations

PwC a établi une cartographie des dépenses d'achat de quatre secteurs industriels français et des taux d'importation associés représentant 70% du volume annuel d'importation en France, soit 382 milliards d'euros d'achats importés sur ce périmètre initial. Les quatre secteurs industriels sont : "Santé-pharmaceutique", "Agroalimentaire", "Electronique" et "Industrie manufacturière".

Afin de sélectionner les catégories de produits et services à fort enjeux de relocalisation, PwC a développé un indice de criticité[1] issu d'une analyse économétrique et a conclu à une première sélection de 113 catégories, représentant 285 milliards d'euros d'importations. Cette première sélection a fait l'objet d'un examen approfondi en collaboration avec les donneurs d'ordre membres du CNA et d'autres responsables de la chaîne d'approvisionnement : directions générales, directions des opérations et directions des achats de plus de 50 organisations privées et publiques.

A l'issue de cette étude, 58 catégories de produits ont donc été identifiées comme "les plus propices et les plus prioritaires pour des relocalisations". Pour 20 d'entre elles, qui correspondent à des marchés émergents ou en transformation, il s'agit davantage de se doter de capacités de production nouvelles en France et en Europe ("localisation") que de relocaliser une production mature et délocalisée par le passé. (Il s'agit, à titre d'exemple, des anticorps monoclonaux dans la santé, des emballages en mono-matériaux recyclables dans l'agroalimentaire, des cellules de batterie lithium-ion dans l'électronique ou encore des services d'usinage de métaux avec fabrication additive dans l'industrie manufacturière).

"Il y a un enjeu stratégique sur la filière recyclage et emballages, notamment pour développer des monomatériaux. La Chine s'empare du sujet. A nous de nous positionner sur l'ensemble de la filière de l'amont à l'aval. Sur le secteur des batteries, la compétence est présente en France et en Europe, tout le défi est de collaborer. lI y a également un potentiel sur la santé et l'innovation : nous avons les compétences", précise Isabelle Carradine.

Pour les 38 autres catégories prioritaires, il s'agit de rapatrier la production sur des marchés matures. Le montant des importations concernées est d'environ 115 milliards d'euros. Si la production de 20% de ces 115 milliards d'euros de produits importés devait être relocalisée en France, elle permettrait de créer environ 75 000 emplois directs et 220 000 emplois indirects[2]. "Une relocalisation d'activités productives en France sera d'abord la conséquence d'une évolution des politiques d'achat puis des méthodes de production", commente Jean-Luc Baras, président du CNA.

Quels facteurs de succès pour une relocalisation de production ?

Le succès d'une relocalisation dépend de la combinaison de plusieurs facteurs et notamment les coûts de production, les compétences disponibles, l'écosystème de fournisseurs, l'environnement réglementaire, le financement de l'investissement (Quoi relocaliser et pour qui relocaliser ? Où relocaliser ? Comment - cadre fiscal et réglementaire ? Qui investit pour relocaliser ?)

Pour certaines des catégories de produits "les plus propices et les plus prioritaires" pour des relocalisations, un premier travail d'identification des facteurs de succès d'une relocalisation a été engagé, notamment pour les cellules de batteries lithium-ion / polymères ; les produits réfractaires (briques et électrodes graphite) ; les composants électroniques : semi-conducteurs, transistors et diodes ; les produits d'injection plastique. Ces résultats constituent le point de départ pour des études d'investissement et d'implantation à venir.

PwC et le CNA souhaitent poursuivre leurs travaux afin d'aboutir à des projets concrets de relocalisation

Les partenaires ont pour objectif de proposer à Régions de France, à la Direction générale et des entreprises et la Délégation aux territoires d'industrie, au Conseil national de l'industrie de lancer un appel à manifestation d'intérêt (AMI) pour sélectionner les territoires et les écosystèmes les plus appropriés et mobilisés pour accueillir des relocalisations (Où relocaliser ?)

Il s'agit également de collaborer avec le ministère de l'Economie et des Finances (DGE) et les membres du Conseil national de l'industrie et des Comités stratégiques de filières (CSF), afin de formaliser ensemble les facteurs de succès de relocalisation de production pour chacune des catégories de produits (Comment relocaliser ? : cadre réglementaire et fiscal, prise en compte du coût total, investissement minimum requis). L'objectif serait d'atteindre vingt à trente de projets avec leurs facteurs et leviers de succès et les écosystèmes susceptibles de les accueillir qui pourraient être présentés lors d'un prochain Conseil national de l'industrie.

En parallèle, le CNA et PwC ont également lancé un groupe de travail focalisé sur les achats publics qui a identifié six axes de travail pour approfondir le lien entre les politiques d'achat des collectivités locales et leur rôle dans le développement économique.

Focus sur la localisation des achats publics

Les achats publics de l'Etat représentent officiellement 89 milliards d'euros (mais en réalité sans doute près de 150 Mds €) et ceux des collectivités locales environ 80 milliards d'euros. Ce chiffre est estimatif car l'intervention des collectivités locales est composée d'achats via la commande publique, mais également de subventions ou de délégations de service public (ex. rames de TER) qui ne sont pas reprises dans cette nomenclature, mais dont les effets sur le développement économique sont similaires.

Ce groupe a identifié les axes de travail suivants :

- Afin de permettre des relocalisations de productions, les collectivités locales impliquées dans ces premières réflexions sont prêtes à des à des coopérations (faire masse critique par exemple pour l'achat de tablettes pour les collèges / lycées afin de rendre possible la création d'une ou plusieurs unités de montage en France)

- Si des modalités d'appel d'offre pour localiser les achats agroalimentaires (cantines scolaires par exemple) sont connues, ses modalités restent à approfondir pour des achats de biens manufacturiers et notamment le matériel ferroviaire ;

- Approfondir le lien entre les politiques d'achat des collectivités locales et leur rôle dans le développement économique

- Améliorer la connaissance de leur flux de fournisseurs, notamment en incluant celle des fournisseurs de second rang (les fournisseurs de leurs fournisseurs)

- Faire des propositions en matière d'évolution de la réglementation

PwC et le CNA poursuivent leurs travaux afin d'aboutir à des projets concrets de relocalisation

Les partenaires ont proposé au ministère de l'Economie et des Finances (DGE) et au Conseil national de l'Industrie (CNI), de collaborer et de formaliser ensemble les facteurs de succès de relocalisation de production pour un nombre plus large de catégories de produits. L'objectif serait d'atteindre une quarantaine de projets avec leurs facteurs et leviers de succès et les écosystèmes susceptibles de les accueillir qui pourraient être présentés lors de la Semaine de l'Industrie (novembre 2020).

Voir les analyses sectorielles en page 3

[1] L'indice prend en compte sept critères de dépendance de l'économie nationale à ces importations dont valeur et part des importations extra-UE, part des importations de la demande totale (domestique et exportation), balance commerciale, évolution tendancielle des importations, etc.

[2] Le ratio entre emplois directs et emplois indirects est souvent considéré comme étant de 1 à 3 ou 1 à 4


Analyses sectorielles

La Santé-pharmaceutique est constituée des médicaments, de la chimie avec les principes actifs pharmaceutiques (API), du dispositif médical, des réactifs et instruments de diagnostic, des procédés tels que les thérapies géniques et des prestations telles que les études, essais ou la pharmacovigilance. Ces catégories représentent une consommation domestique de 31 milliards d'euros. La balance commerciale est excédentaire de 4 milliards d'euros. Les principaux pays d'origine de ces importations sont les Etats-Unis, l'Allemagne, la Suisse, l'Irlande, la Belgique et la Chine. Seules 26% des importations françaises sont d'origine extra-européenne. 36 catégories de produits sont identifiées comme propices à une relocalisation, pour un total de 26 milliards d'euros d'importation par an. 20 de ces produits sont considérés prioritaires au regard des enjeux de souveraineté européenne, de sécurité des approvisionnements et de développement économique et représentent 19 milliards d'euros d'importation par an : ce groupe comprend notamment les anticorps monoclonaux et les anesthésiques à base de curare, les taxanes dans les anticancéreux, les anticoagulants et les médicaments du diabète, les provitamines, les dispositifs médicaux tels que auto-injecteurs et les équipements de protection individuelle, les machines PCR dans les instruments de diagnostic, les thérapies géniques et les études et essais.

Le secteur de l'agroalimentaire est constitué des intrants agricoles, des produits de culture, d'élevages et de pêches, ainsi que des produits issus des industries de transformation agroalimentaire. Ces derniers représentent une consommation domestique de 140 milliards d'euros. La balance commerciale des intrants agricole est déficitaire de 0,5 milliards d'euros tandis que les activités de production et de transformation sont excédentaires de 0,7 milliards d'euros et 7 milliards d'euros respectivement. Les principaux pays d'origine de ces importations sont la Belgique, l'Espagne, l'Allemagne, les Pays Bas et l'Italie. 20 catégories de composants, produits semi-finis ou finis et services sont identifiées comme propices à une relocalisation, pour un total de 26 milliards d'euros d'importation par an. 13 de ces produits sont considérés prioritaires au regard des enjeux de souveraineté européenne, de sécurité des approvisionnements et de développement économique et représentent 22 milliards d'euros d'importation par an : ce groupe compte notamment la pharmaceutique animale et les produits d'appoint pour animaux dans les intrants, les fruits d'arbres et d'arbustes destinés à la transformation, les graines de colza, les fèves de soja, les protéines de pois et les emballages en monomatériaux de plastique recyclable pour la production agroalimentaire et les transformations de viandes, de poisson, de légumes ou encore les huiles et graisses pour les industries agroalimentaires.

Le secteur de l'électronique avec applications industrielles repose sur une consommation domestique de 18,3 milliards d'euros avec une balance commerciale déficitaire de 4 milliards d'euros. 67% des importations sont extra-européennes. Les principaux pays d'origine des importations de composants électroniques et électriques industriels sont la Chine, l'Allemagne, les Etats-Unis, le Vietnam et l'Allemagne. 24 catégories de composants, produits semi-finis ou finis et services sont identifiées comme propices à une relocalisation, pour un total de 11 milliards d'euros d'importation par an. 13 de ces produits sont considérés prioritaires au regard des enjeux de souveraineté européenne, de sécurité des approvisionnements et de développement économique et représentent 5,5 milliards d'euros d'importation par an : ce groupe compte notamment les dispositifs à semi-conducteurs et les circuits imprimés (PCB), les cellules de batterie lithium-ion et lithium-polymères, les infrastructures pour les services de cloud, les câbles de fibre optique, les services de cloud IaaS (Infrastructure as a Service) et les compétences de Cybersécurité, Data analytics, d'intelligence artificielle, de développement de logiciel et d'industrialisation électronique.

L'industrie manufacturière regroupe les industries d'assemblage de machines et de produits finis, ainsi que les industries de process qui regroupent la transformation de matières premières. Les industries d'assemblage enregistrent une balance commerciale excédentaire de 9 milliards d'euros notamment portée par le secteur aéronautique. 30% des importations sont d'origine extra-européenne. Les principaux pays d'origine de ces importations sont l'Allemagne, les Etats-Unis, l'Espagne, l'Italie et le Royaume-Uni. 17 catégories de machines, équipements et produits finis sont identifiées comme propices à une relocalisation, pour un total de 115 milliards d'euros d'importation par an. 13 de ces produits sont considérés prioritaires au regard des enjeux de souveraineté européenne, de sécurité des approvisionnements et de développement économique et représentent 5,5 milliards d'euros d'importation par an : ce groupe compte notamment les moteurs électriques et les systèmes de transmission de puissance qui y sont associés, les services d'usinage des métaux avec les capacités de fabrication additive, et certains équipement automobiles et logiciels qui trouvent leurs applications, à titre d'exemple, dans les véhicules autonomes.

Les industries de process présentent une dépendance économique plus accrue : la balance commerciale est déficitaire de 7 milliards d'euros avec des importations majoritairement issues d'Allemagne, de Belgique, d'Italie, d'Espagne et des Pays-Bas et une exposition forte sur les produits chimiques ou les produits issus de la métallurgie et de la plasturgie. 16 catégories de produits sont identifiées comme propices à une relocalisation, pour un total de 106 milliards d'euros d'importation par an. 7 de ces produits sont considérés prioritaires au regard des enjeux de souveraineté européenne, de sécurité des approvisionnements et de développement économique et représentent 52 milliards d'euros d'importation par an : ce groupe comprend les injections de plastique, les produits de sidérurgie et de métallurgie de l'aluminium, les produits réfractaires (briques, électrodes de graphite), ou encore la pâte à papier, le papier et le carton.

Méthodologie de l'étude

Les 113 catégories ont été soumises à l'avis de professionnels des achats, experts en la matière et membres du Conseil national des achats, pour qualifier celles qui seraient les plus propices et les plus prioritaires pour des relocalisations. L'une des originalités de cette démarche est qu'elle s'appuie sur l'expertise des acheteurs aux mêmes : une approche par la demande et non par l'offre.

Des groupes de travail ont été mis en place pour qualifier ces catégories

Santé-pharmacie : 20 mai 2020, Bruno Carrière (UniHA) et Jean-Philippe Collin (ex-Sanofi), Elodie Vial (PwC), 16 participants.

Agroalimentaire : 3 juin 2020, Jean-Michel Mardelle (Fleury Michon), Baptiste Bannier (PwC), 11 participants.

Electronique : 27 mai 2020, Karine Alquier-Caro (Legrand) et Christophe Jan (Orange), Pierre Péladeau (PwC Strategy&), 11 participants.

Industrie manufacturière : 5 juin 2020, Julien Therme (Aubert & Duval), Stéphane Loubère (PwC Strategy&), 9 participants.

Des entretiens individuels ont été conduits (40 entretiens à date au sein des différentes secteurs) pour valider et compléter les conclusions des groupes de travail et établir les premières fiches projets précisant les modalités et conditions de ces relocalisations (leviers de succès).

PwC et le Conseil national des achats ont annoncé les prochaines étapes à l'issue d'une table ronde : une présentation des recommandations à la mise en oeuvre des relocalisations à l'occasion de l'Université des Achats le 8 septembre et lors de la semaine de l'Industrie le 16 novembre.

 
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