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" les bénéfices [...] sont ainsi les premiers contributeurs de l'inflation"

Publié par Geoffroy Framery le | Mis à jour le
' les bénéfices [...] sont ainsi les premiers contributeurs de l'inflation'

[Priorités 2024] Quelles priorités dans les directions et services achats en 2024 ? Synthèse et pistes de réflexions de Denis Di Vito, Managing Director chez INVERTO France.

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Quelles sont les grandes tendances 2024 qui vont mobiliser les directions achats ?

Depuis le début de l'année, on observe un refroidissement des grands indicateurs macroéconomiques. Le pricing power des entreprises a été très fort et les entreprises ont passé des hausses de prix aux consommateurs finaux au-delà des hausses de coûts qu'elles ont subies. Une étude du FMI publiée le 26 juin dernier atteste que les bénéfices ont représenté 45 % de la hausse des prix dans la zone euro depuis le début de l'année 2022 et sont ainsi les premiers contributeurs de l'inflation. La croissance s'annonce plus que modeste après une année difficile. La demande se ralentit tout comme l'inflation. Les taux d'intérêt, encore hauts ne constituent pas encore un levier de relance, ni l'ajustement des salaires qui est plus lent et progressif.

Quelles conséquences pour les relations fournisseurs ?

Les carnets de commandes des entreprises s'affaiblissent et les stocks augmentent côté fournisseurs. La priorité des acheteurs se tourne vers la protection des marges et les niveaux de profits. La réduction des coûts remonte en priorité dans les agendas des acheteurs devant l'inflation ou la sécurisation de la supply chain qui sont des sujets nettement moins prioritaires que sur la période 2021 - 2023.

Quid des problématiques supply chain en 2024 ?

Les chaînes d'approvisionnement sont moins sujettes aux tensions que durant les dernières années. Les projets de diversification, de relocalisation et d'amélioration de la résilience des supply chains sont encore peu visibles. Ce n'est pas qu'il n'y en a pas, mais ces reconfigurations sont plus lentes et plus profondes.

En termes de sécurisation, les chiffres de l'OCDE témoignent de peu d'évolutions sur les importations de produits intermédiaires. Les investissements en France ne sont pas non plus notoires. Le big bang de la réindustrialisation n'a pas lieu d'autant que cette résilience a un coût.

Ce qui pèse actuellement sur les chaînes d'approvisionnement ce sont les coûts d'après covid, conséquences d'un gigantesque bullwhip effect depuis ces 18-24 mois. Les investissements de réindustrialisation en France ou en Europe restent modestes malgré des mesures qui vont dans le bon sens (subventions sectorielles, observatoire des métaux stratégiques...)

Enfin côté géopolitique, les conflits actuels, qui sont des drames humains, ne créent pour l'instant pas de ruptures majeures sur les équilibres économiques.

Quels sujets « RSE » ou « ESG » vont-ils primer ?

Le deuxième sujet brûlant des achats concerne l'empreinte environnementale et la décarbonation. Certaines entreprises sont convaincues du first mover advantage tandis que d'autres sont beaucoup plus attentistes.

La grande inconnue en 2024 sera l'arrivée de nouvelles réglementations : celle de la CSRD fait qui va faire évoluer les critères de reporting avec une approche axée sur les risques et les impacts liés à la durabilité de la chaîne de valeur ou encore la directive européenne sur le devoir de vigilance (CSDD) qui viendra encadrer la responsabilité des entreprises sur le plan social et environnemental. Ces nouvelles réglementations vont exiger un pilotage plus fin de la relation fournisseur, et accroître la responsabilité des entreprises. Néanmoins, on constate un retard généralisé dans la capacité de mesure des émissions de scope 3, et dans la prise de mesures concrètes pour respecter les engagements.

Quelles sont vos recommandations sur le sujet de la pression des prix qui va occuper nombre d'acheteurs l'année à venir ?

Nous avons eu à faire à un effet d'entraînement et de surchauffe. Les demandes de hausse de prix chez les fournisseurs se sont déconnectées des réalités économiques. Forts de ce constat, les acheteurs doivent désormais renégocier de façon volontariste en décomposant les hausses de prix et en les rationalisant un maximum. Rappelons que nous nous situons dans un contexte dans lequel le prix des commodités s'oriente à la baisse, de même que les prix de l'énergie. Il est peu probable que nous revenions aux niveaux d'avant COVID, mais le ralentissement est très net.

Pour vous donner un exemple, en termes d'ordre de grandeur de gain sur achats, nous avons réalisé cette année avec nos clients des performances qui atteignent parfois le double de ce que nous obtenons habituellement. Il y a des effets de rattrapage à aller chercher.

Les leviers de spécification et de sobriété ont été prioritaires pour permettre de réduire les coûts dans la grande phase inflationniste, c'est désormais les leviers plus classiques de négociation, partenariat, et partage de la valeur qui reviennent au premier plan pour 2024. Il faudra peut-être même envisager du soutien aux fournisseurs les plus fragiles.

C'est finalement un retour aux fondamentaux et basiques du métier.

 
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