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25% des directeurs achats ont fait l'objet d'une tentative de corruption en 2014

Publié par Aude Guesnon le - mis à jour à
25% des directeurs achats ont fait l'objet d'une tentative de corruption en 2014

Selon l'étude AgileBuyer/Groupement achats et supply chain de HEC menée fin 2014, les deux secteurs les plus touchés par les tentatives de corruption sont l'immobilier et l'industrie du bois et du papier. Et la tentative de corruption ne vient pas forcément de l'étranger...

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25% des des directeurs achats interrogés dans le cadre d'une enquête AgileBuyer / Groupement achats et supply chain de HEC(1) ont fait l'objet d'une tentative de corruption en 2014 et 16% des professionnels des achats sondés ont été confrontés à des tentatives de corruption durant leur carrière."La corruption dans les achats", définit Olivier Wajnsztok, directeur associé de AgileBuyer, "est le détournement d'un processus de choix afin d'obtenir des avantages ou prérogatives particulières pour l'entreprise que le corrupteur représente. Elle peut concerner toute personne bénéficiant d'un pouvoir de décision ou d'influence." C'est ainsi que les "simples" acheteurs, 10%, selon l'enquête, ont aussi l'objet de tentatives de corruption l'an passé.

Les secteurs les plus touchés : l'immobilier et l'industrie du bois et du papier

Les deux secteurs les plus touchés par les tentatives de corruption, toujours selon les résultats de l'enquête qui s'appuie sur 500 répondants, sont les secteurs de l'immobilier et de l'industrie du bois et du papier. "Les services achats du domaine de l'immobilier sont confrontés à cette mauvaise image depuis de longues années et les chiffres de l'étude renforcent cette idée puisque la moitié des collaborateurs achats de ce secteur ont déjà subi une tentative de corruption", analyse Olivier Wajnsztok, directeur associé de AgileBuyer.

Un tiers des représentants achats du secteur de la mécanique et de la métallurgie ont déjà fait l'objet d'approches crapuleuses : ce chiffre est deux fois supérieur à celui de leur secteur client privilégié qu'est celui de l'automobile et autres matériels de transport. "On se souvient de certains scandales dans ce secteur", souligne Olivier Wajnsztok : "les efforts de sensibilisation et de formation des personnels des grandes entreprises de l'automobile, de l'aéronautique et du ferroviaire portent donc leur fruits."

Et, contrairement à une idée reçue, le secteur de la construction n'est pas plus touché qu'un autre. "Une approche professionnalisée des achats et des politiques anti-corruption des grands groupes de construction conduisent manifestement à gérer de mieux en mieux leurs fournisseurs", commente Olivier Wajnsztok.

Lire la suite en page 2 : La France est manifestement considérée comme un pays où on peut tenter de corrompre les donneurs d'ordre


La France est manifestement considérée comme un pays où on peut tenter de corrompre les donneurs d'ordre

S'il semble que les fournisseurs qui se livrent à cette pratique, tentent surtout de passer auprès des donneurs d'ordre, les fonctions opérationnelles subissent aussi des tentatives de corruption. "Il peut paraître plus simple de s'attaquer à des personnels aux revenus plus faibles", commente Olivier Wajnsztok. "Par ailleurs, les acheteurs opérationnels ont souvent le rôle d'analyste des offres fournisseurs, ce qui pourrait leur permettre de privilégier telle ou telle entreprise en toute discrétion ou encore de donner un accès partial à l'information à certains fournisseurs 'généreux'."

L'intention de corrompre pour obtenir un marché est présent dans toutes les zones géographiques mais il faut noter que les entreprises françaises subissent majoritairement des tentatives de corruption par des entreprises... françaises ! Les fournisseurs français et européens représentent ainsi plus de la moitié de ces tentatives, selon l'étude, suivies de près par les entreprises asiatiques. Mêmes les entreprises nord-américaines ne semblent pas au-dessus de tout soupçon.

On propose d'autant plus facilement à un acheteur un avantage indu qu'on sait que cet acheteur a des chances d'accepter : plus la culture de la corruption est présente dans un pays, moins un vendeur aura de scrupules à proposer des arrangements discrets. Et "la France est manifestement considérée comme un pays où on peut tenter de corrompre les donneurs d'ordre", assène Olivier Wajnsztok.

Le "Made in France" ne garantit certainement pas contre le fléau de la corruption et les clichés classiques sur les pays corrompus sont balayés d'un revers de la main par les résultats de l'étude. Ils mettent en lumière des comportements largement présents dans les relations inter-entreprises en France et donnent écho aux derniers résultats de Transparency International (sortis le 3 décembre 2014) pointant la France à une médiocre 26e place mondiale, en dégradation depuis deux ans.

Lire la suite en page 3 :74% des professionnels achats ont signé la Charte anti-corruption


74% des professionnels achats ont signé la Charte anti-corruption

74% des professionnels achats ont indiqué avoir signé la Charte Anti-corruption au cours des trois dernières années. Ils sont donc de plus en plus nombreux à y adhérer puisque ce résultat est plus élevé de deux points qu'en 2014. Si elle ne protège pas de tout, la signature de ce type de charte par les professionnels achat ne peut que contribuer à l'évolution des mentalités et des préjugés dont la profession fait souvent les frais. "La professionnalisation de la filière achat n'est concevable qu'à l'aide de l'application de ce type de charte, de la mise en oeuvre de processus viables et sûrs et par des formations régulières de haut niveau", assure Olivier Wajnsztok

Et de conclure : "Il est entendu que la non-signature de la Charte anti-corruption n'implique pas un comportement déviant. Mais ces entreprises devraient savoir qu'une démarche mêlant contrôle et formation permet de réduire très sensiblement les éventuelles amendes en cas de corruption avérée ; de telles amendes pouvant se chiffrer en centaines de millions d'euros aux USA ou en Union Européenne, par exemple."

Les autres enseignements de l'étude

- La réduction des coûts reste l'objectif phare des sondés, avec 77% pour 2015, soit un chiffre rigoureusement identique à 2014.

- La réduction du nombre de fournisseurs est une tendance forte en 2015 : 50% des entreprises en font leur cheval de bataille.

- Seuls 14% des services achats ont des objectifs achat "Made In France".

- Seulement 29% des services achats souhaitent collaborer davantage avec les "Pays à bas coûts" pour leurs achats, c'est une diminution par rapport à 2014.

- 45% des entreprises ont des objectifs de RSE pour 2015 soit 9 points de moins qu'en 2014.

- Un service achats sur deux a mis en place une politique pour l'insertion et l'aide au travail des handicapés.

(1) Cette étude Agile Buyer / Groupement achats et supply chain de HEC sur "Les priorités des services achats en 2015 - ou la manière dont seront gérés les sous-traitants en 2015" a été menée du 1er au 8 décembre 2014 auprès de 542 professionnels des achats. 482 réponses ont été exploitées.

33% des répondants sont des acheteurs, 24% des directeurs achat, 33% des responsables achat, 4% des coordinateurs acheteurs et 6% des profils autres.

Si la plupart des secteurs économiques sont représentés, il est à noter une forte représentativité des secteurs de l'automobile, aéronautique et autres matériels de transport (21%) parmi les répondants.

Pour aller plus loin: Lire l'article "Comment se prémunir contre la corruption dans les achats"






 
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