Le métavers, futur allié des acheteurs ?
Dans le cadre du master DESMA de Grenoble IAE - INPG, dispensé à l'Université Grenoble Alpes, Anne-Déborah Lignier a consacré son mémoire au métavers, et notamment aux bénéfices qu'il peut apporter aux achats.
Je m'abonneCette technologie virtuelle en 3D, Anne-Déborah Lignier, acheteuse sénior au sein de BT Sourced, l'a réellement découverte lors de son alternance chez Nestlé, réalisée jusqu'en août 2023. Pour rappel, en novembre 2022, le géant de l'alimentation investissait le jeu vidéo Minecraft pour soutenir la transition agroécologique et sensibiliser la jeune génération au moyen du serveur dédié Farmtopia. C'est à ce moment précis que la jeune femme décèle le potentiel de ce monde virtuel. « J'ai compris que le Métavers pouvait être utilisé au quotidien par les Achats pour motiver les fournisseurs en se montrant attractifs, innover et maitriser les coûts tout en réenchantant le monde du travail », synthétise Anne-Déborah Lignier.
Interaction sans limite, ou presque
Considérant que le pouvoir est désormais entre les mains des fournisseurs, elle préconise de gérer différemment les relations avec ses fournisseurs. Il peut s'agir de les rencontrer et d'échanger dans le métavers. Et/ou de les fidéliser en les récompensant avec des NFT de performance qui, exposés sur une plateforme métaversique, améliorerait leur image numérique. « On peut imaginer leur attribuer une carte VIP virtuelle, leur permettant d'être consultés en avant-première pour un appel d'offres, de participer à des innovations days... ». Pour Anne-Déborah Lignier, ce cercle virtuel peut de surcroît devenir vertueux. « C'est un moyen de limiter les achats sauvages, le client interne faisant appel aux Achats pour sélectionner le fournisseur et lui donner droit à des NFT de performance ». Il pourrait aussi servir l'innovation, offrant la possibilité de modéliser l'intégralité des projets. Elle prend l'exemple de la plate-forme 3DEXPERIENCE de Dassault Systemes qui utilise des jumeaux numériques et parvient à connecter les parties prenantes dans un environnement unifié, conférant une totale transparence à la supply chain. Il en découle une décomposition plus fine et avertie des coûts, une sélection plus poussée des prestataires... « Cette innovation numérique participe à l'amélioration continue, aboutissant à terme à une meilleure maîtrise des coûts ».
Aussi avantageuse soit-elle, l'utilisation de cette technologie doit s'inscrire en conformité avec la stratégie et la vision de l'entreprise et celles de ses fournisseurs. Elle s'accompagne de limites technologiques, environnementales et juridiques. « Cet univers virtuel est extrêmement énergivore, les investissements inhérents peuvent être conséquents, les métavers peuvent être difficilement interopérables, le risque de dépendance numérique existe, les neuro-droits doivent pouvoir garantir la protection des individus... », illustre Anne-Déborah Lignier. La formation des utilisateurs n'est clairement pas un point à négliger pour capter la valeur du métavers. Pour autant, « même si nous n'en sommes qu'aux prémisses, les acheteurs ne doivent pas passer à côté de cette constituante du Web3 qui pourrait s'imposer demain ».