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Dans l'édition, les achats s'orientent supply chain

Publié par Marie-Amélie Fenoll le | Mis à jour le
Dans l'édition, les achats s'orientent supply chain

Quelles sont les attentes des acheteurs dans le monde de l'édition? Comment les relations clients-fournisseurs évoluent-elles? Autant de questions soulevées lors d'une conférence consacrée au sujet sur le salon consacré à la chaîne graphique, Graphitec.

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Le monde de l'édition n'échappe pas à la règle: la question du coût reste l'élément déterminant pour les achats. Et notamment le coût du papier qui représente "plus d'une fois et demi les frais d'impression", souligne Éric Thirion, directeur de fabrication chez Uni-Editions, filiale presse du Crédit Agricole, à l'occasion d'une table ronde sur le sujet sur le salon de la chaîne graphique, Graphitec.

Au final, pour son achat de papier, Uni-Editions qui gère 11 titres de presse et 2 millions d'abonnés, a opté, depuis près d'un an, pour un système de gestion déléguée. Soit le fait de recourir à des plates-formes qui fournissent directement les imprimeurs en papier. Une façon judicieuse d'éviter les stocks.

Pour Pascal Lenoir, directeur de la production au sein de la maison d'édition Gallimard, le prix n'est "qu'une simple composante". C'est surtout "un investissement car la durée de vie d'un ouvrage est longue. Un livre peut être vendu, racheté et passer entre de nombreuses mains". Ainsi, à la problématique du coût vient se superposer celle des services. "Quand certains ouvrages doivent être livrés dans la journée, nous axons notre cahier des charges sur le service tandis que pour des ouvrages de poche, imprimés en masse, l'accent va être mis sur la productivité", précise Pascal Lenoir.

Au final, des gains peuvent être réalisés autrement que sur le coût. Et notamment sur l'organisation. Comme par exemple "comment optimiser les flux de livraison dans les librairies", conclut le directeur de la production de Gallimard.

Des achats de proximité

Autre fait notable, les acheteurs présents lors de la table ronde, misent sur les fournisseurs de proximité. Une politique mise en avant notamment par le Crédit Agricole auprès de sa filiale presse Uni-Editions. Malgré une politique volontariste d'achat Made in France, des exceptions confirment la règle. Ainsi, bien que la matière première, la qualité de l'impression, et le matériel soient les mêmes partout dans le monde, "la différence réside dans le savoir-faire des hommes. Ainsi, même en misant sur la proximité, aujourd'hui, il est impossible de trouver en Europe, des ateliers de façonnage employant 1000 à 2000 ouvriers qualifiés", avance Pascal Lenoir de Gallimard.

Un autre point de vigilance des acheteurs est le taux de dépendance fournisseur. Ainsi, Uni-Editions ne dépasse pas 20 à 25% du chiffre d'affaires de l'imprimeur, selon son directeur de fabrication.

Enfin, qu'en est-il de l'environnement et de la RSE? Les acheteurs misent sur les certifications établies dans la filière. Chose aisée semble-t-il, puisque "la filière graphique est exemplaire dans le domaine environnemental. On ne compte plus les labels et les certifications comme ISO 14001, imprim' vert, PEFC, FSC", énumère le directeur de la production de Gallimard, "sans compter la valorisation des déchets". Ce dernier juge la filière graphique comme "très transparente sur le sujet".

À titre d'exemple, Hachette indique sur chacun de ses ouvrages le bilan carbone réalisé. Mais pour le directeur de production de Gallimard, "si le bilan carbone est un calcul trop simple, la solution de l'étiquetage environnemental envisagé par l'Ademe paraît trop complexe". Côté RSE, Gallimard, par exemple, visite les dortoirs et les cantines des usines agréés de ses fournisseurs pour l'exportation en Chine.

Lire la suite en p2 : "Un métier achat très axé supply chain"

Un métier achat axé supply chain

Si la filière graphique paraît vertueuse dans les domaines de la RSE et de l'environnement aux dires des directeurs achats, clients et fournisseurs s'accordent-ils sur la définition des besoins?

"Les fournisseurs ont une bonne compréhension des problématiques auxquelles nous sommes confrontés. La qualité de l'impression a très bien évolué et la productivité des imprimeurs a cru de manière exponentielle. La profession a fait d'énormes progrès!", se félicite Pascal Lenoir de Gallimard.

Les acheteurs affichent une politique fournisseurs pro-active. "Un dialogue s'engage entre l'éditeur et l'imprimeur. Ainsi, l'imprimeur peut faire une contre-proposition sur le choix d'un format plus judicieux en fonction de son parc de machines", précise Eric Thirion d'Uni-Editions. "Et de manière générale, on ne peut pas demander l'impossible à ces derniers qui ont un planning de production souvent très chargé".

Les acheteurs ne se contentent pas d'échanger sur les process avec leurs fournisseurs mais vont jusqu'à engager de véritables partenariats avec ces derniers, notamment dans le domaine de la R&D. "C'est indispensable, juge Pascal Lenoir de Gallimard, "car dans le monde de l'édition, les choses bougent très vite. C'est le cas par exemple de l'électronique embarquée sur les livres sonores pour enfants".

Ainsi, la maison d'édition dépose des brevets avec ses fournisseurs avec au final un partage à 50/50 des bénéfices apportés. Dernière nouveauté en date issue de la co-innovation entre fournisseurs et la maison d'édition : des tests pour la tenue d'un vernis en fonction de la chaleur et de l'hydrométrie lors du transport en bateau des ouvrages.

Si les achats dans l'édition évoluent en fonction des avancées technologiques constantes, le coeur de métier évolue-t-il? "Oui", conclut le directeur de la production de Gallimard, "notre métier est de plus en plus axé supply chain. Si avant, on réfléchissait sur le nombre de tirages à imprimer avec d'éventuels stocks, aujourd'hui, la réflexion est portée sur un approvisionnement des ouvrages et des flux en continu".

 
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