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Achat d'énergie : la complexité du marché ne simplifie pas les relations client/fournisseur

Publié par Camille George le - mis à jour à
Achat d'énergie : la complexité du marché ne simplifie pas les relations client/fournisseur

La salon Gazelec qui s'est tenu à Paris du 17 au 19 octobre dernier fut l'occasion d'échanges riches et animés notamment sur la thématique de la relation acheteur/fournisseur et les enjeux associés, entre autres en matière de performance énergétique.

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Pour les acheteurs d'énergie l'ouverture des marchés à la concurrence a certes eu un effet positif sur le prix de la molécule. Mais d'autres éléments entrent en ligne de compte dans la facture énergie comme les coûts de stockage, des taxes et des CEE ou certificats d'économie d'énergie. De ce point de vue l'incertitude réglementaire entraîne confusion chez les fournisseurs d'énergie et incompréhension parfois chez les acheteurs.

Eliminer l'incertitude réglementaire

Les différents changements réglementaires : fin des tarifs réglementés en gaz et en électricité, mise en place du marché de capacité, obligations renforcées sur les certificats d'économie d'énergie (CEE) et la réforme sur l'obligation de stockage, très attendues par les acteurs du secteurs, ont complexifié les métiers d'acheteurs et de fournisseurs d'énergie. "En tant qu'acheteur de gaz mes principales préoccupations concerne le manque de visibilité sur l'évolution pluri-annuelle des taxes et l'incertitude qui pèse encore sur les frais de stockage. Ces facteurs de risque viennent brouiller la relation client-fournisseur au détriment du business et de la confiance", déclare Christophe Lepoutre, directeur des achats énergie et sous-traitance chez Véolia.

Pour se prémunir d'éventuelles hausses de charges certains fournisseurs "enrichissent" leurs contrats de clauses et taxes obscures, la clause fluctuante sur le stockage ou la possibilité de facturer a posteriori les certificats d'économies d'énergie (CEE) en sont des exemples. Coté acheteur, la vigilance est de fait à son comble et afin d'éviter toute surprise certains clients imposent des clauses ou pénalités très contraignantes pour les fournisseurs. Pour Réginald Thiebaut, directeur commercial chez ENI "les incertitudes réglementaires ont créé une véritable nébuleuse autour de l'achat d'énergie, d'où la nécessité plus que jamais d'une transparence absolue dans la relation acheteur/fournisseur et des discussions très en amont."

Lire la suite page 2 - Plus de transparence dans la relation client/fournisseur


Plus de transparence client/fournisseur

D'autant qu'une relation plus transparente permettrait d'apporter une vision globale pour définir une stratégie et des objectifs précis afin de mieux gérer sa trajectoire énergétique. Et là le nerf de la guerre reste la data. Car si elle se trouve chez le fournisseur elle appartient bien à l'acheteur. Mais un partage et une analyse commune est-elle possible dans un contexte relationnel plutôt marqué par la défiance?

Le comptage énergétique par exemple qui permet à l'acheteur de connaître finement sa consommation et ainsi de programmer des actions et des travaux pour progresser sur l'efficacité, sous entend de récupérer la donnée. "Plutôt que de mettre en place des points de comptage supplémentaires dont le coût matériel s'élève entre 500 et 1 500 € l'unité pour l'électrique et entre 3 000 et 5 000 € pour le gaz, il est possible de se servir des compteurs en place dont nous n'utilisons pas toutes les capacités", explique Christophe Lepoutre. En effet, si le compteur appartient au distributeur, l'énergie appartient au consommateur.

"Enfin, tout cela n'est possible que si le projet Ibis d'Enedis ne passe pas car le client n'aurait alors plus accès à son compteur et la donnée serait bloquée", précise-t-il. C'est aussi pour cela que Nathalie Verriele, directrice business line energie entreprises et collectivités chez Engie prône la collaboration et le développement de travaux communs : "Le point commun de nos métiers est de prévoir. Nous fournisseurs, prévoyons la consommation et vous acheteurs, prévoyez votre budget. Il y a là un terrain de rapprochement possible dans la quête de performance énergétique."

Or, à l'heure actuelle, fourniture et service énergie sont deux domaines traités distinctement par la plupart des acheteurs qui préfèrent s'adjoindre les services d'opérateurs spécifiques en efficacité énergétique. "Un vendeur d'énergie n'a pas vocation à vendre moins d'énergie à ses clients", estime Guillaume Champvillard, responsable groupement de commande à la SIGIEF. Si le fournisseur se positionnait sur le service il lui faudrait faire évoluer son métier et acquérir de nouvelles compétences auprès de start-up spécifiques par exemple.

Nathalie Verriele en reste pourtant persuadée, la vision macro de la partie achat ajoutée à la vision technique de la partie maintenance mènent à la performance énergétique : "fournisseurs et clients peuvent travailler à orchestrer chacun de leur côté cette performance". Certes mais qui sera le chef d'orchestre? s'interroge un acheteur. Pas de doute, la co-construction et la confiance totale entre les acteurs du secteur est encore à bâtir.

 
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