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"La crise a amené les loueurs à diversifier leurs canaux de revente"

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Philippe Brendel, président de l'Observatoire du véhicule d'entreprise (OVE)
Philippe Brendel, président de l'Observatoire du véhicule d'entreprise (OVE)

Philippe Brendel, président de l'Observatoire du véhicule d'entreprise (OVE) souligne le succès croissant de la LLD au détriment de l'achat des véhicules d'entreprise, tout en pointant les très fortes disparités en fonction du profil de l'entreprise.

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Philippe Brendel : En 1990, on dénombrait 103 800 voitures mises à la route en LLD. En 2011, ce chiffre est supérieur à 430 000 (sur un total de 2,6 millions de VP/VU). La location longue durée représente plus de 16 % de parts de marché au global, mais la moitié environ des véhicules mis à la route par les entreprises. Selon le baromètre de l’OVE, la location représente 57 % de l’agrégat “leasing + entreprises”. Si, de 2006 à 2008, les immatriculations de véhicules en location ont augmenté de façon continue, en 2009, la tendance s’est considérablement accrue. Deux facteurs ont poussé les sociétés de location à prolonger la durée des contrats. La crise économique a freiné les capacités d’investissement des entreprises. Par ailleurs, la baisse de la valeur de revente, causée par la difficile compétitivité du coût des véhicules neufs sur le prix des véhicules d’occasion, n’a fait qu’inciter à prolonger les contrats de location. En conséquence, les immatriculations en location ont baissé en 2009. Cette évolution a conduit les loueurs à diversifier leurs canaux de revente (enchère, Internet, revente à l’international…) et à élargir leur gamme de services.

Dans le baromètre de l’OVE, nous prenons en considération de nombreux pays européens comme l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Grande-Bretagne ou encore la Pologne, et les chiffres démontrent qu’en moyenne, la LLD concerne 57 % des grandes entreprises, 37 % des PME et 8 % des TPE. Pour autant, ces données ne doivent pas cacher de fortes disparités entre les pays et plus généralement entre ceux de l’Europe du Nord et ceux de l’Europe du Sud. Le Nord de l’Europe conserve une large avance sur le Sud, y compris sur la France. Seules les TPE peinent encore à s’inscrire en masse dans la mouvance de la LLD. II existe un certain nombre de freins qui sont davantage psychologiques. Dans notre culture latine, nous attachons encore beaucoup d’affect à la voiture et l’on apprécie d’avoir son nom ou celui de l’entreprise sur la carte grise, mais je suis convaincu que peu à peu, cette tendance va s’estomper… car même les particuliers commencent à s’intéresser à la LLD.

Acheter un véhicule, c’est avant tout acheter un usage. Comment gère-t-on ce paramètre quand on est un loueur ?

Il est nécessaire de réaliser un véritable travail de pédagogie et les loueurs doivent pouvoir faire preuve de force de conviction car il n’est pas simple de faire admettre que l’on est passé de l’achat d’un produit (en l’occurrence un véhicule) à l’achat d’un usage. Il faut convaincre les derniers réticents que la voiture reste le seul investissement dont la valeur tend obligatoirement vers zéro. Mieux vaut, dès lors, s’orienter vers nous, les loueurs, qui sommes “fabricants” de véhicules d’occasion et bénéficions de remises très importantes grâce aux volumes de véhicules dont nous nous portons acquéreurs. Les entreprises bénéficient directement de ces remises et l’économie par rapport à l’achat classique sur un véhicule peut atteindre 10 à 30 %.

Elle croît peu à peu, compte tenu du contexte économique. C’est un phénomène inévitable. Les entreprises sont soucieuses de gérer au mieux leur trésorerie et les loueurs qui doivent, quant à eux, écouler les véhicules restitués, ne voient pas d’un mauvais œil l’allongement de la durée de location… D’autant qu’un autre facteur entre en ligne de compte : la fiabilité des moteurs. On observe que les contrats de location s’allongent car, non seulement cela permet aux entreprises de disposer de loyers moins élevés mais, en outre, dans l’usage des entreprises et du fait de l’augmentation du prix des carburants, le kilométrage moyen a baissé. On peut donc aisément faire durer les véhicules. La durée moyenne de location est passée en peu de temps de 36 à 40 mois en moyenne. Avec des contrats souscrits autorisant une loi de roulage d’environ 100 000 km sur 40 mois, les entreprises parviennent à obtenir des loyers cohérents, tout en maîtrisant les dépenses de carburant et en évitant des frais d’entretien qui interviennent souvent au-delà du cap des 100 000 km.

Qu’il s’agisse d’incitations fiscales ou d’une politique particulièrement agressive des constructeurs automobiles, le constat reste le même : le marché automobile français est totalement dominé par la motorisation diesel. Avec 96 % de moteurs diesel en entreprise et 72 % du marché automobile global en France, le rééquilibrage est inévitable selon moi. C’est évidemment une aberration en matière de respect de l’environnement et de santé publique car de nombreuses interrogations restent en suspens. En outre, les moteurs diesel actuels vont coûter beaucoup plus cher à l’entretien… Les moteurs diesel deviendront, à terme, un non-sens économique.

Biographie de Philippe Brendel

Expert-comptable de formation et titulaire d’un DEA Droit fiscal obtenu à l’université de Bordeaux 1 en 1976, Philippe Brendel est à la tête de l’Observatoire des véhicules d’entreprise depuis 2005. Après avoir été directeur du réseau commercial de Cetelem entre 1990 et 1999, il dirige le site Autovalley, le premier portail automobile français devenu en 2006 un site de vente de véhicules d'occasion pour le compte d'Arval (cocréateur de l’OVE), de 1999 à 2007. Aujourd’hui, à 53 ans, il anime également le blog Carfutur (www.carfutur.com), espace de débat consacré à la mobilité en entreprise.

Chiffres-clés de la LLD en France

Évolution du parc automobile en LLD
1990 : 195 000 unités.
2012 : 1,142 million d’unités.
82 % des entreprises de plus de 1 000 salariés utilisent la LLD.
57 % des PME de 500 à 1 000 salariés utilisent la LLD.
22 % des entreprises de 10 à 100 salariés utilisent la LLD.
6 % des TPE utilisent la LLD.

 
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