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Pari sur l'hydrogène et les véhicules lourds à Grenoble

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Pari sur l'hydrogène et les véhicules lourds à Grenoble

En inaugurant une nouvelle usine à Grenoble, l'énergéticien, spécialiste de l'hydrogène, McPhy multiplie par sept sa capacité de production de stations de recharge en hydrogène. Un pari soutenu par le développement de l'hydrogène "vert" et l'augmentation concomitante du prix des énergies fossiles. De quoi ouvrir des horizons aux flottes de véhicules lourds dans un premier temps.

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Pour que le marché de la mobilité hydrogène décolle, les constructeurs automobiles attendent des stations. Les industriels qui produisent ces stations espèrent pour leur part suffisamment de véhicules à la route afin que la demande de recharge décolle. Cette histoire de la poule et de l'oeuf, McPhy entend la dépasser en boostant ses capacités de production grâce à une nouvelle usine inaugurée à Grenoble. "L'enjeu est le passage à l'échelle vers une culture industrielle", confirme, Jean-Baptiste Lucas, directeur général de cette entreprise française. Sur 4 100 m², le site grenoblois multipliera par sept sa production. Une perceptive de croissance soutenue par l'État qui a mis sur la table 114 M€ dans le cadre du PIIEC (projet important d'intérêt européen commun). D'autres vents sont également favorables à McPhy, tels que la décision du Parlement européen, le 19 octobre 2022, d'imposer une station de recharge en hydrogène tous les 100 km, le long des grands axes routiers européens d'ici à 2028*. Mais c'est surtout l'explosion du prix des énergies fossiles, qui redonne des couleurs à l'hydrogène. Du vert plutôt que du gris car la demande se concentre désormais sur l'hydrogène décarboné.

Produire ou distribuer localement de l'hydrogène vert

McPhy s'est fait une spécialité de produire cet "hydrogène vert" : ses électrolyseurs utilisent uniquement des énergies renouvelables pour extraire les atomes d'hydrogène contenus dans l'eau. Son usine grenobloise produit aussi bien des électrolyseurs, qui permettent de produire de l'hydrogène sur n'importe quel site, que des stations qui se contentent de distribuer cette énergie en étant réapprovisionnées sur le même principe qu'une pompe à essence. Le choix de l'un ou l'autre des équipements s'explique par le besoin du client "Il faut avoir le bon produit par rapport à l'application qui est différente pour un taxi ou pour un bus", évoque Antoine Ressicaud, directeur général adjoint de MacPhy en charge des opérations. L'un absorbe en effet 5 à 10 kg d'hydrogène pour son plein, l'autre une vingtaine de kilos. "Notre approche est modulaire ce qui nous permet de rajouter un distributeur ou un stockage", ajoute le responsable.

Les transports lourds sont les "early adopters"

L'autre atout de ces stations est leur capacité à distribuer de l'hydrogène aussi bien à 350 qu'à 700 bars de pression, ce qui répond à tous types de véhicules, lourds ou légers. "Nous croyons surtout dans la mobilité lourde et les usages intensifs, là où l'hydrogène a un avantage concurrentiel par rapport aux batteries", souligne Jean-Baptiste Lucas. Ce type d'énergie permet en effet de transporter de fortes charges avec une grande autonomie et surtout de refaire le plein en presque un éclair : moins de cinq minutes pour une voiture et de 15 à 20 minutes pour un véhicule lourd. "Le business model est celui des taxis Hype dont nous sommes partenaires", confie le dirigeant. Ces voitures, qui sillonnent l'Île-de-France, ont besoin d'une forte autonomie et surtout de recharger vite pour ne pas perdre de clients. Après des collectivités, telles que la métropole de Dijon, qui a choisi l'hydrogène pour alimenter ses bus et ses bennes à ordures ménagères, des entreprises s'intéressent à leur tour à cette énergie.

Prochaine cible : les gros rouleurs en véhicules légers

Au-delà du transport lourd, de petites stations peuvent avoir une pertinence sur des sites pourvus de flottes importantes de véhicules légers qui roulent beaucoup. Certes l'investissement nécessaire se calcule encore sur sept chiffres mais l'essor du marché et les économies d'échelle des industriels laissent entrevoir une baisse des tarifs. Surtout, le coût d'un plein devient plus compétitif, à mesure que les prix des carburants fossiles atteignent des sommets. Cette compétitivité de l'hydrogène vert pourrait se marquer davantage si les 27 Etats membres de l'Union européenne tombent d'accord à Bruxelles. Dans le cadre de la réforme en cours du marché européen de l'énergie, ils y discutent actuellement de la possibilité de décorréler le prix de l'électricité de celui du gaz. Un tournant qui serait autant historique qu'écologique pour la mobilité en Europe et pour les acteurs de l'hydrogène en particulier.

*Sous réserve de l'adoption définitive de cette disposition qui s'inscrit dans la révision de la directive "Afir" (Alternative fuels infrastrcuture regulation), en discussion à Bruxelles.

 
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