Recherche
Mag Décision Achats
S'abonner à la newsletter S'abonner au magazine
En ce moment En ce moment

[Avis d'expert] La crise de la Covid-19 a rebattu les cartes de l'intérim. Faut-il en profiter maintenant ?

Publié par le | Mis à jour le
[Avis d'expert] La crise de la Covid-19 a rebattu les cartes de l'intérim. Faut-il en profiter maintenant ?
© Irina Tischenko

Comme toute crise, celle que nous connaissons frappe le marché de l'intérim et apporte son cortège de défis complexes et d'opportunités. Encore faut-il être en mesure de savoir les saisir.

Je m'abonne
  • Imprimer

La crise économique liée à la Covid-19 a eu des répercussions négatives sur l'emploi et en particulier sur celui des intérimaires. Hormis dans des activités telles l'agroalimentaire ou le transport, un nombre considérable de contrats intérimaires ont été brutalement interrompus au printemps 2020. Et depuis, peu d'entre eux ont été reconduits. Les ETT ont ainsi connu une chute spectaculaire de 40 % de leur activité. (source : Prisme juin 2020).

Bien entendu, comme dans tout marché sur-capacitaire, des opportunités de baisse de prix à court terme vont se présenter. Mais s'assurer de les conserver à plus long terme demande un travail autre qu'une simple démarche opportuniste. Pour y parvenir, il est nécessaire de faire le point sur un budget beaucoup plus complexe à appréhender qu'il n'y paraît.

Effectivement, la crise actuelle doit être mise à profit pour s'interroger quant à l'adéquation entre les solutions en place et les besoins d'aujourd'hui et de demain ; reconsidérer les contrats ; opérer des changements d'agences... Cette démarche est toujours difficile à mener en phase de pleine activité, mais doit pourtant l'être régulièrement pour avoir la certitude de piloter efficacement son budget intérim.

En outre, la forte baisse du marché de l'intérim vous donne accès à un panel de talents beaucoup plus large qu'en temps normal, particulièrement si votre entreprise est implantée dans un bassin d'emploi en tension synonyme de profils qualifiés ou techniques difficiles à sourcer en temps normal.

Un secteur en pleine mutation

Nous invitons en premier lieu les entreprises utilisatrices à consulter tous les acteurs du secteur de l'intérim et à s'intéresser à des solutions nouvelles comme les agences digitales.

Ces dernières profitent de leurs compétences dans le numérique notamment dans l'intelligence artificielle, pour accentuer leur présence sur le marché de l'intérim. En misant sur le 100 % digital, elles captent des profils qui échappent aux circuits classiques et proposent des tarifs plus avantageux que les agences "brick & mortar". Cette pression sur les prix conjuguée aux incidences de la Covid-19 bouleverse les groupes généralistes de renommée mondiale qui font actuellement eux-aussi leur révolution numérique à marche forcée alors qu'ils affirmaient, il y a peu, ne pas vouloir se précipiter dans ces développements.

Enfin, aux côtés de ces acteurs nationaux, une nuée d'enseignes locales ou de niche rivalisent. Elles misent, pour les premières, sur leur connaissance fine de leurs bassins d'emploi et leurs réseaux locaux et, pour les secondes, sur leur spécialisation sur des activités spécifiques - médical, ingénieurs, séniors, travailleurs handicapés...-.

Adopter une démarche rigoureuse

Avant de consulter le marché, les entreprises utilisatrices devraient avoir pour premier impératif, celui d'effectuer un audit de leur situation actuelle, notamment en termes de dépenses, de profils employés, de durée moyenne des contrats, de volume d'emplois, de taux horaire, de type d'activités... et de s'interroger en profondeur sur les besoins futurs de l'entreprise, quand les beaux jours reviendront.

Elles peuvent également se questionner quant à l'efficience de leur organisation. Trop souvent, les négociations sont gérées par les ressources humaines et les factures sont traitées par le service comptable qui ne dispose pas des contrats nécessaires au contrôle de la conformité de la facturation.

PME et ETI devront également s'enquérir du sujet de l'utilisation des outils numériques de gestion et de suivi des commandes. Ceux-ci, s'ils sont correctement paramétrés, permettent d'accroître notablement la fluidité des échanges entre l'entreprise et ses prestataires. Ces applications sont également synonymes de gains de temps que les collaborateurs peuvent employer à des tâches à plus haute valeur ajoutée. On note qu'encore aujourd'hui, nombreuses sont les entreprises qui n'utilisent pas les outils numériques permettant d'automatiser les nombreuses tâches administratives liées à l'interim !

Enfin, il n'est pas aisé de comparer les tarifs des agences. Le coefficient multiplicateur est appliqué au salaire horaire de l'intérimaire ; la différence entre la facturation totale et le salaire de l'intérimaire servant à couvrir les indemnités de fin de mission, les congés payés, la visite médicale, le coût du recrutement, les charges sociales, ... et la marge de l'agence. Autant de coûts et de rubriques qui peuvent ne pas être pris en compte de la même façon par les ETT.

Consulter le marché est complexe. Tout d'abord, parce que la démarche demande de connaître l'ensemble des acteurs, leurs forces et leurs faiblesses, leurs capacités. Par ailleurs, établir un cahier des charges en parfaite adéquation avec les besoins et analyser les offres des prestataires, parfois opaques, implique outre le temps nécessaire à y allouer, un savoir-faire technique spécialisé.

Par Bertrand Sanséau, directeur associé d'Euklead, et Marie Molin, expert intérim, Euklead


 
Je m'abonne

NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles

La rédaction vous recommande

Retour haut de page