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"La notion de sécurité prime sur la notion de neutralité carbone"

Publié par Lisa Henry le | Mis à jour le
'La notion de sécurité prime sur la notion de neutralité carbone'

Spécifiques et très variés, les achats des sapeurs pompiers posent des difficultés qui n'existent pas sur d'autres marchés. La centrale d'achats UGAP jongle entre les réglementations et les règles du marché public.

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Les achats des pompiers couvrent un périmètre de produits très vaste, qui vont de l'uniforme aux véhicules, en passant par les équipements médicaux. Et l'UGAP, en charge de ces achats, doit travailler avec des contraintes particulières sur ce marché public. En pleine préparation du congrès national des sapeurs-pompiers, qui se tiendra du 13 au 16 octobre à Marseille, Philippe Guinard, chef de produit incendie et secours, relate ces difficultés.

Qu'est-ce que la co-prescription, et comment vous permet-elle de gagner du temps de processus ?

Ce que nous appelons la co-prescription, c'est ce qui nous permet de construire des procédures adaptées en collaboration avec nos clients. A travers les conventions de partenariats signés avec les SDIS (Service Départemental d'Incendie et de Secours), nous nous engageons à définir un modèle d'externalisation dans lequel ces entités participent à la définition des biens à acquérir. Une fois le cahier des charges défini, nous l'enrichissons afin que l'ensemble des acteurs du secours puissent en profiter et faire une acquisition à travers des options, de variantes ou d'adaptations spécifiques en fonction de leurs contraintes géographiques par exemple.

En somme, nous mettons des marchés standards à disposition de nos clients. Par exemple, lorsque nous faisons un marché pour renouveler les parcs informatiques, nous n'allons pas faire les demandes auprès de nos clients, nous sommes sur quelque chose de standard. Alors que pour certains clients, les marchés sont vraiment étudiés en amont. Surtout sur des produits liés à de l'activité opérationnelle ou métier.

Quelles sont les plus grosses difficultés que vous rencontrez en termes d'approvisionnement ?

Depuis la fin des différents confinements l'ensemble des acteurs industriels font face à une crise mondiale de pénurie des matières premières et composants semi-conducteurs. Ces pénuries entrainent un allongement significatif des délais de livraison et à terme un renchérissement du coût des composants. En tant qu'intermédiaire entre acteurs industriels nous faisons donc de fait face aux mêmes difficultés.

Nous sommes donc impactés en termes de délais, et la plus grande difficulté est de gérer et transmettre l'information sur ces nouveaux délais à nos clients finaux. Notre plus grand défi se trouve dans ce traitement de l'information.

Comment se passe la relation fournisseurs pour une institution comme les pompiers ?

Notre rôle est de nous positionner en tant que facilitateur vis-à-vis des acteurs industriels. Nos relations sont bonnes, mais il nous faut améliorer nos échanges pour ne pas perdre trop de temps dans les transmissions des évolutions et modifications en cette période de reprise d'activité.

Lorsque nos fournisseurs reçoivent une info à j-1 et nous à j+2, nous perdons une semaine. Cela crée un temps de décalage de l'information important, et cela nous fait rencontrer des difficultés.

Quelles sont les innovations actuellement ?

Nous sommes en veille constante afin de favoriser l'émergence de produits innovants. Nous proposons des drones depuis cinq ans, et des robots terrestres depuis le début de l'année. Nous essayons d'intégrer ces innovations au mieux, en prenant en compte le délai de procédure du marché public, ce qui n'est pas simple.

Au-delà des robots et des drones, nous avons récemment intégré une solution qui est importante, bien qu'elle paraisse subtile. Elle permet la gestion du temps de repos, l'objectif est de calculer le temps d'activité d'un pompier, ses séquences d'intervention et de repos, pour voir si le ratio est sain. Cela permet donc de vérifier qu'il ne soit pas en souffrance, et ce travail rentre dans les critères RSE des SDIS, qui ont déjà identifié des facteurs, et mis en place des solutions.

Quels sont les défis face aux normes de sécurité et leur évolution dans vos achats ?

La principale difficulté réside dans le fait qu'il y a les normes diffusées au Journal Officiel, qui deviennent donc obligatoires, et celles qui ne sont pas diffusées. Nous devons en permanence vérifier quel élément technique est obligatoire et rentrer en critère de notation, et quel critère ne l'est pas.

Malgré cette difficulté, il est important de souligner que les normes qui ont pour vocation d'améliorer la sécurité des pompiers, nous les appliquons qu'elles soient au JO ou non.

Pour renforcer cette politique nous disposons d'une équipe technique dédiée à la vérification des machines opérationnelles avant leur livraison, et tout particulièrement celles qui doivent assurer la plus haute sécurité en intervention.

Quand les achats sont primordiaux pour une activité comme la vôtre, comment abaisse-t-on son bilan carbone, pour atteindre la neutralité ?

Nous accompagnons les nouvelles solutions comme les embarcations semi-rigide à propulsion électrique ou les ambulances électriques. Toutefois, la sollicitation opérationnelle est aléatoire, nous ne savons jamais quand et combien de fois le matériel sera utilisé.

La nécessité d'un taux de disponibilité élevé des matériels rend complexe l'intégration de solution basse émission carbone ou électrique. Par exemple le développement des ambulances électriques doit intégrer l'autonomie (200 km constructeur et 100 km avec les équipements médicaux, plus de signalisations embarqués) et garantir l'enchainement des interventions.

La sécurité des victimes et des intervenants me semble primer sur la neutralité carbone, jusqu'à l'adaptation robuste et sécurisé, des solutions du grand publique ou industriel. Je pense que l'ensemble des vecteurs routiers d'intervention du secteur de l'incendie et du secours feront certainement partie des derniers secteurs à avoir des solutions technologiques qui répondront aux critères de neutralité carbone.

 
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