Comment embarquer les collectivités dans l'achat responsable, l'exemple de l'Occitanie
En Occitanie, un réseau régional mise sur une méthode d'accompagnement ancrée localement, pensée pour toutes les tailles de collectivités. Une stratégie pragmatique qui transforme les grands objectifs nationaux en actions concrètes. Décryptage.

Réduire les émissions carbone, favoriser l'économie locale, intégrer des critères sociaux dans les marchés publics... Les collectivités sont appelées à devenir les fers de lance des achats responsables. De la diversité des territoires, bien évidemment, ressort une grande hétérogénéité en termes de niveau de maturité sur la question, de moyens alloués, de ressources et de compétences.
Rappelons que le Plan National pour des Achats Durables (PNAD) fixe un cap ambitieux avec 100 % des contrats de la commande publique qui intègrent au moins une considération environnementale et 30 % des contrats qui font de même sur une considération sociale. En Occitanie, le Réseau des Achats Responsables en Occitanie (RES'OCC) met en place une stratégie d'accompagnement différenciée et territorialisée. Une méthode qui permet de rapprocher les objectifs nationaux de la réalité des territoires.
Former, outiller, embarquer : une approche à plusieurs étages
Traduire les ambitions du Plan National pour des Achats Durables (PNAD) en actions concrètes à l'échelle locale ne va pas de soi. En première ligne : les agents territoriaux, souvent isolés, parfois peu formés à la stratégie achat. " Historiquement, on avait plutôt des juristes dans les fonctions achats. La question qui se pose concerne la (re)mise à niveau sur la stratégie d'achats ", contextualise Blandine Ménard, responsable de projet achats responsables chez RES'OCC.
Face à ces disparités de compétences et de culture achat, la méthode repose sur le triptyque sensibilisation, formation et mutualisation des bonnes pratiques. Modules dédiés aux élus, formations pratiques pour acheteurs, matinales thématiques et fresques pédagogiques sont mis en oeuvre. L'objectif est d'embarquer toutes les parties prenantes, des prescripteurs aux décideurs. " Une condition de réussite pour faire un achat durable, c'est bien d'embarquer tout le monde ", rappelle l'experte du RES'OCC.
Le support aux acheteurs ne se limite pas à une formation initiale. Des solutions comme le "30-30" (30 minutes pour 30 jours de veille juridique), ou encore des ressources mutualisées avec d'autres réseaux régionaux (3AR, RESECO), permettent un accompagnement opérationnel au long cours, particulièrement apprécié dans des petites structures peu dotées en moyens humains.
L'ancrage territorial valorise l'écosystème local
Accompagner efficacement suppose une connaissance fine des réalités territoriales. " On a du littoral, de la montagne, de l'urbain avec de grosses métropoles, du rural... on achète aussi des avions à l'ENAC ! ", rappelle Blandine Ménard. Une diversité qui impose une adaptation constante des outils et un lien fort avec l'écosystème local.
C'est là qu'intervient le travail de maillage territorial, notamment via des rencontres acheteurs-fournisseurs co-construites avec des partenaires tels que la CRESS Occitanie ou le réseau des facilitateurs sociaux. " Ces rencontres sont essentielles. Si on veut développer l'ESS, il faut absolument connaître ces structures, savoir ce qu'elles peuvent proposer ", explique Blandine Ménard.
L'idée ? Organiser un sourcing inversé, pédagogique et incarné. À Montpellier, une "rave textile" permet aux acheteurs de découvrir l'offre locale de fournisseurs ESS sur ce segment. L'initiative favorise la pré-connaissance du tissu économique local et décloisonne les relations entre acteurs publics et structures de l'ESS, en rendant plus concrète la notion d'achat socialement responsable.
SPASER, structurant mais inégalement maîtrisé ?
Si le SPASER (Schéma de Promotion des Achats Socialement et Écologiquement Responsables) est un levier clé du PNAD, il reste un outil complexe à mobiliser, surtout dans les petites collectivités. " Faire un SPASER tout seul, sans se préoccuper de ce qui se passe à côté, c'est un peu dommage ", estime Blandine Ménard. Le travail collectif est fondamental car il permet d'échanger sur les indicateurs, d'éviter les ambitions déconnectées des moyens, et surtout de favoriser l'appropriation locale.
" Une petite commune n'a pas forcément les ressources pour se poser la question d'une stratégie achat. Pourtant, avant de faire de l'achat durable, il faut savoir faire de l'achat. " À travers un accompagnement au plus près des capacités réelles de chaque acteur, le RES'OCC veille à ne pas exclure les "non-obligés" du SPASER. En effet, l'association invite ces petites collectivités à réfléchir à des feuilles de route simplifiées, pour qu'elles puissent elles aussi amorcer une démarche responsable.
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