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Sobriété énergétique : les collectivités mobilisées pour l'hiver

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Sobriété énergétique : les collectivités mobilisées pour l'hiver

Pour faire face à la crise énergétique actuelle, les collectivités territoriales élaborent leurs propres plans de sobriété : baisse du chauffage des bâtiments, réduction de l'éclairage public, mobilité durable...

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Des factures de gaz et d'électricité de plus en plus salées... Les collectivités payent les conséquences de la crise énergétique amorcée par la reprise économique post-covid et amplifiée par la guerre en Ukraine. "La panique actuelle concerne les collectivités dont les contrats arrivent à terme à la fin de cette année, explique Alain Bénard, président de l'Association des acheteurs publics. Celles dont les contrats courent jusqu'en 2023, voire après, vont connaître des augmentations mais l'année prochaine sera plus sereine pour elles." À Tours, par exemple, la facture énergétique doublerait à consommation constante : 10 millions d'euros en 2023 contre 4,4 millions en 2019. En juin 2022, la renégociation des contrats a en effet doublé le coût de l'électricité et triplé celui du gaz. La ville de Lille est également confrontée à une augmentation de 200% du prix du gaz : sa facture devrait être de 6 millions d'euros en 2023 contre 1,9 en 2022. Malgré des consommations à la baisse depuis plusieurs années, ses dépenses en électricité pour l'éclairage public augmentent aussi, dans une moindre mesure : 1,3 millions d'euros en 2022, soit 200 000 euros de plus qu'en 2021.

Objectif: -10% par rapport à 2019

La motivation des collectivités pour la sobriété énergétique est donc non seulement environnementale mais aussi budgétaire. Au niveau national, le président Macron a donné le la : lors de son allocution du 14 juillet 2022, il a annoncé l'élaboration d'un plan de sobriété énergétique pour faire face au risque de pénurie lié à la guerre en Ukraine. L'objectif ? En deux ans, réduire nos consommations de carburant, de gaz naturel et d'électricité de 10% par rapport à l'année 2019. Pour préparer ce plan national, le Gouvernement s'est appuyé sur neuf groupes de travail, l'un d'eux étant consacré aux collectivités territoriales. Parallèlement, Amorce, l'Association des maires de France et Intercommunalités de France, ont réuni 200 collectivités sur ce sujet. À l'issue de cette session de travail, elles ont identifié 10 principales actions pour réduire les factures énergétiques cet hiver. On les retrouve dans le plan de sobriété énergétique présenté par le gouvernement, jeudi 6 octobre 2022. "La mobilisation est générale au sein des territoires, rapporte Joël Ruffy, responsable du service institutionnel d'Amorce, une association de collectivités oeuvrant pour la transition écologique. Mais de nombreuses collectivités avaient entamé des démarches bien avant la crise, investissant notamment dans la rénovation énergétique des bâtiments." En matière de sobriété énergétique, Alain Bénard souligne que "les acheteurs publics peuvent éclairer la décision des élus en quantifiant les gains financiers attendus".

Baisser le chauffage dans les bâtiments publics

Beaucoup de mesures de sobriété énergétique concernent les bâtiments des collectivités. "Il s'agit d'abord d'identifier et de cibler les bâtiments inefficaces, rappelle Joël Ruffy. Il faut ensuite vérifier les systèmes de régulation de chauffage et, s'il n'y en a pas, trouver une solution pour réguler. La formation et l'information des agents est également essentielle." Dans le respect du code de l'énergie, la température des bâtiments occupés devra être de 19°C. Beaucoup de collectivités prévoient également de couper l'eau chaude dans les bâtiments, sauf dans les établissements scolaires et de santé. Une autre mesure importante consiste à limiter la saison de chauffe des bâtiments à la période allant des vacances de la Toussaint à Pâques. Parmi les mesures courantes, on trouve aussi la chasse aux petits radiateurs électriques d'appoint qui fleurissent parfois dans les bureaux. Le télétravail est une piste parfois évoquée, notamment pour réduire la consommation de carburant. L'État montre la voie aux collectivités en y incitant ses agents : à partir de début 2023, ils bénéficieront d'une augmentation de 15% de l'indemnité forfaitaire de télétravail afin de couvrir l'augmentation des prix de l'énergie.

"Il faut embarquer tout le monde avec nous, affirme Audrey Linkenheld, première adjointe au maire de Lille en charge de la transition écologique et du développement soutenable. Depuis 6 ans, nous expérimentons la mobilisationdes agents municipaux avec des correspondants énergies volontaires, dans un certain nombre de bâtiments." Le plan de sobriété énergétique de Lille, adopté en septembre, prévoit d'ailleurs l'installation de 100 correspondants énergie supplémentaires. Une communauté animée par des médiateurs financés par Engie, le fournisseur, dans le cadre du marché de chauffage.

Les collectivités se préoccupent aussi des consommations énergétiques de leurs équipements sportifs. A Tours, comme dans d'autres villes, la municipalité a baissé d'un degré la température de l'eau et de l'air dans ses trois piscines. Idem pour les gymnases qui vont passer de 16 à 15°C. "Avec les usagers, à moyen terme, nous réfléchissons aussi à des utilisations différentes pour faire baisser les consommations, explique Martin Cohen, adjoint au maire de Tours délégué à la transition écologique et énergétique. Dans les gymnases, par exemple, nous mélangeons aujourd'hui des activités comme la gym douce et le handball. Or la température pourrait être plus basse pour les sports collectifs. Il faut donc retravailler les créneaux horaires."

Moins d'éclairage public

Les plans de sobriété énergétique accordent aussi une place importante à l'éclairage et aux déplacements. Dans les 10 actions mises en avant pour les collectivités, on note ainsi : l'extinction de l'éclairage public de 23h à 5h30, sauf sur les axes principaux ; celle de l'éclairage des monuments, des façades, des enseignes et des vitrines éclairées ; la formation des agents à l'écoconduite et la limitation de la vitesse maximale de conduite. Depuis le 5 septembre 2022, par exemple, Lille ne met plus en lumière ses bâtiments publics. A propos des enseignes et publicités lumineuses, notons qu'un décret d'octobre 2022 a rendu obligatoire leur extinction entre 1 h et 6h du matin, partout en France. En matière de conduite, l'Etat donne l'exemple : il demande maintenant à ses agents de limiter la vitesse de leur véhicule de service à 110 km/h sur l'autoroute, lors de trajets professionnels non urgents. Une mesure qui permet d'économiser 20% de carburant.

Signalons enfin le soutien de l'Etat aux collectivités dans leurs efforts pour plus de sobriété et d'efficacité énergétiques.La dotation du programme CEE (Certificat d'économies d'énergie) Actee 2, qui vise à inciter les collectivités à la rénovation énergétique de leurs bâtiment publics, va passer de 110 à 220 millions d'euros. Un fonds vert dédié à la transition écologique dans les territoires sera par ailleurs créé dès 2023. Il permettra de soutenir à hauteur de 1,5 milliard d'euros les projets portés par les collectivités. Il pourra par exemple financer leurs investissements dans l'éclairage LED ou leurs actions en matière de mobilité. La sobriété énergétique à court terme concourt ainsi à la transition écologique à moyen et long terme.

Olivier Richefou, président du Conseil départemental de la Mayenne

"Notre plan de sobriété énergétique va fonctionner grâce à l'accompagnement humain."

"Le plan de sobriété énergétique de La Mayenne a été approuvé à l'unanimité par l'Assemblée départementale, lundi 26 septembre 2022. Notre objectif est de réduire de 10% notre consommation énergétique en deux ans. Ce plan a été préparé de façon très transversale, avec les personnels du Conseil départemental, sur l'aspect bâtiments comme sur l'aspect déplacements. Il comprend 53 mesures, en écho au numéro du département. Une mesure pleine de bon sens est par exemple de débrancher les chauffe-eaux utilisés pour les lave-mains dans les sanitaires. Une autre est de privilégier le branchement des micro-ordinateurs et des téléphones portables entre 15h et 17h, alors qu'ils sont souvent branchés en permanence. Nous avons par ailleurs nommés 25 ambassadeurs éco-motivés dans nos directions, des collaborateurs volontaires. En termes de déplacements, nous demandons à nos agents de privilégier le partage des véhicules de service, en particulier des véhicules électriques. Enfin, nous avons mis en place une "journée pull-over" : tous les vendredis, la température pourra être abaissée à 18°C. "

 
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