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Achats, développement durable et RSE : des réalités très contrastées

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Achats, développement durable et RSE : des réalités très contrastées

Si le constat global est que les achats responsables ne sont pas toujours une priorité pour les directions achats, la situation varie fortement entre public et privé mais aussi entre secteurs d'activités. RSE, achats made in France, achats dans les pays à bas coûts: le point sur la situation...

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Dans le cadre de l'étude "Tendances et priorité des départements achats 2018" menée par AgileBuyer et le CNA (lire notre article sur les grandes tendances qui ressortent de l'étude), un acheteur sur deux déclare avoir personnellement des objectifs achats liés au développement durable et à la RSE. Un résultat qui s'inscrit dans la moyenne de l'étude depuis 2014, en légère hausse par rapport à 2017 (47%, soit trois points de plus).

Parmi les répondants, il apparaît que les directeurs achats semblent légèrement plus impliqués (55%, soit cinq points de plus que la moyenne). "Ce pourcentage s'explique notamment par le fait que ces derniers ont une vision plus globale de la politique achats de l'entreprise et de son éventuelle prise en compte des achats responsables sur tel ou tel périmètre. Inversement, un acheteur peut être concentré sur une famille d'achats spécifique pour laquelle il n'y a pas de critère d'achats responsables", commente Olivier Wajnsztok, directeur associé du cabinet AgileBuyer, conseil et ressources achat. Sujet très en vogue depuis plusieurs années, valorisant pour la fonction, il n'en demeure pas moins que les achats responsables ne sont pas toujours une réalité. Ou tout du moins une priorité.

Un objectif à part entière dans le secteur public

Sur le thème des achats responsables, on observe toutefois une réelle différence entre le secteur privé et le secteur public : si 47% des acheteurs du privé affirment avoir des objectifs achats liés au développement durable et à la RSE, ils sont près de 76% dans le public, soit 19 points de plus. "Un tel écart peut s'expliquer par le fait que les directives européennes sur lesquelles s'appuient les politiques d'achats publiques encouragent les acheteurs des entités et des structures publiques à réaliser des achats dits responsables. Et cela parallèlement aux volontés affichées par les élus", indique Olivier Wajnsztok.

"Au vu des résultats de l'étude, je note avec satisfaction que le ministère des Armées se démarque par le développement d'une politique d'achats responsables volontariste... Le ministère des Armées souhaite y combiner la qualité des relations fournisseurs (notamment vis-à-vis des PME et ETI) et des achats responsables. Les résultats de cette politique ont été reconnus avec l'attribution du Label RFAR le 23 novembre 2017 par la Médiation des Entreprises et le Conseil national des achats" - Jean Bouverot - responsable ministériel des achats - ministère des Armées

Dans le privé, au-delà du respect de telle ou telle norme, ce n'est pas obligatoire ni forcément encouragé même si les grandes entreprises doivent désormais produire un rapport RSE pour lequel les achats sont sollicités. De là à intégrer des objectifs en la matière à leurs acheteurs... une majorité d'entreprises n'ont pas encore franchi ce pas. Pour d'autres, un tel objectif n'est pas facile à concrétiser.

Lire la suite en page 2 : Une préoccupation au sein des grandes entreprises


Une préoccupation au sein des grandes entreprises

Autre différence notable : au sein des grandes entreprises de plus 5000 salariés, 59% des répondants déclarent avoir personnellement des objectifs achats liés au développement durable et la RSE, soit 9 points de plus que la moyenne du panel. Une majorité que l'on ne retrouve pas dans les ETI (46%) et surtout dans les PME (34%). "Plusieurs raisons peuvent être avancées : la responsabilité des grandes entreprises est souvent engagée et scrutée, les effectifs achats sont plus étoffés et permettent de dédier des ressources au sujet, les dirigeants des petites entreprises sont davantage orientés business et les achats responsables ne sont pas une priorité, etc.", analyse Olivier Wajnsztok.

"Les achats responsables restent l'ossature de notre fonctionnement et notre première Politique Achats Responsables éditée en 2015 est en cours de mise à jour pour prendre en compte les évolutions de notre Groupe et de nos achats. Elle fera l'objet d'une édition début 2018" - Pascal Garnero - directeur achats - Groupe Atalian

Quelques secteurs d'activité sont en pointe sur le sujet

Plusieurs secteurs d'activités se distinguent. Ainsi, 68% des répondants travaillant dans le secteur des transports déclarent avoir personnellement des objectifs achats liés au développement durable et à la RSE. Un résultat logique, tant cette branche est sensible aux problématiques environnementales. L'informatique et les télécoms (60%), l'agroalimentaire, l'hôtellerie et la restauration (58%) se distinguent également.

Plusieurs secteurs industriels enregistrent des pourcentages supérieurs à la moyenne du panel. On pense notamment aux entreprises des secteurs de la chimie, du plastique, du bois ou du papier (55%), de la construction, de l'énergie, de l'eau et de la gestion des déchets (54%). Les répondants appartenant à des branches historiques, telles que l'automobile et l'aéronautique (44%), ou plus encore la métallurgie et la mécanique (36%), apparaissent moins objectivés sur ces thèmes. Tout comme dans les entreprises de services, à l'image de la banque et de l'assurance (45%).

Lire la suite en page 3 : Le pourcentage d'achats "Made in France", désormais suivi


Le pourcentage d'achats "Made in France", désormais suivi

Il s'agit de l'une des surprises de cette édition 2018 : le pourcentage d'achats "Made in France" est désormais suivi par une part significative des entreprises et des entités publiques.

Dans le privé, 34% des entreprises suivent le pourcentage d'achats "Made in France", soit une progression notable de près de 19 points par rapport à 2017. "Un résultat qui interpelle tant ce paramètre n'était pas un sujet il y a encore quelques années pour la plupart des directions achats. La question, devenue très médiatique, semble donc influencer les politiques d'achats et devenir un objectif en soi", commente Olivier Wajnsztok.

Dans le public, où la question doit être appréhendée différemment pour ne pas tomber sous le joug des directives européennes, 42% des répondants appartenant à des structures publiques reconnaissent suivre le pourcentage d'achats "Made in France" ou d'achats locaux (circuits courts), un chiffre en progression de 8 points par rapport à 2017. Le thème, très politique, s'invite donc dans les politiques d'achats publiques.


"La discrimination explicite au profit de produits et de services " Made in France " ne peut être mise en oeuvre au sein du ministère des Armées. Ce type de discrimination " positive " serait une entorse à la réglementation de l'achat public. En revanche, favoriser le développement local par un achat plus ancré dans les territoires contribue à intégrer cette problématique dans la politique achats ministérielle." - Jean Bouverot - responsable ministériel des achats - ministère des Armées

Lire la suite en page 4 : Le "Made in France", un critère d'attribution du business comme les autres et Les achats dans les pays à bas coûts sont de moins en moins tendance


Le "Made in France", un critère d'attribution du business comme les autres

Près 46% des répondants, quel que soit le secteur, considèrent le "Made in France" dans leurs critères d'attribution du business. Il s'agit là encore d'un résultat significatif, notamment dans le privé où ce score enregistre une hausse de près de 17 points par rapport à 2017.


Dans l'absolu, une importante majorité des répondants (70%, en hausse de 5 points par rapport à 2017) considère d'ailleurs qu'acheter "Made in France" n'est pas une contrainte en tant que telle. Pour les autres, à tort ou à bon escient, les raisons divergent. Ainsi, 12% des répondants pensent qu'acheter "Made in France" représente une contrainte en termes de coûts. Par ailleurs, 12% des répondants estiment également que leurs besoins ne se trouvent pas en France et qu'il leur est donc impossible d'acheter des produits ou des services "Made in France". Enfin, 4% des répondants déclarent qu'acheter "Made in France" est trop compliqué, quand 2% évoquent des contraintes liées à leurs clients étrangers qui leur imposent d'acheter dans leur pays.

"A noter que, sur ce point, le contexte est très inégal selon les entreprises : par exemple, il est plus facile d'acheter en France pour une entreprise de services hexagonale que pour un groupe industriel français dont les achats de production et de matières premières se trouvent parfois à l'étranger", souligne Olivier Wajnsztok. "De même, certaines entreprises françaises qui se développent à l'international et qui s'implantent dans des pays étrangers peuvent se doter de nouvelles sources d'approvisionnements et/ou s'adresser plus facilement et logiquement à des fournisseurs locaux."

Par ailleurs, certains secteurs semblent plus ouverts que d'autres au "Made in France", notamment les entreprises de services. Dans la banque et l'assurance par exemple, ou encore la formation, 77% des répondants estiment que le "Made in France" n'est pas une contrainte. Certaines branches industrielles enregistrent également de bons scores, comme la chimie par exemple (75%), l'énergie ou la construction (71%). En revanche, dans l'agroalimentaire, l'hôtellerie, la restauration et les loisirs, "seuls" 57% des répondants assurent ne rencontrer aucune contrainte spécifique.


Seuls quelques secteurs industriels vont continuer d'augmenter leurs parts d'achats dans les pays à bas coûts, notamment l'automobile et l'aéronautique : "seuls" 47% des répondants de ces secteurs indiquent que les achats dans les pays à bas coûts ne constituent pas un axe de travail et près de 46% d'entre eux déclarent au contraire que cette part des achats va même augmenter en 2018.

Les résultats sont aussi significatifs dans la métallurgie, la mécanique ou le textile : "seuls" 53% des répondants de ces secteurs affirment que les achats dans les pays à bas coûts ne sont par un axe de travail, quand 31% indiquent au contraire que cette part va augmenter en 2018. Des résultats qui s'expliquent en partie et bien souvent par l'obligation pour ces entreprises d'acheter local dans leur business à l'étranger.


 
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