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Éco-labels: des sésames pour une politique achats RSE

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Les appellations respectueuses de l'environnement fleurissent, mais encore faut-il connaître les critères qui conduisent à leur élaboration pour pouvoir arbitrer en toute connaissance de cause. Décryptage.

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NF Environnement ou Petite fleur européenne? Ange bleu ou Cygne nordique? Autant d'appellations, plus ou moins poétiques, désignant des produits respectueux de l'environnement, mais où il est parfois difficile d'y voir clair. L'Afnor (Association française de normalisation) donne une définition concrète de l'éco-label. Celui-ci distingue «des produits et services plus respectueux de l'environnement. Leurs critères garantissent l'aptitude à l'usage des produits et une réduction de leurs impacts environnementaux tout au long de leur cycle de vie». En France, deux éco-labels of ciels sont délivrés: la marque NF Environnement, concernant les produits destinés au marché français, et l'Ecolabel européen - symbolisé par une petite fleur - pour les produits vendus chez nos voisins. « Pour autant, un acheteur peut se trouver confronté à de nombreux autres labels, selon le pays d'origine du fabricant », souligne Patricia Proïa, responsable du pôle environnement du groupe Afnor. Une imprimante fabriquée en Allemagne peut être estampillée Ange bleu (éco-label officiel). Si elle provient de Suède, elle portera peut-être le logo du cygne nordique (Nordic Swan). Il est possible de diviser les labels en trois catégories. « La première est celle des éco-labels de type I, à laquelle appartiennent NF Environnement et l'Ecolabel européen », précise Patricia Proïa (Afnor). Il s'agit des éco-labels officiels - promus par les pouvoirs publics d'un pays - et qui obéissent aux six exigences de la norme internationale ISO 14024.

ZOOM. Ne pas confondre norme et certification

La norme est une spécification technique, établie sur la base du dialogue et du travail commun de toutes les parties intéressées (producteurs, utilisateurs, revendeurs...). Elle est approuvée par un organisme qualifié, comme l 'Afnor en France, DIN (Deutsches Institut für Normung) en Allemagne ou ISO ( International Organization for Standardization).
La certification d'un produit apporte en revanche la preuve de sa conformité à un référentiel constitué de normes et de règlements techniques. Elle se matérialise par une marque de qualité (comme NF Environnement Ameublement), un label ou une attestation de qualité, délivrée par un organisme compétent et reconnu, distinct du fabricant, du vendeur ou de l'importateur.
Source: FCBA

@ Bruno Frel, Achats Concept Eco

Expérience. Arbitrer entre réponse technique, surcoût et pertinence du label

« Les éco-labels ont le mérite de reposer sur des critères précis et, lorsqu'ils sont officiels, d'être reconnus et validés par des organismes indépendants », estime Bruno Frel, gérant d'Achats Concept Eco, société de conseil. Pour autant, les éco-labels doivent se plier aux contraintes des acheteurs qui recherchent avant tout la bonne spécificité technique, au bon prix. « Pour l'envoi postal d'un document lourd, par exemple, il sera difficile d'opter pour une enveloppe NF Environnement, car le label impose que le corps de la pochette n'excède pas 110 g/m2. Le risque de déchirure est alors certain », remarque Bruno Frel. La solution consiste donc, pour chaque achat, à se pencher sur le contenu de l'éco-label, afin d'en jauger la pertinence et la légitimité du surcoût éventuel. « Même si les écarts de coûts se resserrent peu à peu, il faut admettre que les produits titulaires d'un éco-label restent encore un peu plus chers que les produits conventionnels. » Enfin, selon le gérant d'Achats Concept Eco, il ne faut pas oublier d'examiner les labels étrangers. L'Allemagne et les pays nordiques, pionniers des éco-labels, les ont généralisés sur plus de 300 familles d'achats.

Géraldine Cloerec, CKS

«Il est capital d'identifier les bases sur lesquelles repose le label.»

Vérifier l'élaboration du label

Le référentiel d'un éco-label officiel doit être basé sur des critères précis, comme les seuils à respecter pour la limitation des impacts environnementaux. Deuxièmement, il doit prendre en compte l'ensemble du cycle de vie du produit, de l'extraction des matières premières à la fin de vie.

Troisième critère de l'estampille officielle: la concertation, qui doit réunir toutes les parties prenantes dans son élaboration (fabricants, distributeurs, consommateurs, etc.), le libre accès - tout demandeur du label doit pouvoir y accéder, s'il remplit les critères - la révision régulière des exigences, et enfin la certification par tierce partie. « Ce dernier critère est fondamental. Le fait de faire auditer une entreprise et son produit par un organisme tiers indépendant garantit l'objectivité du label », souligne Patricia Proïa (Afnor).

Les labels de «type II»

Il existe une seconde catégorie de labels dite de «type II». Il s'agit d'auto-déclarations environnementales de fabricants ou de distributeurs, comme le label Energy Star, qui s'affiche sur les appareils bureautiques peu gourmands en électricité. Obéissant à la norme ISO 14021 (utilisation réduite des ressources, recyclage, etc.), ils n'ont pas l'obligation de faire l'objet d'un contrôle indépendant. Enfin, les éco-profils de type III - autrement appelés DEP (déclarations environnementales produit) - sont des données standardisées fournies par un fabricant, selon des méthodes d'évaluation normalisées (norme ISO 14025:2006) et portant sur le cycle de vie du produit. Le fabricant suédois de sièges de bureau RH sièges possède ainsi plusieurs produits dotés d'une DEP de type III, dont l'impact environnemental a été évalué, au regard du potentiel de dégradation de la couche d'ozone et du potentiel d'eutrophisation (dégradation du milieu aquatique).

Ne pas s'arrêter au label

« Sous l'influence du Grenelle de l'environnement, les labels à connotations environnementales se sont multipliés », constate Alain Smith, responsable de l'unité d'évaluation et de certification du pôle ameublement du FCBA (centre technique Forêt cellulose bois construction ameublement qui délivre la marque NF Environnement Ameublement, entre autres). On peut notamment trouver des labels créés par des industriels, comme Paper by Nature, émanant de l'association du même nom, qui regroupe des fabricants de papier tels qu'Arjowiggins, Stora Enso, UPM Kymmene. Paper by Nature promeut « des pratiques écologiques dans l'industrie des produits papetiers transformés ». Ou encore Recycology, label crée par le fournisseur Pentel pour ses produits de classement, et qui se base sur l'utilisation de matières premières recyclées, notamment. « La question est de savoir sur quoi repose le label, s'il obéit à une norme environnementale, sil est contrôlé par un organisme indépendant et sil couvre l'ensemble du cycle de vie du produit », résume Géraldine Cloerec, consultante en achats responsables du cabinet CKS. Un produit fabriqué de façon éco-responsable aura ainsi peu d'intérêt si sa fin de vie génère des déchets importants. « Il faut également sur la mise à jour régulière du référentiel du label », précise Alain Smith (FCBA), afin d'avoir une marque qui "vit» et se nourrit des exigences les plus récentes. Enfin, les experts estiment que les labels ne sont que le petit "bout de la lorgnette» des achats responsables. Aussi rigoureux soient-ils, ils doivent s'inscrire dans une politique d'achats durables globale, passant par les bonnes pratiques environnementales et sociales de l'entreprise.

Pour en savoir plus, renseignez-vous auprès de l'Afnor (www.ecolabels.fr) mais également auprès de l'Ademe qui a contribué à la réalisation du Guide des labels de la consommation responsable.

 
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Olga Stancevic

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