Environnement de travail: Comment prévenir les risques en collant plus aux usages ?
Une performance logistique optimale passe par l'anticipation des usages. Dès le cahier des charges, une analyse des flux doit être poussée notamment pour lutter contre les accidents. Les bonnes pratiques.

Dans le secteur de la logistique, la gravité des accidents du travail est deux à trois fois supérieure à la moyenne nationale, selon la CARSAT Rhône-Alpes. Un chiffre qui grimpe encore si l'on tient compte des intérimaires. Pourtant, ces risques sont en grande partie évitables... à condition de poser les bonnes exigences dès la phase de conception du bâtiment.
" Un bâtiment, ça abrite une activité, pas une image de synthèse ", rappelle Christine Guichard, coordinatrice des actions logistiques à la CARSAT Rhône-Alpes. Elle milite pour une prise en compte systématique des usages réels et des conditions de maintenance dès le cahier des charges. Une vision qui, au-delà de la sécurité, sert aussi la performance économique et l'attractivité des sites.
Séparation des flux : un impératif pour la sécurité et la performance des sites logistiques
Acheter un entrepôt, ce n'est pas seulement acheter des mètres carrés, c'est acheter des flux. Et dans le cas des sites logistiques, la séparation des flux s'avère la clé de la prévention et le levier de création de valeur.
Camions, véhicules légers, piétons... Tout doit être pensé pour éviter les croisements et les angles morts. Sur ce point, la CARSAT a observé trop d'erreurs récurrentes : parkings de salariés placés en plein coeur des zones camions, zones fumeurs improvisées à proximité immédiate des quais, ou encore absence de zones sécurisées pour les intervenants extérieurs telles qu'une maintenance CVC ou une extinction incendie.
" Ce qu'on voudrait ne plus voir fleurir, ce sont des parkings au milieu des cours camions ", insiste Christine Guichard. Elle recommande des séparations physiques systématiques, pas seulement un marquage au sol, mais des aménagements en dur, type GBA (barrières en béton armé), pour sécuriser les circulations piétonnes.
Et cela commence dès les plans d'architecte. Si la séparation n'est pas anticipée, le rattrapage est complexe, coûteux, voire impossible. Autant dire que les cahiers des charges doivent intégrer explicitement ces exigences dès l'appel d'offres.
La maintenance, un maillon négligé ?
Autre angle mort fréquent, la maintenance. Et pourtant, elle demeure critique, notamment avec l'automatisation croissante des entrepôts. " On voit émerger de nouveaux risques, notamment ceux liés à la maintenance des équipements automatisés ", alerte Christine Guichard.
Sur le terrain, cela se traduit souvent par des oublis simples mais lourds de conséquences : absence d'accès sécurisé pour les techniciens, pas d'aire de stationnement proche des installations à maintenir, ni de locaux techniques facilement accessibles. Les conséquences c'est les interventions qui se font en mode dégradé, voire dangereux, et une perte d'efficacité qui se répercute sur toute la chaîne logistique.
Pour éviter cela, la CARSAT recommande une démarche participative dès la conception, en associant les utilisateurs finaux, y compris les techniciens de maintenance, au projet. " On a trop souvent une vision théorique depuis les bureaux d'études. Mais les aléas du quotidien, ce sont les salariés qui les connaissent. " De plus, il existe des ressources solides pour guider les acheteurs. Les brochures ED 16350 (conception globale des entrepôts) et ED 16059 (spécifique aux quais) éditées par l'INRS. " Ce sont nos bibles ", assure l'experte.
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