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Traçabilité, IA, circularité : comment la data redéfinit la vie des produits

Le traçage produit progresse, si bien que les industriels peuvent anticiper les usages, faciliter la réparation ou le recyclage, et construire des chaînes de valeur plus résilientes. Avis d'experts.

Publié par Geoffroy Framery le - mis à jour à
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Traçabilité, IA, circularité : comment la data redéfinit la vie des produits
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Comment prolonger, transformer, recycler ou réemployer les produits industriels dans un cadre économique et environnemental viable ? Pour Jean-Bernard Heronneau, expert en économie circulaire chez Mews Partners, la réponse tient en un mot, la donnée. « Aujourd'hui, pour penser la circularité, encore faut-il disposer de données fiables, structurées et interopérables sur les matériaux, les composants, les usages. Sans cela, aucune logique industrielle cohérente n'est possible», expliqe-t-il.

L'enjeu dépasse de loin la simple logistique. Il s'agit d'organiser une traçabilité continue, de la conception jusqu'à la fin de vie, en intégrant l'empreinte matière, la provenance, les conditions d'usage et de maintenance, mais aussi les possibilités de réparation ou de revalorisation. « Cela suppose des systèmes d'information capables d'absorber de grands volumes de données complexes et hétérogènes, tout en s'adaptant aux contraintes de chaque filière », insiste Xavier Brucker, directeur de Mews Lab.

Du passeport numérique à l'optimisation des usages

Parmi les outils évoqués, le passeport numérique produit cristallise les ambitions. Mais sa généralisation reste complexe. « Intégrer une puce RFID dans une montre de luxe ou tracer chaque élément textile d'un vêtement à base de fibres recyclées semblent problématiques», reconnaît Xavier Brucker. Entre contraintes techniques, coût de déploiement, besoin de standardisation inter-filières et interopérabilité des plateformes, les verrous sont nombreux.

Cela n'empêche pas certaines industries d'avancer. L'aéronautique, l'automobile, ou encore l'agroalimentaire expérimentent déjà des solutions de traçabilité fine, couplées à des modèles prédictifs d'usage ou de maintenance. Dans le luxe, la traçabilité de l'or ou du cuir devient un prérequis éthique et réglementaire. « On voit apparaître des solutions qui permettent non seulement de garantir l'origine des matières premières mais aussi d'évaluer leur aptitude au recyclage ou à la réutilisation », détaille Jean-Bernard Heronneau.

Industrialiser la seconde vie : un impératif de souveraineté

La donnée n'est pas un objectif, mais un catalyseur. Structurer l'information sur le cycle de vie des produits permet de fiabiliser les flux, de qualifier les matériaux réemployés, de mieux gérer les retours ou les stocks dormants. « C'est une nouvelle couche d'intelligence dans l'industrie, qui permet d'aligner performance, conformité et durabilité », résume Xavier Brucker.

Mais cette mutation ne peut se faire sans les filières. « Les filières doivent définir les référentiels, porter l'effort d'interopérabilité et structurer les chaînes de confiance entre producteurs, transformateurs et acheteurs », martèle Jean-Bernard Heronneau. À terme, c'est aussi une question de souveraineté industrielle. Car mieux tracer, c'est aussi mieux réemployer, moins dépendre, et créer de la valeur localement.

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