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Plan anti-CO2 de la commission UE : quelles contraintes pour les transporteurs ?

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Plan anti-CO2 de la commission UE : quelles contraintes pour les transporteurs ?

La commission européenne veut réviser la réglementation CO2 des poids lourds et réduire de 90% leurs émissions d'ici à 2040. Un nouveau plan de verdissement des flottes qui nécessite selon les acteurs du secteur une approche réaliste et un plan d'accompagnement, notamment financier, des transporteurs.

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Après avoir voté en juin dernier la fin des ventes de véhicules thermiques en 2035, la Commission européenne a dévoilé mardi 14 février 2023 les mesures qu'elle compte prendre pour réduire les émissions de CO2 des véhicules lourds. La proposition législative doit encore être soumise au Parlement européen, et s'inscrit dans le cadre de l'ambitieux plan climatique européen (le règlement 2021 1119), qui vise la neutralité carbone du continent en 2050. La commission européenne propose que les poids lourds réduisent de 90% leurs émissions de CO2 d'ici à 2040 avec des objectifs intermédiaires de - 45 % à partir de 2030 puis - 65 % en 2035. Pour y parvenir, l'Europe souhaite privilégier les camions électriques à batterie et hydrogène.

Si cette mesure pourrait ne pas être votée avant un an -le parlement européen étant renouvelé l'année prochaine-, elle comporte quelques zones d'ombre. « Parle-t-on de 90% de baisse des émissions pour les nouveaux véhicules ou de l'ensemble du parc roulant ? On ne sait par ailleurs pas si l'utilisation de biocarburants est prise en compte dans les réductions », commente Nicolas Lenormant, président de Mobilians, spécialiste du poids lourd.

Cet expert souligne la nécessité d'une approche réaliste et d'un plan d'accompagnement pour le secteur. « Techniquement, c'est faisable. On sait faire des véhicules tout électriques, y compris sur des poids lourds. Ils représentent 1,5% des immatriculations des véhicules l'année dernière en France, contre 10% pour les cars et les bus. Il faut toutefois rester réaliste et mesurer le coût de ce dispositif », explique le président de Mobilians.

Un coût à absorber

Le reste à charge sur l'acquisition de véhicules lourds électriques pourrait peser lourd dans les trésoreries des entreprises, et notamment les PME, qui pourraient avoir des difficultés à faire face à de tels investissements. Les camions électriques à batterie coûtent deux fois plus qu'un véhicule à moteur thermique, les camions à hydrogène cinq fois plus. « Les investissements réalisés en amont par les transporteurs vont forcément se répercuter en aval sur le coût du transport. Cela aura un impact sur toute l'économie et sur les consommateurs », prévient Nicolas Lenormand. Les transporteurs pourront toutefois s'appuyer sur plusieurs aides au financement d'implantation de bornes et d'achats de véhicules électriques, proposées dans le cadre du programme Advenir piloté par l'Avere-France et l'Ademe. « Ces aides financières restent limitées, ponctuelles et ne pourront pas s'étendre à la totalité du parc. Il est donc essentiel de prévoir d'autres incitations pour que les transporteurs opèrent le virage vert », ajoute-t-il.

Installer des infrastructures suffisantes

Selon Isabelle Maître, déléguée permanente de la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR) à Bruxelles, ce plan ambitieux représente d'autres incertitudes. « Le déploiement de l'infrastructure de l'hydrogène et des stations de recharge électrique pour les véhicules utilitaires lourds n'en est qu'au stade initial. Le règlement pour l'alimentation des nouvelles infrastructures reste encore en cours de discussion entre le parlement européen et le conseil. Le rapporteur allemand souhaite que les États membres s'engagent dans un reporting régulier concernant l'installation des infrastructures sur les grands axes routiers pour alimenter en hydrogène et recharger en électrique, mais certains pays traînent encore des pieds », constate Isabelle Maître. Compte tenu des objectifs très ambitieux en matière de CO2, il appartient donc désormais au marché et aux États membres de l'UE de garantir des infrastructures suffisantes pour déployer des carburants alternatifs ainsi qu'un réseau énergétique adéquat en Europe.

 
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