Report de la CSRD : Et si le vrai risque, c'était l'inaction ?
Le Parlement européen a donc validé le report des exigences de reporting de durabilité des entreprises. De deux ans pour la CSRD et d'un an pour la CSDDD, relative au devoir de vigilance.

Ce train de mesures a laissé un goût amer. Celui de la dérégulation, davantage que celui de la simplification, qui était nécessaire.
L'objectif était pourtant louable : Protéger les entreprises et en particulier leurs services Achats. En organisant la comparabilité équitable des fournisseurs, la CSRD fournit des leviers d'action et de négociation pour les acheteurs. En posant les règles du devoir de vigilance, la CS3D responsabilise l'ensemble d'une chaîne de d'approvisionnement.
La CSRD est un terrain de jeu parfaitement adapté aux enjeux stratégiques des Achats, rompus à l'exercice normatif et à la gestion des process.
Pourquoi cette réglementation visant à protéger les entreprises a-t-elle alors été si mal comprise ? Qu'a-t-on collectivement manqué
D'abord, un mauvais management du changement ?
La CSRD aurait en effet dû se traiter étape par étape, en rendant cet exercice réglementaire le plus concret possible, en faisant des indicateurs de performances extra-financier un allié pour les Achats dans l'identification et la gestion des risques. Et bien sûr en formant sans relâche les acheteurs sur ces sujets désormais incontournables.
Un autre aspect clé a manqué à l'appel, l'incarnation du risque. Notre capacité à intégrer le manque à gagner (ou le trop à perdre) pour l'entreprise et en particulier pour les Achats. Il aurait sûrement fallu rappeler que, sans CSRD, nous entrons dans le monde des points de bascule, ces seuils à ne pas dépasser faute de grands changements, souvent irréversibles. Sans IRO, pas d'anticipation de rupture de route logistique. Sans CSRD, vulnérabilité face aux tensions énergétiques ou aux pénuries de ressources. Sans CS3D, pas de leviers de mitigation des risques de réputation.
La CSRD est faite pour gagner en agilité, tailler pour rendre les conditions de business acceptables et optimales. Elle n'est pas un fardeau, mais une opportunité. La meilleure pour éviter une interruption de l'activité.
Pour aller plus loin : Renaud Bettin est VP Climate Action chez Sweep. Vous pouvez aussi lire du même auteur:
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