Réemploi & achats responsables : Comment passer (enfin) du discours à l'action ?
Les ambitions de la loi AGEC sont claires. Entre autres, accélérer la transition vers une économie circulaire, réduire le gaspillage des ressources et favoriser le réemploi. Pourtant, malgré de nombreuses annonces et plans d'action, les résultats demeurent insuffisants. En France, le gaspillage alimentaire atteint environ 10 millions de tonnes chaque année, un chiffre qui illustre l'ampleur du défi à relever, que ce soit sur le plastique, le réemploi, le gaspillage ou la gestion globale des ressources.

Pour que ces ambitions se traduisent concrètement, un levier reste essentiel, celui de la capacité des industriels à faire évoluer leurs pratiques d'achat et de gestion des ressources. Or, beaucoup d'entre eux manquent encore d'outils adaptés et d'un accompagnement opérationnel pour répondre aux exigences d'une économie plus circulaire, plus sobre et plus résiliente.
Agroalimentaire : acheter mieux face à un marché sous tension
Dans le secteur agroalimentaire, les achats sont devenus une équation complexe. En quelques années, le coût des matières premières a bondi de +11%[1], tandis que les rendements agricoles ont chuté de 22%[2]. S'y ajoutent les tensions géopolitiques, le dérèglement climatique et l'instabilité croissante des chaînes logistiques.
Dans ce contexte mouvant, la fonction achat doit « bien acheter » - au bon moment, au bon prix, auprès des bons partenaires - pour préserver les marges, sécuriser l'approvisionnement et renforcer la résilience des entreprises. Pourtant, les outils dont disposent les acheteurs restent souvent obsolètes et déconnectés des réalités du terrain. Résultat : une visibilité limitée sur les flux de ressources et une prise en compte insuffisante des critères de durabilité dans les stratégies d'approvisionnement.
Sobriété, circularité, résilience : outiller la transition industrielle
Réussir la transition vers une industrie plus durable exige de repenser profondément la manière dont les ressources sont sourcées, gérées et valorisées. Réemploi, circularité, sobriété... Ces objectifs ne pourront être atteints que si les industriels disposent d'outils adaptés pour agir concrètement sur leurs processus d'achat et de gestion des ressources.
Cela passe par des solutions intégrant en temps réel l'évolution des prix et des disponibilités, mobilisant l'analyse prédictive pour anticiper les fluctuations du marché, et optimisant les décisions d'achat. Ces outils permettent de comparer rapidement les offres fournisseurs, d'ajuster les volumes au bon moment, et de prendre en compte les contraintes logistiques ou saisonnières spécifiques à chaque filière.
Par ailleurs, une meilleure gestion des surplus, via la revente des excédents entre industriels, limite les pertes en amont de la transformation. De telles approches contribuent à réduire le gaspillage, fluidifier les flux de matières et renforcer la continuité des approvisionnements, particulièrement dans un contexte de forte volatilité.
Au-delà de la performance économique, la sobriété des ressources devient un impératif stratégique pour bâtir des chaînes de valeur plus circulaires, agiles et résilientes.
Pour que la loi AGEC soit un véritable moteur de transformation industrielle, il est urgent d'équiper les acteurs avec des outils adaptés aux nouvelles contraintes économiques, environnementales et sociétales. Donner aux industriels les moyens de mieux acheter, c'est leur permettre d'intégrer pleinement les objectifs de sobriété et de circularité dans leurs pratiques quotidiennes. C'est aussi ouvrir la voie à une chaîne de valeur plus durable, plus résiliente et plus en phase avec les enjeux climatiques et sociétaux actuels.
A propos de l'auteur : Tanguy de Cottignies est expert supply chain et cofondateur de Stokelp. Il a également été interviewé dans l'article suivant:
[1] FAO
[2] GIEC
A propos de l'auteur: Tanguy de Cottignies est fondateur et CEO de Stokelp
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